Détecter la désinformation scientifique, la mission de l’Agence Science-Presse

Détecter la désinformation scientifique, la mission de l’Agence Science-Presse

La désinformation touche désormais toutes les sphères de notre société et le domaine des sciences n’y échappe pas. C’est pour cette raison que depuis quelques années l’Agence Science-Presse s’attaque aux idées reçues et aux théories du complot qui accablent le monde de l’information scientifique.

Le « Détecteur de rumeurs » est une rubrique lancée en 2016 par l’agence de presse à la suite d’une longue réflexion de la part de son équipe de rédaction. La section a depuis été subventionnée par les Fonds de recherche du Québec et le Bureau de collaboration interuniversitaire.

« On réfléchissait à la montée des fausses nouvelles depuis quelques années à gauche et à droite. On voyait beaucoup de médias aux États-Unis qui créaient des sites de “fact-checking” ou vérification de faits, et la plupart d’entre eux étaient politiques. (…) Puis on s’est dit  que des fausses nouvelles il y en avait aussi en science et en santé et voilà ce qui a conduit à la genèse du Détecteur», raconte Pascal Lapointe, rédacteur en chef à l’Agence Science-Presse.

Que ce soit sur les changements climatiques, la crise de la main-d’œuvre ou évidemment sur les rumeurs liées à la COVID-19, tous les sujets y passent.

Les journalistes qui collaborent avec l’agence « ont l’embarras du choix tellement la désinformation pullule en ligne », insiste M. Lapointe.

DÉSINFORMATION ET CYBERHARCÈLEMENT

La désinformation, mais aussi le cyberharcèlement des experts qui sont censés vulgariser certains sujets dans les médias, sont des phénomènes de plus en plus répandus. C’est ce que les journalistes et les scientifiques présents au 7e forum organisé par les Fonds de recherche du Québec et le Palais des congrès de Montréal ont, du reste, souligné.

« Ça ne me surprend même pas que la polarisation et l’hostilité soient montées jusqu’aux scientifiques. On le voyait venir. Quand on observe l’évolution de ces choses-là, on le voit, les personnes qui se mettent à insulter les personnalités publiques, les politiciens, tôt ou tard, elles vont se mettre à insulter les scientifiques », souligne-t-il.

« C’est une tendance; il y a un groupe de gens qui est incapable de distinguer le fait de l’opinion. Pour eux, un texte, même 100 % factuel, si cela va à l’encontre de leurs opinions, ils ne le prendront pas. Ils vont partir en guerre. » -Pascal Lapointe, rédacteur en chef à l’Agence Science-Presse

LA SCIENCE, CE « PARENT PAUVRE » DES MÉDIAS

Pourtant, ce dernier constate que peu de médias dans le monde s’attardent à démonter les fausses nouvelles qui visent l’univers scientifique. Toutefois, il ne s’étonne pas du peu d’espace accordé dans les pages des journaux et magazines à ce type de contenus.

« La science n’a jamais été populaire dans les médias. Cela a toujours été le parent pauvre. Quand dans les années 1980, la crise des médias a commencé à frapper et que les grands journaux ont commencé à couper dans leurs budgets, la rubrique science à souvent été la première à écoper. »

Pourtant M. Lapointe peut se réjouir des résultats obtenus depuis les cinq dernières années grâce à cette rubrique.

En effet, les textes publiés dans cette section sont parmi les plus populaires de l’agence, auprès des lecteurs, mais aussi des médias qui les publient sur leurs plateformes.

Sans étonner, on voit dans le milieu journalistique un intérêt « décuplé depuis les deux dernières années pour les sujets portant sur la science et la santé », affirme le rédacteur en chef.

« La pandémie a vraiment changé la donne [pour le Détecteur] », soutient M. Lapointe.

Il espère que cet intérêt se traduira par de nouvelles subventions pour soutenir la rubrique et qu’on engagera davantage de journalistes attitrés aux enjeux scientifiques dans les médias.

Crédit Photo : Pexels / Redrecords