Stratégie pancanadienne en IA : Ottawa mise sur un budget de 444 M$

Stratégie pancanadienne en IA : Ottawa mise sur un budget de 444 M$

Le dernier budget fédéral propose de stimuler l’écosystème canadien en matière d’intelligence artificielle (IA) avec un financement à la hauteur de 443,8 millions de dollars durant les dix prochaines années.

De cette somme, les centres de recherche et instituts du Québec tireront une importante part, afin de poursuivre dans la lancée des premières subventions annoncées en 2017 dans le cadre de la Stratégie pancanadienne en matière d’IA.

Ainsi, passant de 125 M$ à 444 M$ le budget est trois fois et demie plus important qu’à son origine il y a quatre ans.

Au départ, ce sont surtout les talents, particulièrement dans les milieux académiques, qui ont été attirés par les subventions initiales.

On compte encore une fois privilégier le facteur humain de la recherche en renouvelant et bonifiant cette section du budget.

En effet, un financement de 162,2 M$ sur 10 ans, à compter de 2021-2022, a été mis de côté pour séduire et retenir « la crème du talent universitaire partout au Canada ».

Ces programmes seront offerts par l’Institut canadien de recherches avancées (CIFAR).

DES RÉSULTATS CONCRETS

En effet, injecter de grosses sommes dans le milieu de la recherche a porté ses fruits selon Valérie Pisano, présidente et chef de la direction à l’Institut québécois d’intelligence artificielle (Mila).

« La Stratégie pancanadienne est ainsi renouvelée un an avant son échéance parce qu’on a vu les résultats qu’elle a donnés. On a vu comment la croissance de l’IA a été importante au Québec et comment on a su se créer une position mondiale unique », souligne-t-elle.

Résultat, si on comptait 100 chercheurs au Mila au lendemain à l’annonce du premier budget de la Stratégie en 2017-2018, on en retrouve désormais plus de 600 aujourd’hui. Il s’agit d’un effet concret des mesures financières adoptées par le gouvernement selon Mme Pisano.

Désormais, le Mila est le plus grand centre de recherche académique en IA au monde. Nous n’y serions pas parvenus sans l’argent octroyé en 2017 – Valérie Pisano, présidente et chef de la direction à Mila

Effectivement, les universités spécialisées en IA au Québec, soit l’Université de Montréal et l’Université McGill, ont publié plus de 600 articles sur l’IA en 2019, une augmentation de 40 % par rapport aux deux années précédentes.

C’est ce que révèle le Rapport d’évaluation d’impact de la Stratégie pancanadienne en matière d’IA, publié en octobre 2020 par le CIFAR.

De plus, on y apprend que l’Université de Montréal a acquis un « prestige notable » grâce à ses publications, se classant au 1er rang en IA, au 2e rang en apprentissage par renforcement et au 3e rang en apprentissage profond.

UNE GROSSE PART REVIENT AU QUÉBEC

En 2017, le Québec a obtenu à peu près le tiers du montant accordé à l’IA au Canada, alors que 44 M$ s’étaient retrouvés dans les caisses du Mila.

Cette fois encore, la Belle province s’en tire bien, considérant qu’elle doit faire compétition avec l’Ontario et l’Alberta et la Colombie-Britannique.

Du financement prévu pour fournir une capacité de calcul informatique exclusive aux instituts nationaux d’intelligence artificielle au pays, soit 40 millions de dollars sur cinq ans, à compter de 2022-2023, près du tiers reviendra au Mila, affirme Mme Pisano.

De plus, Ottawa compte désormais aussi sur le transfert des connaissances entre les milieux académiques et entrepreneuriaux, car 185 millions de dollars sur cinq ans, à compter de 2021-2022, soutiendront la commercialisation d’innovations et de recherches en matière d’IA.

Mme Pisano n’a pas été en mesure de révéler quelle portion de ce montant sera injectée dans l’écosystème québécois.

Enfin, un financement de 48 M$ sur cinq ans, à compter de 2021-2022, ira à CIFAR, afin de renouveler et d’améliorer ses programmes de recherche, de formation et de mobilisation des connaissances, tandis que 8,6 M$ feront progresser l’élaboration et l’adoption de normes en matière d’IA au pays.