Dans les coulisses du centre de géomatique du Québec

Dans les coulisses du centre de géomatique du Québec

Niché dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, le CGQ est un centre collégial de transfert. Affilié au Cégep de Chicoutimi, il est spécialisé depuis plus de 20 ans en géomatique. Nous avons échangé avec Mozhdeh Shahbazi, chercheuse principale, pour en savoir plus. L’occasion de se télétransporter en région, au pays des bleuets.

La mission du Centre de Géomatique du Québec : favoriser le développement et l’innovation de ses clients grâce à des activités de recherche et de transfert en géomatique. Il fait partie des 59 centres membres de Synchronex

La « géomatique », c’est littéralement le traitement automatique de l’information géographique. Le mot vient de “Géo”, qui veut dire Terre, et “matique” qui vient d’informatique.

Peu connue du grand public, cette science permet de collecter, de stocker, d’analyser des données numériques décrivant le territoire, ses ressources ou tout autres objets ou phénomènes ayant une position géographique. Elle englobe la géodésie, l’arpentage, l’hydrographie, la cartographie, la photogrammétrie, la télédétection (souvent appelée observation de la Terre) et le traitement de l’information géographique à l’aide de système d’information géographique (souvent appelé SIG).

De nombreux domaines d’application

Mozhdeh Shahbazi, fait partie des 15 chercheurs qui y travaillent à plein temps. D’origine iranienne, elle a commencé son doctorat sur les drones en géomatique à l’Université de Sherbrooke en 2012. Elle a obtenu son doctorat en télédétection en août 2016 avant de partir enseigner à Calgary en génie géomatique. Elle est embauchée au CGQ en septembre 2019.

« Au CGQ, nous travaillons beaucoup sur la télédétection aéroportée; le développement de systèmes automatisés d’acquisition, de traitement d’images et de modélisation 3D; le suivi en temps réel; le développement de capteurs et la navigation sans GPS; la programmation de solutions géospatiales et la cartographie Web… » 

Cartographie par drone. Source : CGQ

Le CGQ a d’ailleurs été précurseur dans l’utilisation des drones comme plateforme d’acquisition de données d’observation de la Terre, et ce depuis 2007.  

« Avec Agrinova, Optech, l’Université de Sherbrooke, l’INRS et l’Université de Calgary, nous avons par exemple développé des projets d’automatisation d’acquisition et de traitement des données aériennes dans les contextes d’agriculture de précision. Les appareils développés sont souvent composés de caméras multispectrales, de stations inertielles combinées à des récepteurs GPS, et des ordinateurs ultra-compacts. Ces projets permettent d’offrir aux agriculteurs une mosaïque d’images représentant des indices de végétation ou des classifications spécialisées, par ex. détecter les plantes en situation de stress hydrique. » 

Caméras multispectrales. Source : CGQ

Les domaines d’application de la géomatique sont nombreux. L’agriculture de précision, donc, mais aussi, la géologie, la foresterie, les transports, le tourisme, la surveillance des infrastructures, le sauvetage des personnes, l’environnement et le développement durable, la gestion municipale…

Le rôle de l’IA

L’intelligence artificielle intervient pour localiser les objets d’intérêt à partir des images et des modèles 3D en utilisant des techniques avancées d’optimisation et d’apprentissage automatique et en profondeur. L’IA a également un rôle de prédiction. « Par exemple, nous avons développé un outil permettant de prévoir la productivité spatio-temporelle des plants de bleuets sauvages, en partenariat avec l’équipe multidisciplinaire d’AGIR », nous explique Mozhdeh Shahbazi.

La chercheuse principale nous raconte qu’elle a dû s’imposer dans un milieu encore trop masculin. Très peu de femmes font des études en génie ou sont des scientifiques des données. C’est pourquoi elle est devenue ambassadrice régionale de Women in Data Science. Une conférence s’est d’ailleurs tenue le 2 mars à l’Hôtel Chicoutimi. 

« Les femmes pensent que si elles entrent en génie géomatique, elles vont finir comme arpenteurs. C’est souvent difficile comme travail. Donc, le rapport “hommes / femmes” des professionnels n’est pas équilibré dans mon domaine. C’est pourquoi je participe activement à des initiatives comme Women in Data Science pour contrer le problème de la sous-représentation des femmes dans certains domaines de la science et du génie. Le Directeur général du Centre, Jean Martel, m’appuie énormément dans ces initiatives » souligne-t-elle. 

Parmi les clients du CGQ, on compte des organismes et des entreprises publiques et privées. Ces derniers peuvent contacter le centre de transfert pour des projets de recherche appliquée dans le processus de géomatisation de leurs activités. Plus d’information sur le CGQ, ici

Crédit Photo : CGQ