Les techniciens : un rouage « incontournable » en IA

Les techniciens : un rouage « incontournable » en IA

La collecte de données, nécessaire à l’intelligence artificielle (IA), est parfois longue et laborieuse, un webinaire présenté, demain, le 22 octobre, par l’Institut intelligence et données (IID) de l’Université Laval lève le voile sur ce métier peu connu.

Selon Isabelle Cayer, directrice générale du Centre de développement et de recherche en intelligence numérique (CDRIN), entre 80 et 90 % des efforts effectués dans un projet d’IA appliquée se jouent dans la collecte et le tri des données.

« C’est une part essentielle du travail ! Malheureusement, on ne parle pas assez de cet aspect technique ; on pense trop souvent que si on emploie de l’IA, ça va se faire en criant “ciseaux ” », souligne-t-elle.

C’est pourquoi Mme Cayer présentera, ce vendredi, le webinaire intitulé Le rôle des techniciens dans la préparation de données en IA appliquée.

L’objectif est simple : faire sortir de l’ombre ce métier vital et expliquer aux personnes qui s’intéressent à l’utilisation des algorithmes en dehors des laboratoires de recherche en informatique.

Partant du cas d’espèce du projet La mer numérique, dont le but est d’étudier l’écosystème du fleuve Saint-Laurent, la directrice du CDRIN expliquera comment les techniciens en données sont venus prêter main forte aux biologistes marins pour agréger les données nécessaires à leur recherche.

« Que ce soit pour identifier des images de poissons ou pour différencier un sac dans une chaîne de montage, les techniciens ont un rôle important à jouer » -Isabelle Cayer, directrice générale, CDRIN

En effet, ceux-ci interviennent, par exemple, lorsqu’il faut rendre efficace le processus d’organisation et de classifications des données.

« Dans le cas de La mer numérique, certains projets ont produit entre 1 000 et 2 000 fichiers vidéo, desquels il a fallu extraire 30 000 images pour l’entraînement d’un modèle de reconnaissance visuelle. Un technicien va être capable d’écrire un « script » pour automatiser la classification, qui prendrait autrement beaucoup trop de temps à faire manuellement », explique Mme Cayer.

C’est seulement une fois que les données auront été normalisées qu’elles pourront servir à entraîner un modèle d’apprentissage profond. Tant que la data n’est pas rendue « digeste » pour la machine, elle ne sert à rien.

D’ailleurs, il existe une grande différence entre l’IA utilisée dans un contexte de recherche fondamentale et dans un contexte appliqué.

Un modèle qui fonctionne bien en laboratoire peut éprouver des difficultés une fois déployé sur le terrain, dans le cadre d’un projet industriel, par exemple.

Encore une fois, un coup de main de la part de techniciens peut-être une bouée de sauvetage face à de tels pépins, insiste la directrice du CDRIN.

« Ils ont l’expertise pour faire du soutien à l’administration d’un système, mais aussi au développement de logiciel », indique celle-ci.

LES TECHNICIENS EN FORTE DEMANDE

La directrice du CDRIN martèle que l’utilisation de l’IA appliquée ne passe pas nécessairement par l’embauche exclusive de doctorants en recherche fondamentale ou d’experts en recherche et développement.

« Même avec seulement trois ans de formation, les diplômés du programme de Techniques de l’informatique sont indispensables, surtout parce qu’ils ne sont pas spécialisés dans un seul domaine et qu’ils peuvent s’adapter à une multitude de situations. »

« Les techniciens de l’informatique, ce sont de véritables couteaux suisses. Leurs compétences se révèlent utiles dans une gamme de situations différentes » -Isabelle Cayer

Il est difficile de prévoir comment évoluera ce métier au fil des prochaines années, mais à en croire un rapport publié par TechnoCompétences, la demande pour ces professionnels demeure forte.

D’après le Diagnostic Sectoriel 2021-2024 : Portrait de la main-d’œuvre en Technologie de l’Information et de la Communication (TIC) au Québec, « technicien informatique » est un des titres d’emploi les plus recherchés dans le secteur des TIC.

Il s’agit de l’emploi le plus en demande en informatique dans les régions de la Capitale-Nationale, de Chaudière-Appalaches, de l’Estrie, de Lanaudière, des Laurentides, de Laval, de la Montérégie et du Saguenay.

Crédit photo: Pexels/Field Engineer