Québec se penche sur les applications de traçage

Québec se penche sur les applications de traçage

Jusqu’à vendredi, des experts vont examiner l’opportunité d’adopter ce genre d’outil technologique en commission parlementaire à l’Assemblée nationale à Québec.

C’est une question épineuse qui va être débattue cette fin de semaine à l’Assemblée nationale. La Commission des institutions devra se prononcer sur la possibilité pour le Québec de s’équiper ou pas d’une application permettant de retracer les interactions des individus grâce à la technologie Bluetooth de leur cellulaire.

Trois jours de consultations 

Trois jours de consultations afin de déterminer les risques et les avantages liés à l’utilisation de ces nouveaux dispositifs. Depuis le début de la pandémie, les applications de traçage ont été déployées un peu partout dans le monde pour lutter contre la propagation de la COVID-19 avec plus ou moins de succès. En France par exemple, “StopCovid” a été téléchargée seulement par 2,5 millions de personnes, soit 3% de la population. Autant dire qu’elle n’a pas rencontré le succès espéré.

Au Canada, le 31 juillet dernier, le premier ministre, Justin Trudeau, lançait « Alerte Covid ». L’application développée par Shopify et Blackberry, téléchargeable depuis le Québec, n’est pour l’instant reliée qu’au système de santé Ontarien. Un dispositif jugé efficace que s’il est adopté par une grande majorité de la population.

Le temps de la réflexion

Début juillet, Québec avait décidé de se donner le temps de la réflexion et de mettre en place une consultation publique qui s’est terminée début août.

Le recours à de telles applications soulève en effet de nombreuses questions de la part des citoyens et des spécialistes, concernant notamment les enjeux de protection des renseignements personnels, le respect de la vie privée, mais aussi les enjeux de cybersécurité.

Le premier ministre du Québec, François Legault, a indiqué lors de son point presse mardi, que la population de la province se veut prudente concernant l’opportunité d’adopter une telle solution technologique. « Les Québécois sont partagés sur cette application. Ils craignent un peu que des données personnelles soient utilisées à d’autres fins. Donc, on n’a pas pris de décision. Il y a « Alerte Covid » qui a été développée avec Shopify en Ontario mais au Québec nous avons Mila de Yoshua Bengio qui a aussi travaillé sur une autre application. Mais y a une réticence dans la population. On n’a pas encore pris la décision. Mais ça nous empêche pas, 1) de faire beaucoup de tests, et 2) de faire un suivi auprès des personnes qui ont rencontré dans les dernières semaines les personnes qui sont infectées ” a-t-il également souligné.

Les auditions de ce mercredi devant la Commission des institutions :
  • 11 h 25 : Yves Gingras et Marie-Jean Meurs, respectivement professeurs aux départements d’histoire et d’informatiques de l’UQAM
  • 14 h : Commission de l’éthique en sciences et en technologie (organisme relevant du ministère de l’Économie)
  • 14 h 55 : Ligue des droits et libertés
  • 15 h 50 : Bastien Le Querrrec et Axel Simon, de l’organisme La Quadrature du Net, organisme de défense des libertés fondamentales dans l’environnement numérique
  • 16 h 45 : Professeur Yoshua Bengio, de Mila, l’Institut québécois d’intelligence artificielle, qui a conçu avec ses équipes, COVI, une application de traçage basée sur l’intelligence artificielle et écartée par Ottawa au profit d’ “Alerte Covid”

Les témoignages sont à suivre en direct sur le site de l’Assemblée nationale. Pour le reste de la semaine, les horaires détaillés des auditions ici

L’occasion d’écouter ou de ré-écouter notre émission-débat, C+ CLAIR du mois de juin, consacrée aux applications de traçage et aux conséquences de leur utilisation sur la vie privée, c’est par ici.