ÉDITO: TÉLÉTRAVAIL… À DURÉE INDÉTERMINÉE?

ÉDITO: TÉLÉTRAVAIL…         À DURÉE INDÉTERMINÉE?

Alors que la planète se déconfine et que les beaux jours d’été arrivent (hallelujah!)… beaucoup d’entre nous, ont repris le chemin du bureau! Pas tout le monde, je vous l’accorde.

Toujours est-il qu’à Cscience IA, on entame notre deuxième semaine complète dans nos bureaux du Mile-Ex, après avoir opté pendant trois mois pour le télétravail et un système de roulement hebdomadaire avant le retour groupé, masqué, toujours à deux mètres de distance les uns des autres. C’était le 1er juin. 

Alors, quels sont les constats à dresser de ces trois mois à travailler depuis chez soi?

Entre avantages et inconvénients 

Incontestablement des avantages. Une plus grande concentration, tout en jonglant entre vie de famille et professionnelle (pas toujours facile!), une meilleure productivité, un gain de temps sur les trajets, moins de crise de nerfs dans le trafic pour celles et ceux qui viennent en voiture, moins de réunionites aigües, et le maintien relatif d’un certain lien social via l’utilisation des outils numériques collaboratifs. En trois mois de travail à domicile, nous avons réussi à vous livrer 130 articles, 2 balados, 2 émissions en direct, mais à distance, dont un marathon radio de 7h et une rencontre du troisième type avec un robot. Autant dire qu’on n’a pas chômé et que, côté productivité, donc, sans vouloir nous jeter des fleurs, la rédaction a largement relevé le défi. 

Aurions-nous été encore plus productifs depuis nos locaux ? Pas forcément.

Selon une étude réalisée pour ADP Canada, mi-mai, environ la moitié des télétravailleurs n’ont observé aucun changement relatif à leur productivité, à la qualité et à leurs heures de travail depuis leur transition vers le travail à distance. De plus, 2/3 de celles et ceux qui travaillent depuis la maison espèrent continuer après la pandémie selon une étude de l’Institut Angus Reid paru le 11 juin.

D’ailleurs de nombreuses entreprises ont choisi de rester encore en télétravail et y voient une alternative à cette crise qui s’éternise. Les géants du net en sont les meilleurs apôtres. Twitter a été le premier, mi-mai à autoriser certains de ses salariés à travailler depuis leur domicile de façon permanente et ce même lorsque les mesures de confinement seront entièrement levées. Google a aussi informé ses salariés que le retour à la normale serait très étalé, avec peu d’obligations de présence jusqu’au début 2021. Chez Facebook, la décision a été prise de n’organiser aucune réunion ni événement de plus de 50 personnes avant juin 2021, l’été prochain donc.

Toutefois, si certains voient déjà se dessiner les contours du nouveau fonctionnement de l’entreprise de demain, le débat sur la nécessité du travail présentiel doit quand même être posé.

Le télétravail a effet ses limites. D’abord, il ne s’applique pas à toutes et tous. Il est ainsi révélateur des inégalités sociales. Selon Statistique Canada, 40 % des Canadiens occupent des emplois pouvant être exercés de chez soi. Les travailleurs en usine, ou sur les chantiers, sont désavantagés par rapport aux employés des industries de services qui peuvent plus facilement télétravailler.  

Le rôle-clé de la machine à café 

Ensuite, quand on travaille depuis sa cuisine, par exemple, on est peut-être plus productif, mais on a tendance à ne plus savoir faire la différence entre boulot et vie privée. Toujours selon le sondage ADP, environ un quart des télétravailleurs indique avoir de la difficulté à prendre des pauses parce que leur charge de travail est très élevée (27 %) et à gérer leur santé mentale (24 %). Alors que c’est bien connu le travail, c’est la santé, et la santé… c’est sacré! 

Puis, le contact humain reste précieux. Qui plus est, la fabrication d’un média sur l’intelligence artificielle, ne se fait pas que derrière un écran et via les outils technologiques. Les écrans, c’est bien pratique, mais on a envie de sentir, de toucher, de vibrer au contact des autres, on a envie que les idées fusent autour de la machine à café. Ah! le bonheur de jaser le matin avec ses collaborateurs, bercés par le bruit du café qui se fait. L’humain a besoin d’être stimulé, d’être en contact pour de vrai avec son équipe, pour développer sa créativité. Le retour à la rédaction et les retrouvailles en chair et en os (toujours à deux mètres de distance, je re-précise) avec les collègues a permis, de retrouver la machine à café, certes, mais aussi cette cohésion sociale, qui s’est révélée timide, voire inexistante, lors des nombreuses visioconférences durant cette longue quarantaine.

Pour conclure, vous l’aurez compris, le télétravail, c’est bien à petite et moyenne dose, le bureau c’est pas mal aussi!