Le monde agricole se tourne vers l’IA pour la santé des sols

Le monde agricole se tourne vers l’IA pour la santé des sols

En marge du Grand colloque agtech du Québec, des experts en environnement et en agriculture témoignent de leur intérêt quant à l’utilisation de différents outils numériques, incluant l’intelligence artificielle (IA), pour protéger la nature et faire croître les profits des cultivateurs.

L’OBNL Regeneration Canada fait la promotion de la santé des sols auprès des citoyens, agriculteurs, entreprises et gouvernements. Pour ce faire, elle prend part à des présentations, de la mise en réseau et des ateliers pour vulgariser l’information dans ce domaine.

Selon son directeur scientifique, Antonious Petro, les sciences environnementales dans ce secteur ont atteint leur point d’inflexion.

« Nous sommes arrivés à un moment où nous pourrions manquer les informations nécessaires pour propulser le mouvement de protection de l’environnement dans le futur. Il nous faut désormais avoir un portrait plus complet des sols, ce qui s’avère difficile avec les outils traditionnels, tels que l’analyse en laboratoire », indique celui-ci.

L’IA tombe à point

C’est pourquoi l’arrivée de l’IA tombe juste à point dans le combat aux changements climatiques, selon M. Petro. 

En effet, les nouvelles technologies d’apprentissage profond pourraient permettre de modéliser le caractère des sols d’une façon inédite.

« Grâce à l’imagerie satellite et à différents autres types de capteurs au sol, nous pourrions créer une application accessible à tous proposant des informations immédiates sur la qualité d’un champ », explique-t-il.
Composition chimique, teneur en eau, production de CO2, toutes ces données sont à la portée de la main et offrent des solutions alléchantes.

Le directeur scientifique prend en exemple les initiatives Global Centre for Regenerative Agriculture (Centre global pour l’agriculture régénératice) au Canada et IndigoAg aux États-Unis, deux entreprises qui proposent des conseils aux agriculteurs pour améliorer le rendement des récoltes de façons naturelles.

La séquestration du dioxyde de carbone dans les sols en échange de crédits à la bourse de carbone en Californie est aussi une source de revenu additionnelle que de telles compagnies suggèrent aux producteurs agricoles.

Avec l’IA, de telles idées pourraient être grandement accélérées, selon M. Petro.

« Il nous faut désormais avoir un portrait plus complet des sols, ce qui s’avère difficile avec les outils traditionnels, tels que l’analyse en laboratoire» – Antonious Petro

Agriculture de précision

D’après Athyna Cambouris, chercheure scientifique pour Agriculture et Agroalimentaire Canada, le gouvernement possède un grand intérêt quant à l’application de l’IA dans le domaine agricole.

« Tout ce qui peut rendre nos producteurs plus concurrentiels est intéressant. [ … ] L’amélioration des technologies en agriculture de précision fait partie des efforts effectués par le gouvernement canadien depuis 2015 vers son objectif d’autosuffisance alimentaire », insiste-t-elle.

L’agriculture de précision est une stratégie de gestion qui tient compte de la variabilité spatiale des milieux et des conditions entre les parcelles et à l’intérieur de celles-ci.

Le positionnement GPS, les tracteurs autoguidés et les capteurs de rendement font partie d’une gamme d’outils qui, depuis les dernières décennies, ont transformé comment ont fait pousser nos récoltes. Combiné à l’apprentissage profond, les données générées par ces technologies pourraient aider les producteurs à prendre de meilleures décisions quant à l’irrigation des sols, met en exemple Mme Cambouris.

Des centaines de téraoctets venus de l’espace

Certaines des données fournies aux agriculteurs proviennent de l’imagerie satellite, dont une partie émane de l’Agence spatiale canadienne (ASC).

Selon Guy Aubé, chargé de projet à l’ASC entrevoit une emploi de l’IA pour gérer « les centaines de téraoctets qui sont produits chaque jour par nos systèmes d’images radar et capteurs optiques. »

« Toutes ces données posent un défi quant à l’extraction de l’information », insiste l’expert.

En plus de venir en aide aux agriculteurs d’ici, les images captées par les satellites peuvent assurer une meilleure protection de l’environnement, incluant dans le secteur de la pêche ou dans le combat contre les feux de forêt.

Crédit Photo: Pexels/Tom Fisk