L’Institut de pharmacologie de l’Université de Sherbrooke (IPS) a annoncé, le 13 décembre, disposer d’un budget de 27M$ pour sa plateforme Acuité Québec visant à mieux prédire l’action des médicaments grâce à des processus basés sur l’intelligence artificielle (IA) et sur l’imagerie moléculaire.
Acuité Québec, une plateforme publique-privée, conçue au profit de l’écosystème québécois des sciences de la vie s’appuiera sur des technologies nouvelles reposant sur l’intelligence artificielle et visant à soutenir le développement des médicaments.
UN PARTENARIAT PUBLIC-PRIVÉ INNOVANT
En quoi cette initiative est-elle innovante ? D’abord, elle regroupe des chercheurs dans de nombreuses expertises – chimie, biologie structurale, pharmacologie, imagerie biomédicale, ingénierie.
Ensuite, elle améliorera le processus de découverte et de développement du médicament au moyen de l’intelligence artificielle.
Enfin, ce projet de plateforme décentralisée a pour vocation de devenir pérenne en attirant d’autres partenaires industriels.
« À ma connaissance, un partenariat public-privé regroupant 14 PME, 3 accélérateurs et 6 centres ou Instituts de recherche, ce n’est pas très courant à l’échelle du Québec », confirme le Pr Philippe Sarret, directeur de l’Institut de Pharmacologie de Sherbrooke, directeur du Centre des Neurosciences de Sherbrooke.
« La vision d’Acuité Québec est de faire que les 12 projets développés au sein de ce regroupement puissent travailler de concert afin d’améliorer les différentes étapes conduisant au développement d’un médicament, de sa conception jusqu’à sa validation pour les effets thérapeutiques recherchés et l’évaluation des effets secondaires potentiels. » – Pr Philippe Sarret, directeur de l’Institut de Pharmacologie de Sherbrooke (IPS)
Le ministère de l’Économie et de l’Innovation a aussi annoncé, le 13 décembre, sa participation au projet de l’IPS à hauteur de 13,85 millions de dollars dans le cadre du deuxième appel de projets du Fonds d’accélération des collaborations en santé (FACS).
Acuité Québec nécessitant un financement de 27 M$ sur trois ans, d’autres organisations publiques et privées ont été mises à contribution : 14 PME du Québec, 1 multinationale, 3 accélérateurs ou incubateurs d’entreprise et 5 institutions et centres de recherche où œuvrent 17chercheuses et chercheurs.
« Cette subvention majeure permettra d’accélérer des travaux de recherche collaboratifs entre des laboratoires universitaires et de nombreuses entreprises du domaine des sciences de la santé. La synergie créée ne peut que conduire à raviver l’industrie pharmaceutique au Québec. » – Jean-Pierre Perreault, vice-recteur à la recherche et aux études supérieures de l’UdeS
Ce projet ambitieux est porté conjointement par l’IPS, l’Institut de recherche en immunologie et cancérologie (IRIC) et Mila, l’Institut québécois d’intelligence artificielle.
« Les expertises complémentaires des groupes de recherches universitaires et industriels en pharmacologie, en chimie médicinale et en intelligence artificielle nous permettront une approche intégrée qui accélèrera la découverte et le développement de médicaments innovants. » – Michel Bouvier, directeur de l’IRIC.
QUI ALIMENTERA ACUITÉ QUÉBEC ?
Selon le Pr Sarret, le consortium Acuité Québec utilisera l’IA à différents niveaux : dans le design et l’optimisation des molécules candidates contre différentes cibles thérapeutiques ; dans l’action des médicaments afin de mieux prédire leur efficacité et innocuité ; dans le traitement et l’analyse des images TEP [la tomographie par émission de positons est un examen d’imagerie médicale par scintigraphie] et IRM utilisées afin de mieux visualiser l’action du médicament dans l’organisme, à la fois préclinique et clinique.
Plus généralement, les travaux scientifiques se déclineront en quatre volets pour :
- développer et optimiser de nouvelles molécules thérapeutiques avec l’appui de l’intelligence artificielle (design moléculaire) ;
- concevoir et produire une nouvelle génération de biosenseurs permettant de détecter l’action des médicaments afin de prédire leur efficacité et leurs effets indésirables ;
- développer de nouveaux outils d’imagerie moléculaire afin de visualiser la distribution, le métabolisme et l’action des médicaments et de leurs cibles ;
- développer de nouveaux algorithmes d’IA afin d’optimiser et de prédire l’action des futurs candidats de médicaments.
Les deux premiers volets seront pris en charge par l’IPS. Les études sur les biosenseurs relèveront de l’Institut de recherche en immunologie et en cancérologie (IRIC). Le volet touchant le développement d’algorithmes relèvera de Mila.
ACUITÉ QUÉBEC : 60 EMPLOIS DIRECTS A LA CLÉ
Par ailleurs, la plateforme devrait contribuer à enrichir le tissu économique local : trois entreprises et 130 emplois dont 60 directs doivent être créés.
« Acuité Québec a des objectifs très précis en matière de création d’emplois. Il y a également une visée importante sur le plan des investissements à venir, qui sont estimés à 64 M$ chez les investisseurs canadiens et à 112 M$ chez les investisseurs étrangers », a précisé Marie-Claude Battista, directrice du bureau de la valorisation et des partenariats à la Faculté de médecine et des sciences de la santé (FMSS) de l’UdeS.
Vidéo de présentation d’Acuité Québec – crédits : UdeS
COMPOSITION DU CONSORTIUM ACUITÉ QUÉBEC
Les membres du consortium Acuité Québec sont :
l’Institut de pharmacologie de Sherbrooke (IPS), la Faculté de médecine et des sciences de la santé (FMSS) de l’Université de Sherbrooke, Université de Montréal, MILA, Institut de recherche en immunologie et en cancérologie de l’Université de Montréal (IRIC), IRICoR, Centre de recherche du CHU de Sainte-Justine, CIUSSS de l’Estrie-CHUS, Centre de recherche du CHUS, Institut national de la recherche scientifique, Sherbrooke Innopole, Abaxial Médical, AdMare Bioinnovations, Cannasher, CMC Microsystems, FIND Therapeutics, Imagia Cybernetics, Imeka, Immune Biosolutions, Inversago, Valence Discovery, IR&T, MIMs, Photon etc., Excellthera, NMX research and solutions.
Crédit photo : Pexel / Mart Production
