L’APRÈS COVID-19 : BOND EN AVANT OU RECUL POUR L’IA?

L’APRÈS COVID-19 : BOND EN AVANT OU RECUL POUR L’IA?

Quel sera l’impact de la COVID-19 sur l’IA ? Quand les usines se remettront à tourner, auront-elles les moyens d’implanter des solutions axées sur les données pour améliorer leurs processus ? C’est pourtant dans le contexte de la reprise où elles pourraient en avoir le plus besoin. Nous faisons le point avec Olivier Blais de Moov AI, spécialisée dans l’apprentissage machine et l’intelligence artificielle.

Ces dernières années, Olivier Blais, cofondateur de Moov AI et expert en science des données, a accompagné plusieurs entreprises dans leur projet d’implantation de solutions d’intelligence artificielle. La situation actuelle affecte bien évidemment leur avancée.

« On travaille présentement avec nos clients pour déterminer les stratégies à mettre en place et décider de ce qu’on doit mettre sur pause », explique-t-il. 

Sa principale crainte ? Que les entreprises n’aient pas de systèmes de monitorage capables de déceler des problèmes dans l’analyse de données.

« Il se peut que des applications donnent de faux résultats, dit-il. Prenons l’exemple des télécoms qui ont des outils pour prédire les désabonnements. En raison de la crise, plus de consommateurs qu’à l’habitude prennent cette décision. L’application n’a pas été entraînée pour répondre à un changement de comportement aussi imprévisible. Tous les modèles qui analysent les comportements humains sont à risque d’être impactés. »

L’après COVID-19

Selon Olivier Blais, bien malin celui qui saura prédire avec justesse ce que sera l’après-crise pour l’IA et la science des données.

« Je suis fondamentalement quelqu’un de positif, j’aurais tendance à prédire qu’il y aura un bond de la demande. Ce qui pourrait la freiner, c’est le manque de ressources financières si la crise perdure. Il faudra que les dirigeants puissent profiter de leviers sur la capitalisation de l’entreprise. »

« Chose certaine, ce sont les entreprises qui ont automatisé une portion de leur chaîne de production qui s’en tirent le mieux actuellement, ajoute-t-il. Celles qui ont attendu continuent de reculer. »

Ce qui le réjouit, c’est de voir que toute la communauté de chercheurs se mobilise dans la lutte contre la COVID-19.

« Sur l’application Slack, il y a plusieurs canaux de collaboration qui se sont ouverts entre différentes universités. C’est facile en sciences des données de travailler à plusieurs sur une même problématique pour arriver plus rapidement à des résultats. Selon moi, cet esprit de collaboration va perdurer une fois que la crise sera passée. »

À plus long terme, il avoue toutefois une certaine inquiétude quant aux questions éthiques.

« On constate que la Chine s’est assez bien sortie de la crise de la COVID-19. Elle qui aspire à être un leader en intelligence artificielle est aussi moins à cheval sur certains principes relativement aux libertés individuelles et collectives. Il faudra garder l’œil ouvert pour s’assurer que les solutions liées à l’IA sont acceptables d’un point de vue éthique et humain. »