EDITO : LA FORMATION EN LIGNE CONTRE-ATTAQUE

EDITO : LA FORMATION EN LIGNE CONTRE-ATTAQUE

« Profitons d’avril pour augmenter nos profils! », c’est le leitmotiv printanier du Ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité, Jean Boulet.  Voilà sa recommandation à l’ensemble des travailleurs québécois. 

Malgré la crise, le gouvernement Legault ne chôme pas et anticipe la reprise. Son cheval de bataille cette semaine: profiter des mois qui viennent pour former les travailleurs confinés à la maison et donc développer leurs compétences. Il y a un vent d’optimisme dans cette annonce et elle est de taille. Le chiffre ambitieux, 100 millions de dollars qui seront injectés dans la formation. Et confinement oblige, c’est sur l’enseignement en ligne qu’il faudra compter. 

Aucun secteur privilégié. Ce sont toutes les entreprises, grandes ou petites et les organismes communautaires qui pourront recevoir une subvention pouvant atteindre jusqu’à 100 000 $ afin de couvrir à 100 % leurs frais de formation.  Le gouvernement remboursera aussi jusqu’à 100 % des heures totales rémunérées du personnel en formation, jusqu’à hauteur de 25 $ de l’heure par salarié. Les seuls qui ne pourront pas en bénéficier seront les organismes gouvernementaux. 

Se former chez soi en gardant son emploi, en voilà une bonne idée.  Si le « Programme actions concertées pour le maintien en emploi », le PACME, est prometteur, tiendra-t-il toutes ses promesses? Le temps nous le dira car la reprise n’est pas encore pour bientôt.

S’adapter à de nouvelles réalités

Dans tous les cas, il est à souligner que le gouvernement se veut pro-actif, agile et stratégique pour fidéliser sa main-d’oeuvre en surfant sur le boom du numérique et de l’enseignement à distance en période de pandémie.

Mercredi, le Ministre s’expliquait ainsi lors d’une causerie, virtuelle justement, organisée par la CCMM.  « Il faut se servir de la pause actuelle pour développer notre main-d’oeuvre, particulièrement celle qui est stratégique, l’adapter à de nouvelles réalités, redéfinir l’organisation du travail. Profiter de l’occasion aussi pour parler de productivité. Parce que la formation qui vise à accroître la productivité, elle est incontournable. Et si on veut améliorer notre productivité au Québec ça passe par la numérisation, l’informatisation, l’intelligence artificielle, la robotisation. Et c’est donc une belle opportunité pour développer les compétences des salariés. »

Pour le moment, le PACME semble faire l’unanimité. Il a été élaboré en collaboration avec la Commission des partenaires du marché du travail, où siègent le patronat, les syndicats et le milieu de l’éducation, entre autres. D’ailleurs, le Conseil du patronat du Québec, la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante et la Fédération des chambres de commerce du Québec ont tous salué l’annonce. «Favoriser la formation dans le contexte actuel est une mesure remarquable» c’est ce qu’a déclaré, Yves-Thomas Dorval, président et chef de la direction du Conseil du patronat du Québec. Ce geste démontre l’importance de se préparer au redémarrage de notre économie et de nos entreprises», a-t-il en outre souligné par voie de communiqué. 

Un chantier à mettre en place

Rester à la maison tout en se formant, concrètement comment ça va se passer? Prenons l’exemple d’une petite PME qui veut développer ses activités en ligne, et décide pour cela de former ses salariés au commerce électronique. Elle devra s’orienter vers le conseiller aux entreprises de sa région de Services Québec, faire sa demande de projet de formation, il faut encore qu’elle soit admissible, avant que l’argent soit débloqué. “Il n’est pas impossible que l’offre de formation soit bonifiée au fur et à mesure des besoins des entreprises, a rajouté le Ministre lors de sa causerie virtuelle. Pour le moment l’accent est mis sur les enseignements qui visent à améliorer les compétences numériques, la communication organisationnelle, les langues, le télétravail, le marketing, le commerce en ligne et le développement des affaires… Les cégeps, les ordres professionnels et les universités sont mobilisés. Les firmes de formations privées pourront également s’identifier à Services Québec pour pouvoir proposer leurs services. C’est d’ailleurs un très belle opportunité pour tous les acteurs de ce marché en pleine expansion comme nous le disait cette semaine Marie-Ève Hermkens, la fondatrice de la plateforme Boomrank. 

Le succès du PACME va reposer sur la force de collaboration entre le gouvernement et ses partenaires du marché du travail. Et même si le Ministre souhaite que les procédures soient les plus simplifiées et les moins bureaucratiques possible, on peut déjà imaginer un petit délai d’adaptation, dans sa mise en place, et certains travailleurs ne seront pas forcément tous aptes à recevoir chez eux des classes virtuelles. 

Il va falloir s’adapter, et c’est certain que si le PACME suscite l’enthousiasme, il va également susciter quelques questionnements au cours de son déploiement. 

Le programme prendra fin le 30 septembre prochain mais pas totalement, à en croire le Ministre: « Ce qui aura été mis en place et qui sera justifié par la conjoncture, dans six mois, dans un an, dans un an et demi, bien, on va le maintenir. Et s’il y a des ajustements à faire, on va les faire. »

Ce qui est indéniable, c’est que la crise que nous vivons va engendrer des réflexions profondes sur l’organisation du travail.  Une organisation qui fait plus que jamais appel aux nouvelles technologies. Le télétravail va-t-il devenir la norme? L’avenir nous le dira.

En attendant, prenez soin de vous!