L’IA EST DANS LE PRÉ

L’IA EST DANS LE PRÉ

Robots cueilleurs de fruits, drones pour gérer les sols, robots désherbants, silos automatisés, colliers connectés pour vaches laitières, salles de production autonomes… Le secteur de l’agriculture est en pleine transformation. Les nouvelles technologies et l’intelligence artificielle s’invitent de plus en plus dans le monde agricole. À l’approche de l’été, alors que les arbres bourgeonnent, tour d’horizon de solutions innovantes en sol québécois. 

Quel que soit le secteur d’activités, le digital prend de plus en plus de place à la ferme. Au coeur de tous ces appareils, notamment, l’Internet des Objets connectés (IoT) qui relie l’environnement physique au numérique. 

Agriculture 4.0

Créée il y a moins de deux ans, Agrilog est une plateforme qui a développé un système intelligent pour automatiser la ventilation des silos afin d’optimiser l’entreposage du grain. 

 Le système est doté de différents capteurs pour assurer la qualité du processus d’entreposage. Grâce aux données qu’il collecte, le dispositif analyse l’environnement dans lequel évoluent les grains, veille au bon fonctionnement des installations et ajuste les cycles de ventilation en fonction de la performance de ces dernières. 

« La high-Tech dans l’agriculture, comme tel, ça fait longtemps que ça existe aux États-Unis, mais au Québec ça fait peut-être 3 ans que ça prend vraiment de l’ampleur. Nous, on a vu qu’il y avait un besoin dans l’entreposage des grains, et on a voulu répondre à ce besoin-là en développant notre solution technologique » nous explique Mathieu Phaneuf, le CEO d’Agrilog.

Pour l’instant, une dizaine de fermes sont équipées d’un tel système au Québec, avec la nouvelle saison, il devrait être déployé dans une cinquantaine.

« Ce qui est quand même ironique, c’est, qu’avant, on disait, les fermiers, ils n’auront jamais de téléphones ou de tablettes parce qu’ils ont des gros doigts. Aujourd’hui, des iPhones, ils en ont tous un, et quand ils achètent un produit, la première chose qu’ils demandent, je peux-tu le contrôler avec mon téléphone? Maintenant, le défi c’est de faire des outils intelligents et simples pour l’utilisateur » rajoute Mathieu Phaneuf.

Un des premiers à avoir utilisé ce genre de dispositif, est Dominique Gauthier de la ferme Gauthier et Fils en Montérégie. Éleveurs de poules pondeuses sur plusieurs générations et producteurs de céréales, blé, seigle, soya, maïs, canola… Dominique Gauthier apprécie un tel outil, car ça enlève des tâches plus ingrates à faire et ça crée une régularité selon lui. 

« L’idée, c’est de maintenir la récolte qu’on a eu du mal à avoir. Quand on l’entrepose, si on ne fait pas attention à la ventilation on peut dégrader la qualité du grain et donc c’est une perte de gain. Avec ce système, la surveillance est constante 24h sur 24h, un humain ne pourrait pas l’être autant. Manuellement, parfois, on oubliait d’aller ventiler le silo » souligne-t-il.

En plus des silos automatisés, chez Gauthier et Fils, le poulailler est aussi high-Tech. Avec les nouvelles normes demandées, les agriculteurs ont dû procéder à de nombreuses rénovations. Le poulailler est désormais en deux parties. Des cages aménagées bien plus profondes qu’avant et une volière avec des volailles en liberté. Le tout est géré par un système intelligent.  « Dans le poulailler le système qui gère l’éclairage, la nutrition, le ramassage des oeufs fait appel à la technologie. Il y a une minuterie pour les couchers et les levers de soleil. Il y a différents types de lumières et puis l’automate est capable d’en allumer une avant l’autre pour imiter le lever du soleil…  On a toujours été un peu à l’avant-garde là-dedans. »

 

Miser sur de nouveaux modèles agricoles

“Avant-garde”, c’est aussi ce qui caractérise Ferme d’hiver, un nouveau modèle agricole dans lequel la culture verticale a été combinée aux techniques avancées de l’agriculture 4.0.

Située sur la rive sud de Montréal et soutenue par le gouvernement  du Québec, l’entreprise permet une production maraîchère locale, été comme hiver. 

La fraise d’hiver, justement, leur première production pousse dans des salles interconnectées. « On est vraiment dans des chambres de culture 100% autonomes et indépendantes de la météo » nous précise Stéphane Rainville, le Chef des technologies à Ferme d’hiver.

L’eau, la lumière, l’air et la température sont contrôlés pour tirer le plein potentiel de l’agriculture dans le respect des principes de lutte biologique. L’utilisation des données et de l’intelligence artificielle permet un apprentissage rapide et un contrôle précis sur la culture et son environnement. Beaucoup de capteurs et de senseurs sont installés pour récupérer le maximum de données.

« Notre objectif, c’est aussi de pousser plus loin et de développer un agronome virtuel. Au travers des caméras, le but est de prendre une photo de tous les plans tous les jours et d’avoir un agronome virtuel qui sera capable d’identifier les plans hors normes qu’il faudrait aller inspecter. »

Ferme d’hiver estime qu’elle peut ainsi obtenir une densité de plants par mètre carré jusqu’à 5 fois supérieures à celle d’une production en serre classique, et 15 fois supérieure à celle dans un champ.

Dans le pré, en serre ou en entrepôt, l’avenir semble bien passer par la Tech et l’IA en agriculture.

Crédit Photos : Agrilog, Ferme d’Hiver, Clovis Gauthier & fils