COVID-19: le vaccin Medicago rejeté par l’OMS

COVID-19: le vaccin Medicago rejeté par l’OMS

Alors que Santé Canada venait d’approuver en février dernier Covifenz, le vaccin produit sur plantes par la biopharmaceutique québécoise, Medicago, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) confirme le rejet du vaccin, en raison des liens de la pharmaceutique avec l’industrie du tabac.

C’est la firme de relations publiques de Medicago qui en a fait l’annonce ce vendredi, avant même la réception de la lettre de l’OMS officialisant la décision, selon La Presse Canadienne.  

Avec l’accord du Gouvernement du Canada en février dernier portant sur l’approvisionnement d’environ 76 millions de doses, suite à la soumission à la mi-décembre des résultats de sa phase 3 du candidat-vaccin, Medicago se voyait plus que jamais en chemin vers la commercialisation de son produit Covifenz.

Un enthousiasme qui avait été douché le 17 mars dernier par l’organisation mondiale qui, par la bouche de sa directrice générale adjointe pour l’accès aux médicaments, les vaccins et les produits pharmaceutiques, la docteure Mariângela Simão, considèrait que des liens d’actionnariat entre le fabricant de vaccin québécois et le cigarettier Philip Morris Investments, une filiale de Philip Morris International (PMI), contrevenaient aux politiques d’homologation de l’organisation.

« Nous comprenons que cette décision est liée à l’actionnaire minoritaire de Medicago et non au profil d’innocuité et d’efficacité démontré de notre vaccin contre la COVID-19. » – Takashi Nagao, président de Medicago

Medicago va donc devoir attendre le verdict de l’OMS pour débuter la livraison de doses au Canada suite à l’obtention de son avis de conformité par Santé Canada.

UN VACCIN SUR PLANTES…

Rappelons que dans le cas de ce vaccin, à base de protéines recombinantes, les plantes vivantes sont utilisées comme des bioréacteurs pour produire une particule pseudovirale (PPV) non infectieuse qui imite le virus cible.

Ainsi, Medicago utilise la plante Nicotiana benthamiana, principalement en raison de la faiblesse de son système immunitaire.

« La technologie des vaccins à base de protéines recombinantes est connue. Ceux à ARN messager comme le Pfizer et le Moderna ainsi que ceux qui utilisent les vecteurs viraux comme l’Astrazeneca dépendent de la réaction du corps humain qui produit les antigènes qui, eux, stimuleront le système immunitaire. Ce qui implique une part d’incertitude. » – Marc Dionne, chercheur clinicien, spécialiste en Santé publique, Centre de recherche du CHU de Québec

… S’APPUYANT SUR L’IA

« Les équipes de recherche et développement utilisent l’intelligence artificielle (IA) afin d’améliorer nos prédictions de réaction de nos plantes », explique, pour sa part, Camille Vandeerstraeten. Ils sont ainsi en mesure à la fois de déterminer le stress ressenti par les plantes avant que les symptômes visibles apparaissent et aussi de corriger la situation.

À QUI S’ADRESSE CE VACCIN ?

Les cibles du vaccin de Medicago s’avèrent nombreuses, selon Marc Dionne. Celui-ci pourrait convenir à quatre types de population :

  • les personnes qui ne veulent pas de vaccin à ARN messager, donc des primovaccinations ;
  • celles ayant déjà reçu deux doses, le vaccin peut alors être utilisé comme booster. Mais, dans ce cas, précise-t-il « Medicago devra faire une étude pour en démontrer l’efficacité » ;
  • les immunodéprimés ;

Enfin, argumente le chercheur clinicien, « comme le Canada s’est engagé à envoyer des doses vers les pays en voie de développement, il s’agirait également d’une bonne solution. »

QUELS SONT LES AVANTAGES DU VACCIN DE MEDICAGO ?

Marc Dionne voit trois avantages à ce vaccin :

« Nous savons à l’avance quelle quantité administrer au patient. De plus, il est possible d’y ajouter des adjuvants qui permettront d’augmenter la réponse inflammatoire et donc de développer une meilleure réponse immunitaire. Ensuite, la protéine se recombine dans une structure sphérique imitant la forme du virus, ainsi les cellules immunitaires ont probablement plus de facilité à neutraliser le virus. »

POURQUOI LE VACCIN A-T-IL PRIS TANT DE RETARD ?

Comme il s’agit du premier vaccin de Medicago contre le coronavirus, les chercheurs ont dû procéder à un développement préclinique et à une fabrication de qualité clinique pour produire ce candidat-vaccin. Par conséquent, ils n’ont pu passer à l’étape des essais cliniques que dans un deuxième temps.

« En mars 2020, Medicago a produit une particule pseudovirale (PPV) imitant la structure du virus responsable de la maladie COVID-19, seulement 20 jours après avoir obtenu le gène du SRAS-CoV-2 », argumente Camille Vandeerstraeten, directrice des Communications externes.

« Les études précliniques ont débuté immédiatement après la production de notre candidat-vaccin en mars 2020 », relate-t-elle. L’entreprise biopharmaceutique a, ensuite, lancé les essais cliniques en juillet 2020 au Canada, aux États-Unis, au Brésil, en Argentine, au Royaume-Uni et au Mexique. Et, le 16 décembre 2021, elle a soumis les résultats de la Phase 3 de son candidat-vaccin contre la COVID-19 à Santé Canada.

Concrètement, la troisième phase a été opérée auprès d’un échantillon de 25 000 personnes. Elle a permis de vérifier que les personnes étaient protégées contre la maladie.

Cependant, cette troisième phase ne comptait peut-être pas suffisamment de personnes de plus de 65 ans ni de personnes souffrant de comorbidités « pour avoir assez de puissance pour démontrer que le vaccin permet de les protéger suffisamment contre les formes sévères de la maladie », relève Marc Dionne, spécialiste en Santé publique.

De surcroît, ce vaccin a été développé par rapport à la souche originale de la COVID-19 et non pas en fonction des différents variants apparus depuis…

Néanmoins, « il est efficace à 70% contre les variants Delta et Gamma c’est-à-dire autant que le Pfizer et le Moderna, estime Marc Dionne. S’agissant d’Omicron, Medicago n’avait probablement pas encore de données à présenter avec sa demande d’homologation. Comme l’étude de phase 3 se poursuit, les chercheurs devraient en avoir au cours de prochains mois et pourront éventuellement les présenter. »

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Crédits photos : Getty Image


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