[EDITORIAL] Quel est le secret de Québec en intelligence artificielle appliquée?

Alors que l’Université Concordia lançait la semaine dernière en grande pompe son Institut d’intelligence appliquée, et en dépit de la force d’attraction manifeste de la métropole montréalaise pour son écosystème de recherche, la région de Québec se distingue depuis plusieurs années par une effervescence sans doute plus discrète que sa voisine, mais non moins active et riche en résultats.

Un nouvel institut d’intelligence appliquée a vu le jour vendredi dernier à l’université Concordia de Montréal. Un événement salué à juste titre et en grande pompe par le milieu de l’innovation au Québec. 

Comme le rappelait notre journaliste Emmanuel Delacour en début de semaine, le ministre de la Cybersécurité et du Numérique, Éric Caire, présent à l’événement, considère comme de la « musique à ses oreilles » le concept d’un département universitaire consacré à l’application concrète des technologies de l’IA.

A deux-cent cinquante kilomètres de là, cette petite musique les acteurs de l’écosystème IA de la région de Québec la jouent depuis un certain nombre d’années déjà. Sans dévoiler tous les secrets de leur partition (on aime bien les secrets bien gardés à Québec), ils livrent quelques-uns de leurs ingrédients lors de chaque grand-messe des Rendez-vous IA Québec. Le prochain se tiendra du 4 au 6 avril. 

UNE IA APPLIQUÉE QUI MISE SUR LA RECHERCHE COLLABORATIVE

L’intelligence artificielle appliquée, c’est un terrain que la grande région de Québec occupe depuis maintenant plusieurs années avec plus d’une centaine de chercheurs mobilisés et plus d’une centaine d’entreprises qui intègrent les technologies d’IA dans leurs produits et services.

Et ce qui semble créer une dynamique propre à la fluidité qu’on constate entre le milieu de la recherche et celui des entreprises, c’est la dynamique transdisciplinaire de l’écosystème IA à Québec ; dynamique amplifiée par une culture de collaboration et d’échanges bien ancrée tant dans le milieu académique que dans le milieu universitaire. Voilà un des ingrédients majeurs de la réussite. 

« C’est aussi sans doute l’esprit d’innovation qui habite les entrepreneurs de la région qui explique cette vigueur. Et qui en fait le sel. » – Philippe Régnoux, Directeur de publication CScience IA

Ingrédient rehaussé par les multiples expertises industrielles de la région et la capacité prouvée depuis plusieurs années de capter et d’analyser les données du monde physique pour des applications dans des environnements et des disciplines variées. Le tout appuyé par une recherche fondamentale poussée. Même à Montréal, certains en rêvent…

Et pour cause, là où Montréal abrite une myriade d’organismes de recherche divers et assez dispersés en intelligence artificielle, Québec privilégie depuis plusieurs années une approche plus centralisatrice : de la collaboration, certes, mais régie par un ou deux organismes majeurs. En l’occurrence, l’Université Laval, pour la recherche, et Québec International, pour la mise en application et la promotion de la recherche.

DES SECTEURS EN POINTE

C’est aussi sans doute l’esprit d’innovation qui habite les entrepreneurs de la région qui explique cette vigueur. Et qui en fait le sel. Des entrepreneurs qui trouvent des manières habiles d’appliquer les découvertes dans un grand nombre de domaines d’activités. 

L’Université Laval a mis sur pied plusieurs unités de recherche de pointe dans les dernières années, comme le Centre de recherche en données massives (CRDM) puis, plus récemment, l’Institut intelligence et données (IID), qui ont permis de former des étudiants et des professionnels de l’IA capables d’accompagner les organisations dans l’implantation des technologies et leur transformation numérique.

« Ce qui semble créer une dynamique propre à la fluidité qu’on constate entre le milieu de la recherche et celui des entreprises, c’est la dynamique transdisciplinaire de l’écosystème IA à Québec » – Philippe Régnoux, Directeur de publication CScience IA

Cette dynamique a permis de faire émerger des projets-phares dans certains domaines : celui de la santé, du manufacturier, des infrastructures ou bien encore des assurances. 

Grâce à cette méthode d’action, des entreprises tirent leur épingle du jeu dans ces domaines de prédilection : BioTwin, dans la santé préventive, APN Global, dans la fabrication de pièces complexes en aéronautique, Bentley Systems, en solutions logicielles pour l’exploitation d’infrastructures, ou bien encore Intact Assurances, avec son Data Lab. Pour ne citer que celles-là.  

UNE ÉMISSION SPÉCIALE 

Pour tâcher de mieux comprendre la singularité positive de cet écosystème, la rédaction de CScience IA, en collaboration avec Forum IA Québec, le Conseil de l’Innovation du Québec, les Fonds de recherche du Québec, l’Institut intelligence et données (IID) de l’Université Laval et Québec International, propose une émission C+Clair spéciale enregistrée le 28 mars prochain depuis l’incubateur-accélérateur d’entreprises technologiques Le Camp, à Québec, et disponible à la diffusion dès le 30 mars.

L’événement en public, que j’aurai le plaisir d’animer avec Marie-Paule Jeansonne, PDG de Forum IA Québec, mettra en lumière des duos de chercheurs-entrepreneurs qui viendront illustrer l’effervescence de l’IA appliquée dans la grande région de la capitale nationale. Pour l’occasion, le Scientifique en chef du Québec, Rémi Quirion, présent sur le plateau de l’émission, fera office d’observateur-témoin et portera un avis sur les duos présentés.  

La discussion diffusée en exclusivité sur CScience IA pourra compter sur la présence d’un auditoire composé d’une quarantaine de personnalités issues du milieu du numérique et de l’intelligence artificielle (IA) de la grande région de Québec.

De quoi percer un peu plus les secrets de l’intelligence artificielle appliquée made in Québec. 

Philippe Régnoux
Directeur de publication, CScience IA
p.regnoux@galamedia.ca

Crédits photo image en Une : Régis-Hari Bouchard / Unsplash