Un institut d’IA appliquée voit le jour à Concordia

Un institut d’IA appliquée voit le jour à Concordia

L’Université Concordia a officiellement inauguré son Institut d’intelligence artificielle (IA) appliquée dans un objectif de « résoudre les problèmes d’aujourd’hui » et « d’imaginer un avenir meilleur ».

Lors d’une conférence de presse vendredi 18 mars, les cofondateurs de l’Institut et deux professeures collaboratrices ont expliqué leurs ambitions dans le cadre de ce projet.

La priorité sera de développer des partenariats avec des acteurs en dehors du monde universitaire, « en particulier les industries, mais aussi les administrations, les associations, la société en général » pour travailler sur des problèmes qui ne viennent pas nécessairement de l’intérieur de laboratoires, mais au contraire de la société, a expliqué Tristan Glatard, professeur au Département d’informatique et de génie logiciel de l’École de génie et d’informatique Gina-Cody et codirecteur de l’Institut d’IA appliquée.

« [L’IA appliquée], d’un point de vue d’ingénierie, ça pose un certain nombre de problèmes, parce que les problèmes ne sont jamais aussi bien formulés, aussi nettement identifiés que peuvent l’être des problèmes académiques » –Tristan Glatard, professeur d’informatique, codirecteur de l’Institut d’IA appliquée

LES DÉFIS DU RÉEL

Un des principaux défis à résoudre lorsqu’on veut appliquer l’IA au monde réel vient des données qui, lorsqu’elles sont extraites de phénomènes concrets, sont considérées comme « sales » dans le jargon de la recherche. « Il y a du bruit dans les données, elles ne sont pas toujours fiables, ça prend du temps pour les traiter, etc. » a insisté le professeur Glatard.

De son côté, le professeur de communication Fenwick McKelvey, lui aussi codirecteur de l’Institut, a dit avoir hâte de voir la collaboration entre les divers domaines de recherche.

« Il ne s’agit pas seulement d’utiliser les forces de notre milieu universitaire pour pousser plus loin la recherche, mais aussi de bâtir un environnement dans lequel une IA éthique et de confiance sera véritablement possible » – Fenwick McKelvey, codirecteur de l’Institut d’IA appliquée de Concordia

Sa collègue, Tanja Tajmel, détentrice de la Chaire de recherche de l’Université Concordia en équité, diversité et inclusion dans le milieu des sciences, abonde dans le même sens et croit que l’Institut offre une occasion de se poser des questions fondamentales sur la place de l’IA dans notre société.

« L’intelligence artificielle peut aider à résoudre des enjeux globaux, tels que les changements climatiques, mais il faut aussi se rappeler qu’elle-même entraîne des questions sur son empreinte carbone. Il faut tenir compte des impacts des systèmes [d’intelligence artificielle]. Est-ce toujours nécessaire d’avoir recours aux plus gros systèmes [d’intelligence artificielle] pour résoudre nos problèmes, ou est-ce que de plus petits systèmes sont suffisants? Ce sont des questions que nous devons nous poser », a-t-elle affirmé.

Présent lors de l’événement, le ministre de la Cybersécurité et du Numérique, Éric Caire, n’a pas caché sa joie vis-à-vis de la création de l’Institut, qualifiant de « musique à ses oreilles » le concept d’un département universitaire consacré à l’application concrète des technologies de l’IA.

Questionné sur la performance du milieu de l’IA québécoise en matière de transfert des connaissances entre les mondes universitaire et commercial, celui-ci a indiqué que la conversation s’engageait « de plus en plus ».

« Les instituts comme Mila et IVADO n’ont plus peur de commercialiser l’éducation et la recherche. Je crois qu’on est de moins en moins dans cette dynamique-là, parce que les milieux de recherche cherchent les débouchés appliqués. On veut que ça se traduise par quelque chose de concret dans la société.» – Eric Caire, Ministre de la Cybersécurité et du Numérique

Le projet de l’Institut d’IA appliquée a été élaboré en 2021 et compte aujourd’hui 95 professeurs et 200 étudiantes et étudiants des cycles supérieurs.

Crédit photo: Concordia University/Lisa Graves