GUIDE DE SURVIE DE LA START-UP EN TEMPS DE PANDÉMIE

GUIDE DE SURVIE DE LA START-UP EN TEMPS DE PANDÉMIE

Les jeunes pousses sont, par définition, des entreprises naissantes qui doivent faire preuve de résilience pour pouvoir grandir. Mais comment évoluer dans un moment d’aussi grande incertitude qu’une crise sanitaire et économique sans précédent ? Martin Lessard, directeur général du MT Lab, décrypte pour nous les solutions mises en place par les start-ups pour faire face à la crise liée à la pandémie de Covid-19. 

S’assoir sur la glace

De nombreux entrepreneurs commencent leur projet en parallèle d’un emploi salarié. Face à cette période d’incertitude, ces nouveaux entrepreneurs ont décidé « d’hiberner ». Ils ont ainsi mis en pause leur entreprise naissante en attendant que la situation s’améliore.  « Les entrepreneurs qui ont un double emploi se sont dit, ok je m’assois sur la glace et on se retrouve dans 6 mois. ça c’est une bonne réponse pour des start-ups en tout début de parcours. » encourage Martin Lessard, directeur général du MT Lab, un incubateur d’innovations en tourisme, culture et divertissement.

Se recentrer sur la recherche et le développement

Les start-ups encore en recherche et développement n’ont généralement pas été impactées par cette crise. Comme les fonds de recherches versés par les mécènes ont déjà été engagés avant l’arrivée de la pandémie et qu’ils courent sur une année ou deux, les entrepreneurs ont donc continué leurs travaux normalement. Ce temps de pause imposé peut même leur être bénéfique. Certains en profitent pour prendre plus de temps pour se concentrer sur la recherche et le développement et donc mieux lancer leur produit : « On a par exemple, le cas d’une entreprise qui profite de la Covid pour se concentrer sur sa recherche. Comme cela retarde son lancement sur le marché, elle a pris le parti de demander à prolonger les financements de R&D d’un 1 ou 2 ans et d’attendre de lancer son produit quand le marché sera vraiment reparti. » raconte Martin Lessard.

Ajuster les voiles et pivoter à 45° ou 180°

« Face aux vents contraires, un bateau a besoin d’ajuster ses voiles pour avancer. Dans le cas des start-ups, il y en a qui ont pivoté à 45° voire à 180° »  analyse le directeur général du MT Lab.

Les entrepreneurs qui pivotent à 45° sont ceux dont les technologies peuvent s’appliquer facilement à des sujets différents. C’est notamment le cas de start-up en apprentissage profond qui ont su adapter leur outil au sujet Covid. Comme par exemple Factually Health, une IA sur la désinformation autour du cancer du sein, qui a lancé une deuxième application sur la désinformation autour du Covid.

Les entrepreneurs qui pivotent à 180° sont ceux qui changent de cap, reviennent à un ancien modèle ou modifient complètement leur plan d’affaire.  « J’en ai vu qui se sont dit: J’ai qu’un petit truc à changer, je vais juste faire un pas de côté. Même si c’est pas ma mission première,  je vais faire ce nouveau produit pour les deux prochaines années, parce que c’est ce qui est payant pour l’instant, puis je continuerai ma mission principale plus tard. » explique Martin Lessard qui accompagne de nombreuses start-ups dans leur développement.

Profiter complètement de la crise

Le parfait exemple de la jeune entreprise gagnante en temps de Covid est Zoom. Son produit répondant parfaitement aux nouveaux besoins apparus durant le confinement. Le nombre d’utilisateurs par jour est passé de 10 millions en décembre 2019 à 200 millions en mars 2020, beaucoup de nouveaux participants pratiquant le télétravail pour la première fois.

Vendre sa compagnie

« En ce moment, il y a des requins de la finance qui en profitent pour racheter des start-ups avec de bonnes idées mais en difficulté financière.  Il compte profiter d’une plus-value quand le marché sera reparti dans 1 ou 2 ans. » explique Martin Lessard.

Pour les entrepreneurs qui n’ont plus les moyens de faire avancer leur projet, c’est une solution pour éponger leur dette et ressortir de la crise la tête haute. « Je connais des start-ups pour qui, après 2 mois difficiles, c’est une bonne occasion de revendre. Même si les prix sont plus bas que d’habitude ou que ce qu’ils auraient pu espérer, ce sont quand même des sommes qui leur permettent de s’en sortir honorablement. » ajoute celui qui aide ces jeunes pousses à sortir de cette crise.

Le vrai secret est la résilience

« La capacité de résilience dépend beaucoup du caractère de l’entrepreneur. J’en connais qui sont tellement en amour avec leur idée qu’il ne veulent pas du tout changer leur projet. C’est dangereux. C’est comme dans la fable du chêne qui ne plie pas mais qui va se déraciner. Pour moi, l’entrepreneur devrait rester agile parce que son but est d’entreprendre quelque chose. En général, il n’est pas en amour avec son produit mais il l’est avec son client. Il cherche avant tout à être en adéquation avec son client. Donc ça va être plus facile pour lui de faire le pivot. » conseille Martin Lessard.

C’est beaucoup plus facile pour une start-up de bouger ses lignes car par définition, c’est une entreprise nouvelle, en cours de perfectionnement, encore à la recherche de son modèle. Ce sont les entreprises qui ont naturellement le plus de chance de sortir de cette crise plus fortes et grandies. Et ce, parce qu’elles n’ont pas l’inertie inhérente à une entreprise mature avec un modèle déjà solidement établi.