Créer la patinoire parfaite grâce à l’IA

Créer la patinoire parfaite grâce à l’IA

Rendre les patinoires plus écoresponsables et plus sécuritaires; voilà l’intention qui se trouve derrière l’entreprise Phaneuf International, une compagnie québécoise qui s’efforce de concevoir une surfaceuse à glace intelligente et autonome et des filets de but téléguidés. On pourrait voir apparaître ces engins dans les arénas du Québec en 2021.

Après plus de 25 ans de métier comme policier dans la municipalité de Sainte-Hyacinthe et à la Sûreté du Québec, Alain Phaneuf a décidé en 2017 de prendre le chemin d’une deuxième carrière et de se lancer en affaires pour créer un robot qui maintiendrait la glace idéale.

Les technologies de l’intelligence artificielle (IA) et de l’automatisation permettant désormais de concrétiser ce rêve, ce dernier est aujourd’hui à la tête d’une équipe d’une douzaine d’employés et de consultants qui a modélisé et fabriqué les premiers éléments d’un prototype.

ÉCONOMISER DES MILLIONS DE LITRES D’EAU

« Deux de mes enfants vivent professionnellement sur les patinoires. Mon fils est arbitre au hockey […] et ma fille est patineuse de vitesse. J’ai donc visité des arénas partout autour du monde et j’ai pu constater comment les frais d’exploitation sont un enjeu qui revient souvent », souligne le fondateur de l’entreprise.

En effet, selon ce dernier les dépenses énergétiques d’un aréna peuvent varier entre 60 000$ et 125 000$ par année, une dépense énorme pour les gestionnaires d’arénas.

Ces coûts sont en partie liés au cycle des systèmes de refroidisseurs pour la patinoire et de chauffage pour les utilisateurs qui s’alternent dans ces édifices. Ce cercle vicieux fait fondre la glace et refroidir les estrades.

De plus, un seul surfaçage peut utiliser jusqu’à 450 litres d’eau potable chaude, indique M. Phaneuf.

Pour répondre à ces problèmes, l’entrepreneur a imaginé la Phaneuf 4.0 une surfaceuse électrique à 100% et entièrement autonome, qui devrait assurer un entretien plus précis et efficace que la traditionnelle « Zamboni » opérée manuellement.

 

Pierre Beaudet et son collègue Alain Phaneuf
Photo : courtoisie

« Essentiellement, ça va fonctionner comme une imprimante 3D en prenant 23 images par seconde de la glace lors de chaque passage et rassemblant des données prises à partir de 260 points de lectures sur l’appareil et dans l’aréna », explique M. Phaneuf.

Toutes ces informations seront analysées en « mégadonnées » dans un serveur afin de régler la quantité d’eau à utiliser et sa température, d’enlever la bonne quantité et de retarder le vieillissement de la glace.

L’appareil gère minutieusement chaque aspect de son travail, 24 heures sur 24, une tâche impossible pour un opérateur humain.

Résultat: une glace plus uniforme et comportant moins de fissures, insiste l’entrepreneur.

On estime qu’avec ce reconditionnement continuel on pourrait créer des économies énergétiques de l’ordre de 20 à 30 % et sauver 1,5 million de litres d’eau chaude par année pour un aréna de taille moyenne.

DES FILETS INTELLIGENTS

L’enjeu de sécurité est aussi primordial pour l’entreprise. Une opération qui peut paraître anodine, le déplacement des filets de but durant l’entretien, est pourtant à la source de 80 % des accidents de travail qui surviennent sur la patinoire, selon M. Phaneuf.

Les buts pesant près de 100 livres et la surface glissante rendent ce simple geste dangereux.

C’est pour cela que Phaneuf international est aussi à l’origine d’un filet de but téléguidé et motorisé, qui pourra être déplacé à distance durant les passages de la surfaceuse. « D’habitude ça demande le travail de deux employés », affirme le concepteur.

Pandémie de COVID-19 oblige, le dévoilement du prototype prévu en 2020 a été repoussé au printemps 2021, explique M. Phaneuf.

Selon un recensement de Statistique Canada effectué en 2014, on dénombre 373 arénas avec une ou plusieurs patinoires au Québec et 2 182 dans l’ensemble du pays.