Québec veut déployer l’IA dans l’administration publique

Québec veut déployer l’IA dans l’administration publique

Dans le cadre de sa transformation numérique, le gouvernement du Québec a entrepris la Stratégie d’intégration de l’intelligence artificielle (IA) dans l’administration publique. Concrètement : une enveloppe annuelle de 1,5 M$ sera consacrée pendant cinq ans au déploiement d’une politique qui se veut ambitieuse.

« Pour Stratégie IA, les secteurs pour lesquels l’IA pourrait être mise à profit sont l’éducation et l’enseignement supérieur, la santé et les services sociaux, l’environnement ainsi que les transports », affirme le Service des relations médias du Conseil du trésor dans un échange courriel avec CScience IA.

Cependant, aucun secteur spécifique n’a été cerné par Québec pour lequel l’IA devrait être intégrée en priorité à ce jour. « Il faut l’envisager pour tous les secteurs de l’administration publique », souligne-t-on.

« La pandémie mondiale liée à la COVID-19 a mis en relief l’importance pour l’administration publique d’intégrer les technologies innovantes afin de proposer aux citoyens des services plus rapides, accessibles et personnalisés »-Le Conseil du trésor

Parmi les avantages de l’utilisation des algorithmes au cœur de ses opérations, l’État dénombre, entre autres, une accélération du traitement des dossiers et des demandes, un meilleur soutien à la prise de décision des employés, ainsi qu’une amélioration de la qualité des processus et des services en détectant automatiquement les anomalies.

UNE STRATÉGIE INSPIRÉE PAR D’AUTRES NATIONS

La Stratégie d’intégration de l’IA dans l’administration publique s’inspire de plusieurs éléments contenus dans les stratégies d’autres pays, explique-t-on au Conseil du trésor.

En effet, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques, au moins 50 pays ont développé, ou développent actuellement, une stratégie nationale pour l’IA.

Parmi les pays ayant servi d’exemples, on compte notamment la Norvège, la Nouvelle-Zélande, le Royaume-Uni, les États-Unis, la France et le Canada.

Bien que l’intégration de l’IA dans l’administration publique n’en soit qu’à ses prémices, l’agent conversationnel de Québec.ca illustre bien ce que cette technologie est en mesure d’accomplir.

Cet outil permet aux citoyens de trouver de l’information émise par le gouvernement du Québec.

L’État profite aussi de cette technologie qui lui donne une meilleure compréhension des préoccupations des citoyens grâce aux données recueillies.

Enfin, l’agent conversationnel allège la tâche des employés des centres d’appel, comme celui d’Info-Santé 811.

DES EMPLOIS EN JEU

Ce dernier point soulève d’importantes questions quant à la sécurité de l’emploi des quelque 55 000 fonctionnaires que compte le Québec.

Le Conseil du Trésor soutient que l’IA viendra, avant tout, aider le personnel en lui permettant « de consacrer [son] temps et [son] expertise à l’accomplissement de tâches à haute valeur ajoutée, et ce, au bénéfice de la population ».

« L’administration publique n’intègre pas l’IA pour remplacer l’humain : elle l’intègre pour tirer avantage du meilleur de ce que l’humain et la technologie ont à offrir » -Le Conseil du trésor

Par ailleurs, la mise en œuvre de la Stratégie IA devrait se faire dans le respect des conventions collectives et en concertation avec les groupes syndicaux.

S’ils se disent heureux d’entendre les bonnes intentions du gouvernement, lesdits représentants syndicaux affirment que la discussion n’a pas été encore ouverte.

« Aucune démarche n’a été entreprise par le Conseil du trésor de ce côté », regrette, par courriel, le Service des relations médias du Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ).

« Il nous semble problématique que le gouvernement ait publié une stratégie d’une telle importance au beau milieu de l’été, ajoute le syndicat. Est-ce que le gouvernement préfère éviter les questions sur les grandes orientations dans ce domaine ? Nous ne le savons pas, mais nous croyons que le Québec doit tenir un véritable débat public sur le rôle des technologies et des données dans l’administration publique. »

« Nous avons aussi des inquiétudes quant à l’introduction d’outils de surveillance et de contrôle reposant sur l’IA qui pourraient venir déshumaniser le travail du personnel de la fonction publique » -Le Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec

Le syndicat avait déjà proposé, en 2019, la création d’un observatoire sur l’intégration de l’IA dans les services publics, constitué de représentants des employés et des dirigeants spécialistes de ces questions au gouvernement, de même que de chercheurs dans le domaine, et dont la mission serait de conseiller Québec.

Crédit photo : Pexels/Tima Miroshnicher