Perceiv AI, la start-up qui veut accélérer les essais cliniques

Perceiv AI, la start-up qui veut accélérer les essais cliniques

Pour être plus efficaces, les essais cliniques ont besoin d’avoir les groupes de patients les plus pertinents. Pour cela Perceiv AI, une start-up québécoise fondée par des étudiants diplômés de l’Université de Montréal et de Mila, a développé une intelligence artificielle qui permet de sélectionner les populations les plus adéquates.

Perceiv AI est une start-up québécoise qui vise à améliorer l’efficacité des traitements médicaux par une meilleure sélection des participants d’essais cliniques. Son objectif: réduire le temps des essais cliniques et les améliorer en choisissant les personnes les plus adéquates pour y participer. Cela permet de réduire le coût d’un essai et donc d’amener plus rapidement un médicament sur le marché. Pour cela, l’entreprise combine des données provenant de l’imagerie médicale, de la génétique des patients et des tests cognitifs pour identifier les populations les plus pertinentes grâce à l’apprentissage automatique et à l’intelligence artificielle.

« Les gens subissent une IRM, des tests cognitifs ou d’autres batteries de tests de ce genre-là. Il va y avoir ensuite des critères d’inclusion et d’exclusion, qui sont en ce moment pas nécessairement les plus adéquats et qui vont faire un travail assez modeste en fait pour sélectionner les bons patients. Nous, on va prendre toutes ces informations-là, puis on va identifier des patrons, dans le cas de l’imagerie des patrons cérébraux, qui fait que ces gens-là ont plusieurs risques de déclin dans un avenir rapproché »  explique Christian Dansereau, l’un des deux fondateurs de Perceiv AI.

Vers la création de traitements mieux ciblés

La technologie de Perceiv AI intervient juste après le recrutement des participants par les équipes médicales. Ces derniers viennent de centres de recrutement, d’hôpitaux ou de cliniques de la mémoire, par exemple. L’IA vient ensuite déterminer si la personne sélectionnée pourrait ou non participer à l’essai clinique, selon si elle porte des caractéristiques déterminées pour cet essai.

Modèle de l’IA de PerceivAI ©PerceivAI

Combattre la maladie d’Alzheimer 

Perceiv AI travaille surtout dans la recherche sur l’Alzheimer car cette technologie peut apporter un vrai plus dans ce type d’essai clinique, selon Christian Dansereau : « Pour donner un exemple plus concret. En Alzheimer les gens devraient décliner cognitivement durant l’essai clinique pour montrer que le médicament est capable de stopper ou de ralentir le déclin cognitif. Dans la majorité des essais cliniques qui ont été faits depuis les dernières années, il y a plus de 30% à 50% de gens recrutés qui ne déclinent pas durant l’essai. Ce qui cause du tort à l’essai clinique. Ce que l’on propose, c’est d’identifier ces gens-là, ceux qui n’ont pas la capacité de démontrer les effets du médicament, puis de les exclure de l’essai clinique avant qu’il débute. » 

La sélection des patients les plus adéquats est un enjeu important dans ce type de recherche, ajoute le fondateur de l’entreprise : « C’est important d’avoir une population plus appropriée. Si tout le monde décline durant l’essai clinique, s’ils ne sont pas traités, on va être plus facilement capable de montrer les effets du médicament. Donc ça augmente le pouvoir statistique de l’essai clinique. On va donc être capable soit de réduire cette durée d’essai clinique, parce que les effets sont plus forts, soit de réduire le nombre de sujets qui sont requis pour pouvoir démontrer ces médicaments. Donc, cela a un impact financier et également en terme de durée sur les essais cliniques ». Grâce à « l’écrémage » et à la « stratification » opérés par les outils d’IA, la start-up peut réduire la durée d’un essai clinique d’une année.

Yoshua Bengio, le fondateur de Mila et professeur en informatique à l’Université de Montréal, soutient d’ailleurs Perceiv AI. Il a été nommé fin juin conseiller scientifique de la start-up« Pour avoir vu de près les ravages de maladies comme l’Alzheimer, je suis très motivé par le développement de techniques d’IA visant à soutenir la création de traitements mieux ciblés, comme cela est fait à Perceiv AI. Je suis ravi de voir la prochaine génération de chercheurs en IA se lancer dans des projets ayant une grande valeur pour la société, tout en contribuant à faire croître l’écosystème de jeunes pousses à Montréal » a-t-il déclaré.

La version officielle de cette solution développée pour la maladie d’Alzheimer sera lancée à l’automne. Perceiv AI planche déjà à l’adaptation de sa technologie sur des problématiques cardio-vasculaires.