L’intelligence artificielle doit être au service de la mobilité urbaine

L’intelligence artificielle doit être au service de la mobilité urbaine

L’intelligence artificielle apporte des solutions urbaines intelligentes gages de grands bénéfices dans la mobilité urbaine. Mais les autorités municipales font face à de nombreux défis que sous-tend leur transformation numérique. Parmi eux, la protection des données privées.

Les villes intelligentes ont progressivement bâti leur succès sur leur capacité à produire des données et à acquérir de nouvelles connaissances sur leurs propres dynamiques et leur propre complexité. En utilisant les données et les connaissances qui leur sont liées pour l’aide à la décision, l’IA a propulsé les villes dans le futur.

L’IA EST UN ATOUT MAJEUR POUR UNE MOBILITÉ URBAINE EFFICACE

Un chiffre donne la mesure du phénomène de ville intelligente et de mobilité urbaine. À l’horizon 2025, l’IA devrait gérer 30 % des applications de la ville intelligente, dont celle de la mobilité.

« L’IA urbaine peut être définie comme étant une somme d’objets capables d’acquérir et de donner du sens à de l’information afin d’agir rationnellement en accord avec des objectifs prédéfinis, dans des situations urbaines complexes » – Frederico Cugurullo, professeur d’urbanisme intelligent et durable au sein de Trinity College à Dublin.

Les solutions développées pour la mobilité urbaine ont pour objectifs d’accroître la sécurité, de réduire la congestion de la circulation, d’améliorer la qualité de l’air et de réduire la pollution sonore ainsi que les coûts. Dans un contexte de lutte contre les émissions carbone, ces solutions représentent un atout indéniable dans le secteur des transports. L’IA, en particulier, est un outil émergent puissant de la mobilité durable, spécialement dans en milieu urbain.

Atout maître pour les grandes villes, « l’IA est incontournable, car elle transcende les moyens technologiques », souligne Benjamin Herrera, président du Conseil jeunesse de la Ville de Montréal, arrondissement du Sud-Ouest, qui s’intéresse de très près à l’IA dans la ville intelligente.

« L’IA est tellement importante que les villes se tournent vers elle pour gagner en efficacité pour leurs services ou pour la mobilité urbaine. Le phénomène est planétaire » – Benjamin Herrera

LES INITIATIVES PRIVÉES ET PUBLIQUES POUR UNE MOBILITÉ INTELLIGENTE

Du côté privé, certaines sociétés proposent des voitures électriques en libre service grâce à une application permettant les réservations. Dans ce contexte, nous sommes dans la « mobilité comme service » (Mobility as a Service ou MaaS), excellente alternative à la voiture personnelle. Basée sur l’IA, la MaaS coordonne les flottes de véhicules pour un meilleur partage des trajets entre plusieurs usagers et optimise les trajets en choisissant les meilleurs itinéraires. L’IA peut aussi proposer plusieurs possibilités de mobilité selon les trajets.

Du côté du public, plusieurs initiatives ont été lancées à travers le monde. Dubaï, a lancé un service d’autobus à la demande. L’objectif de la ville est d’atteindre 25 % de trajets autonomes dans la ville d’ici à 2030.

En Asie, une étude du Centre for Transport Excellence Asia-Pacific et du Land Transport Authority de Singapour sur le thème « Artificial Intelligence in Mass Public Transport », mesure les nombreuses applications possibles de l’IA dont la gestion des opérations en temps réel, les systèmes de billetteries intelligents ou encore la maintenance prédictive des véhicules.

Montréal a véritablement lancé son projet d’IA dans le cadre de la ville intelligente au début des années 2000. Pour l’heure, la STM teste des abribus intelligents pour évaluer le taux d’occupation et ainsi améliorer le service des transports en commun.

Aucune grande métropole mondiale ne peut faire l’économie de l’intelligence artificielle. La ville intelligente espère résoudre de nombreux problèmes grâce aux nouvelles technologies. Crédit photo : IIoT World

LES DÉFIS : CADRE RÈGLEMENTAIRE ET PROTECTION DES DONNÉES

Dans le contexte de ville intelligente, le secteur public joue un rôle crucial pour s’assurer que les solutions d’IA sont sécurisées, fiables, neutres et partagées par tous équitablement avec le souci constant de préserver la vie privée des citadins.

En novembre 2020, Montréal a lancé le projet LAPI (Lecture automatisée de plaques d’immatriculation) dans le cadre du stationnement intelligent. Ce système permet, grâce à des capteurs et à un GPS de haute précision, de vérifier la conformité des vignettes de stationnement et de procéder à des relevés d’occupation sur les places tarifées, indique l’Agence de mobilité durable Montréal.

Mais Benjamin Herrera souligne que « la gouvernance des données doit être encadrée et règlementée. La ville doit divulguer les informations concernant l’utilisation de l’IA, se doter de lignes directrices pour la protection des données privées et créer un registre public comprenant toutes les données captées dans l’espace public municipal.». En ce qui concerne le projet LAPI, il est vrai personne n’a accès aux données ni aux algorithmes utilisés.

« Nous avons une confiance aveugle dans l’IA qui est par ailleurs un atout majeur pour la mobilité urbaine de demain », conclut Benjamin Herrera, « mais il est nécessaire de la comprendre avant de la déployer et de mieux l’encadrer juridiquement ».

Crédit photo : Forbes