Les défis de la Fintech québécoise

Les défis de la Fintech québécoise

Les nouvelles technologies en matière de produits et de services financiers sont en pleins essors au Québec. Ce vaste secteur, communément nommé FinTech, rassemble désormais des centaines de jeunes pousses et entreprises bien établies dans la province, qui devront relever de nouveaux défis dans les prochaines années.

Que ce soit l’intelligence artificielle ou le blockchain, plusieurs innovations redéfinissent le domaine de la finance, de l’assurance et de l’univers banquier en général.

À lire aussi: De nouveaux algorithmes au service de la finance

À lire aussi: Les marchés financiers et l’intelligence artificielle 

À lire aussi: Les banques: au-delà des chatbots

Des applications sur votre téléphone intelligent gérant votre portefeuille d’investissements ou encore un portail pour effectuer tous vos paiements liés aux valeurs mobilières de façon automatique et vous sauver de la paperasse, c’est désormais possible grâce à la FinTech.

Au Québec, on dénombre environ 250 entreprises dans le secteur et près d’un millier au total au Canada.

 À LA CONQUÊTE DES BANQUES ET DES CONSOMMATEURS

 Toutefois, si ces solutions peuvent nous simplifier la vie, faut-il encore qu’elles soient adoptées par les institutions et le grand public, un défi de taille selon Matthieu Cardinal, Vice-président, développement FinTech et affaires corporatives chez Finance Montréal.

« On travaille fort pour convaincre les banques à s’ouvrir à la FinTech. Au Québec, on est encore très conservateurs avec nos finances, les gens font affaire avec leurs caissiers et leurs conseillers en personne. Pour faire bouger les choses, il nous faudra avoir une plus grande demande pour les produits de la FinTech », insiste-t-il.

En effet, selon une analyse de la firme Ernst & Young (Indice d’adoption des FinTech 2017, juillet 2017) reprise par le gouvernement du Canada dans son Portrait sectoriel du Québec 2018-2020 : Finance, assurances, immobilier et location, on estime que le « taux global d’adoption des FinTech au Canada est de 18 % », l’un des plus faibles parmi les 20 pays recensés (dont la moyenne est plutôt de 33 %).

On utilise très peu les FinTech pour les volets Épargne et investissement (12 %), Assurance (10 %), Planification financière (5 %) et Emprunt (3 %), selon ce même rapport.

D’après l’étude menée par Ernst & Young, sans surprise, le taux d’adoption des Fintech est plus élevé chez les 25-34 ans (48 %), suivi des 34-44 ans (41 %), 45-54 (30 %), 55-64 (22 %), 65-74 (15 %).

« Encore plusieurs banques utilisent des « legacy core system », soit des systèmes vieux de plusieurs décennies qui sont au cœur de leurs opérations, qui sont parfois effectuées en partie manuellement sous format papier », explique M. Cardinal.

La transition vers le numérique et ses solutions agiles se fait quelques fois lentement au sein des institutions financières, affirme ce dernier.

Le portrait sectoriel présenté par le gouvernement anticipe toutefois que les FinTechs prendront de plus en plus leur place dans le milieu de la planification, de l’emprunt et de l’investissement. Celles-ci deviendront des partenaires avec les banques qui cherchent à joindre une clientèle qui n’utilise pas les méthodes traditionnelles.

SORTIR DE LA PHASE « START-UP »

 Un autre obstacle à surmonter pour plusieurs des compagnies en FinTech : sortir de l’état de jeune pousse et parvenir à percer le marché. En effet, la vaste majorité d’entre elles ont été fondées il y a moins de cinq ans.

Malgré cela, l’activité dans l’écosystème québécois est assez vigoureuse d’après M. Cardinal.

Effectivement, plusieurs efforts ont récemment été accomplis pour créer un environnement fertile au développement des « start-up ».

« On a créé le Forum FinTech Canada, appuyé la création du fonds d’investissement Luge Capital qui a atteint 85 M$, et une nouvelle Chaire de recherche lancée l’an dernier. L’ouverture (en 2019) de la Station Fintech Montréal, un espace pour rassembler les start-up, ainsi que les missions commerciales à l’étranger; tout cela fait partie de la stratégie de Finance Montréal pour promouvoir les FinTech », souligne M. Cardinal.

QUELQUES FINTECHS QUI SE DÉMARQUENT AU QUÉBEC

 Mako :  Ce portail fondé en 2018 par Raphael Bouskila, un ancien étudiant de McGill, aide les institutions financières à dénicher de nouveaux clients dans le secteur des investissements. Au lieu  d’aller chercher un conseiller financier et de remplir d’innombrables documents, processus qui peut prendre plusieurs semaines, Mako numérise tout le travail avec un système automatisé, sauvant ainsi du temps à ses utilisateurs.

Flinks : Flinks est une compagnie de données qui permet aux entreprises d’offrir à leurs clients des services financiers adaptés à leurs besoins. Cofondé en 2016 par Yves-Gabriel Leboeuf, Julien Cousineau et Frédérick Lavoie, Flinks permet à ses clients de connecter les comptes bancaires de leurs utilisateurs, d’enrichir leurs données, ainsi que de les utiliser afin d’offrir de meilleurs produits.

Croesus : Fondée en 1987, Croesus est une FinTech offrant des solutions de gestion de patrimoine. Comptant plus de 180 employés à Montréal et à Toronto, la compagnie acquiert softTarget en 2019, une entreprise spécialisée dans le rééquilibrage de portefeuilles, et intègre leur logiciel phare iBalance à son offre de solutions.

Otonom solution : Otonom Solution est née de l’initiative de Jean Salvador et Dany Losier en 2008. Cumulant plus de 40 années d’expérience en gestion immobilière et en informatique, ceux-ci ont créé un outil simple et rapide de gestion des comptes recevables et payables en immobilier de façon automatisée.