[ANALYSE] Quel futur pour les cryptomonnaies?

[ANALYSE] Quel futur pour les cryptomonnaies?

Alors qu’en 2013 le Bitcoin ne valait presque rien, il vaut en date d’aujourd’hui plus de 55 000 dollars canadiens. Quel impact peut avoir cette ascension pour notre société et pour notre portefeuille ?

Étant libre, à la fois géographiquement et politiquement, la monnaie numérique ébranle les balises traditionnelles du marché économique et modifie les processus de transactions bancaires. Cette technologie défie le temps, réduit les intermédiaires et prend énormément de valeur.

Voyons dans un premier temps comment cette technologie a vu le jour et demandons-nous quelle place elle va prendre progressivement dans chacune de nos vies.

« L’opacité des transactions demeure l’angle mort des cryptomonnaies. De plus, comment monétiser son avoir ?» – Jean-Michel Clément, Conseiller en placement, Placement Manuvie Inc.

TROIS ÉTAPES DANS LE DÉVELOPPEMENT DE LA CRYPTOMONNAIE
1) 2009 : le Bitcoin

Le Bitcoin a été créé le 3 janvier 2009 par un informaticien mystérieux portant le pseudonyme de Satoshi Nakamoto. Prétendument japonais, il conçoit la première base de données construite à l’aide du blockchain. Cette technologie qui fonctionne par chaînes de blocs a la particularité d’être distribuée et sécurisée au moyen d’une cryptographie (ou d’un chiffrement).

En 2017 au Québec, la firme comptable Raymond Chabot Grant Thornton a lancé sa filiale Catallaxy, un centre d’expertise portant sur la technologie blockchain.

Dès son apparition, le Bitcoin a rapidement gagné en popularité et a été assez largement adopté. Pour la petite histoire, le premier distributeur de bitcoin a été inauguré à Vancouver le 15 octobre 2013. Une première mondiale ! Par la suite, dès septembre 2016, plus de 70 distributeurs sont installés dans le monde.

Aujourd’hui, la ville de Montréal compte plus de 150 distributeurs de monnaie numérique sur son territoire.

2) 2011 : les contrats intelligents

Ethereum est un protocole d’échanges décentralisés permettant la création par les utilisateurs de contrats intelligents.

La deuxième génération est caractérisée par l’amélioration du code source du Bitcoin avec son dérivé l’Ethereum. Cette nouvelle monnaie est notamment utilisée pour effectuer des contrats intelligents (Smart Contracts). C’est ici que l’intelligence artificielle commence à s’infiltrer.

Les contrats fonctionnent par automatisation. Autrement dit, ce sont des programmes emmagasinés sur une chaîne de blocs qui se mettent en fonction lorsque des conditions prédéterminées sont remplies. Ils automatisent le contrat afin que tous les intervenants puissent être immédiatement certains du résultat final de la transaction. Voilà un gain immense en intermédiaire et en temps !

On peut noter également l’apparition des cryptomonnaies Monero et Nxt.

3) 2017 : de nouvelles monnaies numériques dépassent les limites des premiers archétypes

Toutes les cryptomonnaies sont disponibles sur CoinMarketCap

De nouvelles cryptomonnaies sont ensuite développées pour contrer les limites en termes de capacité, de sécurité et de gouvernance des premiers archétypes. On compte parmi elles, EOS.IO, Cardano (ADA), AION, ICON (ICX) et Raiden Network (RDN).

Ces monnaies ne cessent de voir le jour et les offres d’emploi dans ce secteur de la finance sont également incessantes. D’ailleurs, la plateforme CoinMarketCap met en vente plus de 5 000 monnaies numériques.

Le 7 septembre 2021, le Salvador est le premier pays à adopter le Bitcoin comme monnaie légale. Une initiative du très jeune président de la République, Nayib Bukele, s’autoproclamant comme étant le président le plus cool du monde.

PEUT-ON BALISER LA MONNAIE NUMÉRIQUE ?

Le Bitcoin n’est pas un instrument de l’État, sauf pour le cas particulier du Salvador. Sa valeur est dite universelle dans la mesure où elle est déterminée de manière entièrement flottante par le marché.

Cette monnaie ne nécessite aucune superstructure pour effectuer la validation des transactions. C’est à partir de logiciels choisis de manière aléatoire que le processus itératif de validation s’effectue et ce, sur une base constante et en temps réel.

« Bitcoin marque le début de quelque chose d’important : une monnaie sans gouvernement, ce qui est nécessaire et impératif » – Peter Thiel, co-fondateur de PayPal

Cette monnaie est émise lentement de façon régulière et dégressive jusqu’à ce qu’elle atteigne un montant maximal de 21 millions, ce qui est prévu pour 2140.

CRYPTOMONNAIE OU CRYPTO-ACTIF

Le terme de cryptomonnaie ne fait pas l’unanimité. Le Groupe des vingt (G20), regroupant les pays les plus riches, comprenant leurs ministres des finances, leurs dirigeants des banques centrales et les chefs d’État, lui préfère le terme crypto-actif. C’est parce qu’il ne faut pas l’associer au caractère régulateur de la monnaie.

Comme nous l’avons vu, la technologie du Bitcoin permet d’effectuer des transactions sans avoir à faire de vérification auprès d’une autre instance. Cette monnaie n’a pas besoin de recourir à la monnaie légale. Elle ne se réfère qu’au marché global.

Rappelons le cas extrême – ou exemplaire, nous le verrons – du Salvador où le Bitcoin devient résolument la monnaie légale et officielle du pays. Notons que depuis cette annonce, faite le 7 septembre 2021, « le cours du Bitcoin a chuté de plus de 15% », précise Jean-Michel Clément, Conseiller en placement.

Le terme crypto-actif change donc volontairement de référent et renvoie ici aux actifs virtuels. Car, si ces monnaies ne sont accessibles que sur Internet, de la même manière, toutes les unités sont emmagasinées sur le net.

Beaucoup de paradoxes entourent la montée de la cryptomonnaie. Elle engendre la criminalité, perturbe l’ordre économique et financier. Cette monnaie fait la place au blanchiment d’argent, à la collecte illégale des fonds, à la fraude, aux systèmes pyramidaux, et plus encore. Ce sont les raisons principales qui pénalisent certains états comme la Chine, qui vient d’ailleurs de la proclamer illégale.

« Les activités commerciales liées aux monnaies virtuelles sont des activités financières illégales » – Banque Centrale Chinoise

Par ailleurs, les États-Unis, par la cryptomonnaie Tether,  prétendent le retour à une certaine stabilité et un éventuel contrôle de ce marché. Il s’agit d’une cryptomonnaie de type stablecoin ou cryptomonnaie stable. Elle a une volatilité faible par son ancrage à une monnaie conventionnelle comme le dollar américain. Mais comment réagiront les marchés devant le retournement d’une monnaie qui s’était prétendue libre ?

RÉFÉRENCES

Gouvernement du Canada, Guide de la monnaie virtuelle pour les utilisateurs de  cryptomonnaie et les professionnels de l’impôt

Raynal, Adeline; Le premier distributeur automatique de bitcoins débarque au Canada, La Tribune; Octobre 2013.

Montoya, Angelina; Au Salvador, Nayib Bukele, président populaire et populiste; Le Monde; Juillet 2021.

Le Devoir; Économie; La monnaie virtuelle s’ancre dans le réel; Octobre 2013.

Lessage, Nelly; Qui est Satoshi Nakamoto ? Découvrez les théories sur le mystérieux inventeur du bitcoin; Numerama; Juin 2021.