[ÉDITORIAL] Face aux périls, faire le pari de l’Intelligence collective

[ÉDITORIAL] Face aux périls, faire le pari de l’Intelligence collective

CScience IA faisait sa rentrée éditoriale cette semaine. Une rentrée marquée par l’arrivée de notre nouvelle rédactrice en chef, Nora Azouz, et par une orientation éditoriale résolument tournée vers les illustrations de l’intelligence collective dans l’innovation technologique. À l’heure de défis mondiaux toujours plus complexes, l’intelligence est plus que jamais appelée à la rescousse. 

L’article du philosophe Alain Deneault la semaine dernière dans Le Devoir et intitulé « Un climat hostile » est venu nous rappeler combien les positions qui seront adoptées en réaction aux bouleversements climatiques à venir vont être cruciales pour la paix sociale des prochaines décennies.

Alain Deneault annonce d’emblée la couleur : le mouvement écologiste face aux désastres environnementaux que les scientifiques entrevoient ne peut plus être uniquement incantatoire, mais doit passer à une logique de confrontation.

L’intellectuel québécois rajoute que « le discours des petits pas dans la bonne direction tient de la bêtise quand on connaît la proximité des échéances qui nous séparent de ruptures historiques graves. » En d’autres termes, il conspue la modération et en appelle à la radicalisation des positions. Vous me direz, c’est dans l’air du temps. 

Cependant, cette logique de confrontation risque de s’avérer des plus hasardeuses dans ses effets et conduira immanquablement à des excès. Toutes les radicalisations de la pensée conduisent à des excès.

Sans prêter d’intentions particulières aux propos du philosophe Deneault, elle pourrait aussi conduire à rejeter en bloc toutes les manifestations du progrès technologique, quelque forme qu’il prenne.

Ce serait une capitulation de la raison.  

FAIRE OEUVRE DE CLARTÉ

Nous nous posons clairement dans une logique inverse, chez CScience IA. La raison, selon nous, rime avec la modération. Et face aux défis colossaux qui nous attendent, il faut savoir raison garder. Nous oserions même ajouter, “garder la tête froide”. Dans la complexité grandissante des phénomènes, il nous faut plus que jamais faire oeuvre de clarté et de pondération.

« Nous nous refusons à voir abdiquer la raison face aux menaces cataclysmiques que nous promettent certains. Oui, les dangers de voir la nature et les machines un jour se retourner contre l’Homme sont possibles. Elles sont réelles. Mais les garde-fous existent. » –Philippe Régnoux, Directeur de publication de CScience IA

Avec notre nouvelle rédactrice en Chef, Nora Azouz, nous allons donc développer deux axes forts dans le cadre de notre mission éditoriale : tâcher de comprendre comment les technologies, et en particulier l’IA, peuvent être rendues plus accessibles et plus acceptables pour apporter des solutions efficaces aux problèmes colossaux à venir.

Rendre l’intelligence artificielle plus accessible, c’est promouvoir l’essor de la recherche et la capacité de transformer les fruits de la recherche en solutions concrètes, pratiques et durables. C’est appuyer toute mesure permettant le financement et la commercialisation des procédés développés par nos PME locales.   

Rendre l’intelligence artificielle plus acceptable, c’est garantir que la technologie ne se développera pas aux dépens des droits fondamentaux de nos citoyens. Qu’elle aide à construire le lien social plutôt qu’à le détruire, et qu’elle serve un idéal de progrès dans le respect des valeurs démocratiques et humanistes.  

C’est la raison pour laquelle, à travers notre campagne de rentrée sous le cri de ralliement « Connectons l’Intelligence », nous faisons le pari de l’intelligence collective

L’INTELLIGENCE COLLECTIVE COMME REMPART À L’ENFERMEMENT DE LA PENSÉE

Face à des défis dont l’ampleur risque de dépasser l’entendement humain, c’est une intelligence de la complexité qui est appelée de nos vœux. Une intelligence capable de se mouvoir dans des situations hors-norme. La technologie, et en particulier l’IA, sera une alliée cruciale. Et loin des idées préconçues sur les technologies et en particulier sur l’IA, l’humain sera au cœur du processus. 

C’est à une nouvelle révolution situationniste, en somme, que nous assistons. Pas celle de Guy Debord, loin des excès et de certaines outrances négatives, mais au contraire une démarche qui vise l’accomplissement des promesses contenues dans le développement des technologies pour mieux nous réapproprier le réel.

Nous savons d’emblée les réactions épidermiques que peut susciter une telle foi dans le progrès technique, mais rassurons les sceptiques : elle n’est pas, elle ne sera jamais une foi dans la logique froide des machines ; elle est, bien au contraire, la foi dans la capacité prodigieuse, formidable, vitale de l’expression de la création humaine. Celle de nos chercheurs. Celle de nos entrepreneurs. Celle de nos décideurs publics.

L’INTELLIGENCE COLLECTIVE POUR MIEUX MAÎTRISER LES TECHNOLOGIES

Nous nous refusons à voir abdiquer la raison face aux menaces cataclysmiques que nous promettent certains. Oui, les dangers de voir la nature et les machines un jour se retourner contre l’Homme sont possibles. Elles sont réelles. L’article de notre journaliste Patricia Gautrin sur le potentiel de l’IA fort et de la superintelligence artificielle pose les enjeux du débat. Mais les garde-fous existent. Ils sont ceux que produisent chaque jour la pensée humaine et l’amour du progrès bénéfique à tous.  

Alors, place à celles et ceux qui façonnent l’expression de l’intelligence collective au quotidien. Les colonnes de CScience IA vous sont ouvertes !

Et formons ce serment qui unira nos efforts et nos pensées dans les prochains mois : bâtissons des ponts et « Connectons l’Intelligence ».

En photo de Une, le fondateur et directeur de publication de CScience IA, Philippe Régnoux

Crédits photo : GALA MEDIA_Bénédicte Laflamme, Septembre 2021