EDITO : ÊTRE SUIVI À LA TRACE POUR RALENTIR L’ÉPIDÉMIE?

EDITO : ÊTRE SUIVI À LA TRACE POUR RALENTIR L’ÉPIDÉMIE?

Nous vivons toutes et tous une période difficile. Près du 1/3 de la population mondiale est confinée. Le COVID-19 est un virus extrêmement contagieux qui se propage rapidement. Alors que le Directeur de l’Organisation Mondiale de la Santé (l’OMS), le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus exhorte tous les pays à réaliser un dépistage massif pour contrer la pandémie qui s’accélère, « testez, testez, testez! » a-t-il lancé récemment, son injonction est loin d’être suivie par tous les pays et notamment en Europe. 

Au Québec, actuellement, neuf laboratoires sont en mesure d’analyser les tests de dépistage. Est-ce suffisant? Et puis cela prend du temps. On a appris cette semaine qu’une équipe en chimie biomédicale des Universités Laval et de Montréal travaillait à l’élaboration d’un test plus rapide. Un prototype flanqué d’un système de biocapteurs qui ne devrait pas être disponible avant un an.

En attendant, la distanciation sociale et le confinement sont les réflexes nécessaires et vitaux à adopter. Et le gouvernement du Québec, de ce côté-là, a bien su anticiper.

Toutefois, d’autres pistes pourraient nous venir en aide pour ralentir la propagation du coronavirus.

Des solutions basées sur l’intelligence artificielle et les données de géolocalisation. Des solutions qui pourraient nous informer sur les personnes infectées par la maladie lors de nos déplacements réduits sans porter atteinte à la vie privée des individus.

Un dépistage pair à pair basé sur l’IA

Le MIT a lancé Private Kit: safe Path, une application mobile qui permet de savoir si on a croisé un individu infecté par le coronavirus. Gratuite, elle a été développée en partenariat avec Harvard.

C’est sur ce modèle que les chercheurs de Mila au Québec travaillent. Sasha Luccioni nous en livre l’exclusivité cette semaine. Et Yoshua Bengio va plus loin sur son blog« Imaginez qu’une application mobile évalue la probabilité que vous soyez infecté en fonction de l’endroit où vous êtes allé et des rencontres que vous avez faites. Elle partagerait aussi cette information avec les personnes que vous rencontrez afin que leur application puisse mettre à jour leur propre estimation des risques. » Un outil qui pourrait être d’un grand recours à condition qu’« il ne soit pas utilisé pour nous suivre et nous contrôler » poursuit-il.

En Asie, ce genre d’outil a énormément vu le jour, durant la crise, mais avec son lot de dérapages éthiques. 

La confidentialité des données 

L’atout du Private Kit: Safe Path du MIT et de l’application sur laquelle Mila planche c’est que, justement la confidentialité des utilisateurs serait respectée. L’application repose sur la transmission volontaire de données au sein d’un réseau de dépistage pair à pair anonymisé et crypté. Aucune entité ne détient toutes les données des utilisateurs. Et les infos essentielles sur les personnes rencontrées, notamment le lieu et le moment des rencontres, resteraient dans votre téléphone.

L’OMS envisagerait même d’implémenter l’outil du MIT à l’échelle mondiale. Reste à savoir dans combien de temps il pourrait être mis en place sur la planète et comment il sera encadré. Pour qu’il soit efficace, il faudrait aussi que les populations l’adoptent de manière généralisée. 

En attendant, prenez-soin de vous.