Un guide québécois pour franciser l’Intelligence artificielle

Un guide québécois pour franciser l’Intelligence artificielle

L’intelligence artificielle (IA) est un domaine scientifique complexe, auquel se rattache une terminologie parfois difficile à décrypter. De plus, comme dans plusieurs autres secteurs innovants, sa nomenclature est souvent de prévalence anglophone. Afin d’éclaircir et de franciser ces termes ésotériques, l’Office québécois de la langue française (OQLF) a créé un guide en ligne sur l’IA.

En 2021, pourquoi ne pas remporter une partie de Scrabble avec des mots comme « perceptron »?

Ajouter des termes tels que « réseau de neurones à propagation avant » à votre registre lexical pourrait vous permettre d’épater la galerie. Cependant, ce n’était pas l’objectif principal de l’OQLF lorsqu’il a élaboré son Vocabulaire de l’intelligence artificielle.

Car en plus d’éduquer la population par rapport à l’IA, l’OQLF a pour mission « de répondre aux besoins exprimés par l’administration publique, le secteur privé et le milieu universitaire ».

En effet, l’expertise québécoise dans ce champ technique est reconnue mondialement. Toutefois, la lingua franca dans ce milieu n’est pas la langue de Molière, mais plutôt celle de Shakespeare.

« L’an dernier, [l’Office] a rendu disponibles neuf vocabulaires dans des domaines aussi variés que la cryptomonnaie, les changements climatiques, le commerce électronique, le traitement de données et l’édition de logiciels, notamment », souligne Chantal Bouchard, porte-parole à l’OQLF.

« Il contribue ainsi à la francisation de différents secteurs d’activité en proposant rapidement des termes français pour les nouvelles réalités qui, bien souvent, apparaissent dans d’autres langues dont, la plupart du temps, en anglais » – Chantal Bouchard

À LA FINE POINTE DE L’INNOVATION

Afin de suivre l’évolution constante de ce domaine de pointe, le vocabulaire mis en ligne en 2018 est enrichi en continu par des spécialistes de la langue grâce à l’ajout de fiches terminologiques.

« Pour répondre à des besoins ponctuels, les nouvelles fiches terminologiques peuvent donc être diffusées dans le Le grand dictionnaire terminologique dans un délai de quelques jours seulement, de manière à mettre à la disposition des travailleuses et des travailleurs une terminologie française de qualité », indique la porte-parole.

En plus de ces experts en linguistique, des spécialistes de l’Institut des algorithmes d’apprentissage de Montréal (Mila), du Département d’informatique de l’Université de Sherbrooke et du Département de génie électrique et de génie informatique de l’Université Laval ont été sollicités pour produire le vocabulaire.

Mais parfois, les concepts à la fine pointe de la technologie sont si récents qu’il n’existe pas d’équivalent en français pour les définir. Dans ce cas l’OQLF doit produire des néologismes afin de combler ce vide lexical.

« L’Office s’assure de proposer des néologismes qui respectent les procédés de formation des mots en français et qui ont également un bon potentiel d’implantation (termes courts, susceptibles d’être compris, attrayants) », insiste Mme Bouchard.

Au fil des années, de nombreux néologismes créés par l’Office ont été adoptés dans la langue courante. « On peut notamment penser aux termes hypertrucage, divulgâcheur, infonuagique, hameçonnage, mot-clic, pourriel ou baladodiffusion, dont certains ont d’ailleurs été intégrés dans les dictionnaires généraux conçus en France », soutient la porte-parole.

QUELQUES TERMES DE L’IA À CONNAÎTRE EN FRANÇAIS

Apprentissage automatique : « Mode d’apprentissage par lequel un agent évalue et améliore ses performances et son efficacité sans que son programme soit modifié, en acquérant de nouvelles connaissances et aptitudes à partir de données et/ou en réorganisant celles qu’il possède déjà. »

Apprentissage profond : « Mode d’apprentissage automatique généralement effectué par un réseau de neurones artificiels composé de plusieurs couches de neurones hiérarchisées selon le degré de complexité des concepts, et qui, en interagissant entre elles, permettent à un agent d’apprendre progressivement et efficacement à partir de mégadonnées. »

Mégadonnées : « Ensemble d’une très grande quantité de données, structurées ou non, se présentant sous différents formats et en provenance de sources multiples, qui sont collectées, stockées, traitées et analysées dans de courts délais, et qui sont impossibles à gérer avec des outils classiques de gestion de bases de données ou de gestion de l’information. »

Réseau de neurones profond : « Réseau de neurones artificiels comportant de nombreuses couches cachées qui lui permettent, en multipliant les possibilités de traitement, d’augmenter ses capacités d’apprendre, d’améliorer son efficacité à effectuer certaines opérations complexes et d’accroître ses moyens de résoudre certains problèmes difficiles. »

Test de Turing : « Test qui consiste à mettre en communication, à l’aveugle, un être humain et un ordinateur afin de vérifier s’ils sont capables d’atteindre les mêmes niveaux de performance. »

Source : Vocabulaire de l’intelligence artificielle OQLF

Crédit Photo: Pexels/Christina Morillo.