[ENTREVUE] Que penser de l’aide aux startups Hypercroissance Québec?

[ENTREVUE] Que penser de l’aide aux startups Hypercroissance Québec?

La nouvelle aide financière, proposée aux scale-ups, est accueillie avec grand enthousiasme par les entrepreneurs d’ici.  Mais à quels besoins répond-elle exactement et comment la sélection se fera-t-elle ?

Pour répondre à ces questions, nous avons interrogé Guillaume Courcy, le directeur du programme Hypercroissance Québec et Ronny Aoun, le fondateur de la Startup québécoise Valital Technologies, qui a remporté le premier prix Canadian RegTech en 2021, pour sa plateforme Valital (meilleure solution en gestion du risque lié à la réputation).

Ronny Aoun, fondateur de la Startup québécoise Valital Technologies. Crédit photo: LinkedIn

Selon M. Aoun, le nouveau programme Hypercroissance Québec est effectivement une belle annonce pour les entrepreneurs et le projet semble se concrétiser très rapidement. Sachons en effet que dès mai 2022, la première cohorte d’Hypercroissance Québec sera formée !

LES SCALE-UPS DE CHOIX

Startup Montréal annonce, en effet, que la première cohorte sera composée de 25 entreprises technologiques d’ici en forte croissance. Puis, d’ici les deux prochaines années, 80 entreprises auront le privilège d’être accompagnées.

Startups, scale-ups ou licornes ?

La première réaction de l’entrepreneur est de questionner une sélection qui serait uniquement fondée sur le chiffre d’affaires, sans tenir compte de la phase de progression dans laquelle se trouve l’entreprise en démarrage.

«L’aide est précieuse durant toutes les étapes du démarrage d’entreprise, l’essentiel est de chiffrer la prochaine phase de croissance. »

Ronny Aoun, fondateur de Valital Technologies

L’entrepreneur se demande à quel moment, la startup n’est plus une entreprise en démarrage et comment savoir si elle a encore besoin de cette aide ?

Nous avons donc interrogé le directeur du programme Hypercroissance pour en savoir davantage sur les critères de sélection pour être éligibles au programme.

Entreprises en phase de croissance accélérée

Guillaume Courcy, directeur du programme Hypercroissance Québec. crédit photo: LinkedIn

M. Sourcy précise que les entreprises ciblées doivent démontrer une croissance de 40% ou + par année. Puis, les entreprises avec des revenus de $2M et + ayant effectuées des levées de fonds (en Série A ou autofinancé à haute valeur) seront privilégiées.

Cependant, Guillaume Courcy précise que d’autres critères s’ajoutent afin de guider leur sélection.

« Nous cherchons surtout des entreprises qui ont démontré une forte adéquation produit/marché, avec un modèle répétable à l’échelle internationale. »

Guillaume Courcy, le directeur du programme Hypercroissance

Bien que les critères vaillent surtout pour les cohortes d’accompagnement en hypercroissance, précise le directeur du programme, « Startup Montréal vise aussi à créer une cohorte d’entreprises qui ne sont pas tout à fait arrivées en hypercroissance, mais qui sont tout près ». Ces entreprises sont surnommées les runner-ups.

LA MISSION DU PROGRAMME – FAVORISER L’EXPORTATION

– La mission principale d’« Hypercroissance Québec » consiste en l’augmentation des exportations dans le secteur des technologies innovantes. Pour ce faire, elle vise à propulser la croissance des startups québécoises spécialisées dans le domaine des technologies innovantes afin qu’elles s’ouvrent au marché mondial.

– L’objectif est le suivant : en seulement 2 ans, les 25 entreprises sélectionnées auront doublé leur taux de croissance et triplé leurs ventes à l’étranger.

– Le pari ultime étant de faire du Québec rien de moins que l’une des meilleures places au monde pour démarrer et faire prospérer son entreprise technologique. L’avenir nous dira si elle parviendra à produire de véritables licornes !

Comment éviter l’exode de nos entreprises ?

Mais en favorisant les ventes à l’étranger grâce, notamment, à l’extension des réseaux d’affaires, comment éviter de voir partir à l’étranger nos scale-ups ?

D’après Guillaume Soucy, les startups qui risquent de quitter le Québec seraient celles, rendues à un certain niveau de croissance, mais qui ne bénéficient pas d’un programme d’hypercroissance comme celui annoncé cette semaine par Sartup Montréal.

Le directeur du programme a bon espoir que les liens d’entraide et le mentorat offerts seront durables et permettront de maintenir les entreprises au Québec.

S’ouvrir au Canada entier avant de s’ouvrir à l’étranger

À ce sujet, l’entrepreneur Ronny Aoun réagit avec une pointe d’humour et affirme qu’il désire en premier lieu ouvrir son marché au Canada entier. Il a volontairement choisi de démarrer son entreprise au Québec car l’écosystème en intelligence artificielle y est foisonnant. 

Notons que l’entreprise est membre chez IVADO. La solution Valital développée par M. Aoun utilise des algorithmes de Traitement automatique du langage naturel (TAL ou NLP) afin de signaler des inconduites liées à des comportements répréhensibles universellement reconnus (discrimination, fraude, harcèlement, violence et abus).

La plateforme offre des solutions de gestion du risque lié à la réputation, afin de favoriser des relations d’affaires basées sur la confiance. Il faut savoir que, l’entrepreneur a également décidé, de produire une plateforme bilingue dès sa conception, pour s’adresser à un plus large public.

Planifier son expansion dès le démarrage

M. Aoun a également planifié, dès son démarrage, une ouverture des marchés, suivant un certain nombre de phases. De plus, bien que l’achat local soit mis de l’avant au Québec, nous rappelle-t-il, « les entreprises québécoises achètent surtout des produits étrangers. »

Selon lui, les opportunités de ventes locales en solutions technologiques pourraient davantage être favorisées au Québec.

La question des talents

Malgré le grand enthousiasme qu’il manifeste face à cette nouvelle aide, l’entrepreneur M. Aoun rappelle un besoin criant vécu par les startups québécoises que l’aide ne saurait combler.

Les entreprises en démarrage, plus que les grosses entreprises, vivent actuellement une pénurie de main-d’œuvre alarmante. De plus, la rémunération des talents devient de plus en plus excessive et difficile à gérer, précise M. Aoun.

Il souhaite que l’ouverture des marchés à l’étranger puisse également permettre l’embauche de talents venant d’autres pays. Car, il devient essentiel pour les startups de créer des ponts vers les bonnes ressources. 

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Pour plus de détails.

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