Emploi : les algorithmes recrutent

Emploi : les algorithmes recrutent

Trouver l’employé parfait est tout un défi dans le contexte de la pénurie de main-d’œuvre qui sévit. Une compagnie québécoise propose une gamme d’outils, incluant une application propulsée par l’intelligence artificielle (IA) pour faciliter la tâche aux employeurs et aux employés.

Situé à Montréal, le Groupe V3 Stent a créé une plateforme qui repose sur des algorithmes de traitement automatique des langues améliorant la qualité du recrutement.

L’assistant virtuel Stent trouve le candidat idéal comme on trouve chaussure à son pied, en incluant dans ses paramètres les préférences des recruteurs.

« Tous les éléments qui prennent habituellement énormément de temps à examiner, l’algorithme peut les analyser dans un C.V. Intégré aux outils de l’entreprise, il est capable d’extraire les informations des documents Word ou Outlook, ainsi que sur le réseau social LinkedIn », explique Philippe Racine, cofondateur de V3 Stent.

Ainsi, un employeur peut demander qu’on porte une attention particulière aux études d’un candidat, ou plutôt à son expérience au service à la clientèle, selon les aspects qui lui semblent les plus pertinents.

On peut dès lors trouver la perle rare, en « pondérant ce qui est important », selon M. Racine.

Ce ne sont pas nécessairement les candidats avec le plus de diplômes ou d’expérience en entreprise qui se « retrouveront au sommet de la pile des C.V., mais ceux qui sont adaptés aux exigences du recruteur », affirme le président-directeur général de Stent.

« On élimine la partie du travail des recruteurs qui est longue et laborieuse, afin qu’ils puissent se concentrer sur ce qui est important. Désormais, il faut être capable de “vendre” l’entreprise aux potentiels candidats, de les convaincre de venir travailler pour elle. » -Philippe Racine, cofondateur, V3 Stent

Depuis sa création, il y a trois ans, l’application mobile Stent a récolté près de 5 millions de profils, auprès d’utilisateurs de LinkedIn qui y ont consenti, mais aussi grâce aux personnes qui ont téléchargé directement le programme.

DIFFICILE DE REMPLIR LES POSTES

Les innovations en IA pour aider les départements de ressources humaines en entreprise à trouver de la main-d’œuvre tombent à point nommé, car la tâche s’avère de plus en plus difficile pour les employeurs.

C’est ce que révélaient des données publiées le 18 octobre dernier par la Banque du Canada.

En effet, le marché de l’emploi est favorable aux travailleurs qui n’hésitent plus à quitter leur poste pour trouver de nouvelles opportunités, tandis que les compagnies doivent faire des pieds et des mains pour dénicher des candidats.

Si l’application Stent peut simplifier les efforts des recruteurs en réduisant le temps de recherche, la technologie seule ne résoudra pas le problème, d’après M. Racine.

« Malheureusement, on ne peut pas inventer des ressources, humaines ou autres. Désormais, la réalité est telle, on manque de main-d’œuvre » -Philippe Racine

Toutefois, les applications comme celle développée par son entreprise offrent une certaine flexibilité aux travailleurs, ce qui pourrait en partie aider à stopper l’hémorragie des talents.

Le P.-D. G voit trois sources qui seraient en mesure de fournir de nouveaux employés, soit les pigistes en temps supplémentaire, les travailleurs autonomes engagés comme consultants et les étudiants.

« L’idée est d’aller chercher de l’aide auprès de gens qui ont déjà une occupation, sans les voler à d’autres entreprises », souligne-t-il.

Utiliser une application d’orientation de carrière comme Stent rendrait ce genre de contrats temporaires plus facile à obtenir, puisque les candidats pourraient spécifier facilement leurs disponibilités ou le type de travail recherché.

Quoi qu’il en soit, il faudra ajouter de la flexibilité dans le milieu de l’emploi, car la pénurie de main-d’œuvre pénalise les PME du Québec.

En effet, selon un rapport publié en avril dernier par la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), 67 % des PME québécoises sont confrontées à un manque de personnel.

De plus, 51 % des entrepreneurs sondés par la FCEI affirment qu’ils ont dû travailler plus d’heures pour pallier le manque d’effectifs.

Enfin, 26 % de ceux-ci disent avoir dû refuser des ventes ou des contrats en raison de la pénurie de main-d’œuvre, tandis que 17 % déclarent avoir annulé ou reporté des projets d’affaires.

Crédit photo : Pexels / Elevate