L’industrie des bioprocédés se prépare à la révolution IA

L’industrie des bioprocédés se prépare à la révolution IA

Le secteur des bioprocédés industriels est-il sur le point de connaître la révolution de l’intelligence artificielle (IA)? Selon des experts, c’est tout un pan de l’économie québécoise qui est mûr pour l’arrivée de cette technologie.

Le Consortium de recherche et innovations en bioprocédés industriels au Québec (CRIBIQ) est un organisme à but non lucratif (OBNL) qui depuis 2008 finance et promeut les projets innovants de ce milieu.

Depuis mars 2020, l’organisme prend part à deux projets en IA. Le premier, Résil-IA-nce, vise à développer des outils technologiques par le recours à l’IA pour améliorer la résilience des troupeaux laitiers. Le second, DataBIO, cherche à construire une base de données et initier la modélisation pour l’aide à la prise de décision en grandes cultures biologiques.

D’une valeur totale de 1,2 M$, dont 600 000 $ proviennent du CRIBIQ, ces deux projets font partie de la première cohorte d’initiatives en IA propulsées par l’OBNL, et ce ne sera pas la dernière.

« On assiste à une vague de fond qui se transforme en vague de surface. Même si on en est aux balbutiements de l’IA en bioagroalimentaire et dans les industries 4.0, il est certain que la tendance est là pour de bon » – Cristina Marques, Conseillère à l’innovation et au développement des affaires du CRIBIQ.

L’OBNL travaille déjà avec Prompt, un organisme dont l’objectif est d’accroître l’essor des compagnies québécoises en technologies de l’information, dans un effort de réseautage avec l’industrie des bioprocédés.

Mme Marques indique que le CRIBIQ fera une mise à jour d’ici mars pour des projets déposés entre septembre 2020 et janvier 2021 et en cours d’autorisation. Déjà, près d’une demi-douzaine de concepts incluant de l’IA sont en développement, soutient-elle.

« En 2021, l’IA deviendra un sujet prioritaire pour le CRIBIQ et nous élaborerons un plan d’action pour les deux prochaines années afin de continuer à lever des projets en ce sens », insiste Mme Marques.

UN ÉVENTAIL DE POSSIBILITÉS

Si c’est surtout le secteur de l’agriculture qui a jusqu’à présent le plus bénéficié de la transformation numérique provoquée par les algorithmes intelligents selon Mme Marques, d’autres domaines, tels que celui de la transformation alimentaire et de l’industrie de la pêche, pourraient bientôt en tirer parti.

Comme on peut le constater dans les projets déjà pris en charge par le CRIBIQ, toute industrie qui doit faire affaire avec des organismes biologiques s’expose à une gestion extrêmement difficile, la complexité étant la nature même du vivant.

Avec Résil-IA-nce, le Centre d’expertise Lactanet et ses partenaires industriels et académiques espèrent « mettre au point des indicateurs de résilience à la fois au niveau du troupeau et des vaches individuelles, à partir des nombreuses données collectées sur les fermes, afin d’améliorer les pratiques à la ferme et établir un programme de sélection génétique favorisant une plus grande résilience ».

Effectivement, de nombreux facteurs, comme la météo, la qualité des fourrages, les maladies, la santé et le bien-être animal peuvent affecter la qualité du lait. L’IA offre un outil capable de gérer toutes ces données.

Pour ce qui est de DataBio, il s’agit d’une collaboration entre les entreprises Agri-Fusion et Agrisoft, ainsi que l’Institut de recherche et de développement en agroenvironnement (IRDA).

Près de 3 000 hectares sont dédiés à la production végétale biologique chez Agri-Fusion et plusieurs données concernant les opérations culturales sont générées à partir de différentes sources.

L’entreprise souhaite « pleinement » exploiter le potentiel de ces données. « L’automatisation de la collecte de données et le traitement de ces dernières permettront ultimement d’optimiser le suivi des opérations à la ferme, d’aider à la prise de décision et de produire des registres. »

Le secteur des biotechnologies industrielles est important au Québec . Il représente plus de 130 entreprises qui embauchent 3 000 personnes, selon le ministère de l’Économie et de l’Innovation (MEI)

De plus, la province est à l’origine de 30 % de la production canadienne dans ce secteur, soit 300 produits innovants d’une valeur estimée à 1,3 milliard de dollars.

Le MEI évalue à 200 millions le nombre de dollars investis en recherche et développement en bioprocédés, en incluant l’industrie chimique, selon des données datant de 2012.