[Émission C+Clair] Comment l’IA peut-elle devenir la meilleure alliée du patient en 2022 ?

[Émission C+Clair] Comment l’IA peut-elle devenir la meilleure alliée du patient en 2022 ?

« Comment l’intelligence artificielle peut-elle devenir la meilleure alliée du patient ? » C’est la question que la rédaction de CScience IA a posée à plusieurs invités experts en recherche et innovation en intelligence artificielle (IA) et en santé réunis pour une émission spéciale C+clair dévoilée ce jeudi.

L’émission animée par Marie-Paule Jeansonne, Présidente de Forum IA Québec, et Philippe Régnoux, Directeur des Publications de CScience IA, a été réalisée en collaboration avec Microsoft et recevait Kathy Malas, adjointe au PDG, pôle d’innovation et d’IA au CHUM et David Beauchemin, directeur données et intelligence artificielle chez Microsoft, ainsi que plusieurs personnalités en recherche et innovation en intelligence artificielle (IA) et en santé œuvrant notamment chez CAE Healthcare, My Intelligent Machines, Aifred Health, Lumed et Gray Oncology Solutions.

Thème 1 – IA et AMÉLIORATION DU SYSTÈME DE SANTÉ

David Beauchemin, directeur données et intelligence artificielle, Microsoft Azure

Des chiffres chocs pour commencer partagés par Oriane Morriet de Humaniteq : « les dépenses du gouvernement du Québec en santé ont doublé depuis les 30 dernières années, or la population n’a augmenté que d’un quart durant cette période ! » Comment expliquer ce déséquilibre ?

David Beauchemin, rappelle que le Québec, comme d’autres régions du monde, a dû faire preuve de créativité et de résilience pour subvenir aux besoins de la population durant la pandémie, et qu’on a pu observer à quel point la technologie a évolué rapidement. « Chaque étape de la pandémie nous a appris quelque chose », soutient-il. De son côté, Kathy Malas, adjointe au président-DG, pôle d’innovation et d’IA au CHUM, explique le phénomène de «chronicisation» de la maladie qui est observée aujourd’hui.

Les gens ont de plus en plus de maladies qui évoluent lentement et qui résistent aux traitements. On soigne davantage les patients !

« La santé est un droit fondamental humain et on ne doit pas baisser les bras. »

– Kathy Malas

Kathy Malas, adjointe au président-DG, pôle d’Innovation et d’IA, CHUM

D’après elle, les entrepreneurs doivent démontrer le retour sur investissement de leurs innovations. « Il faut aller plus loin, et faire un pas de plus en matière de qualité de vie », affirme-t-elle. « Ça n’est pas de la dépense ! C’est de l’investissement ! »

Vincent Nault, PDG de Lumed est venu présenter sa solution APSS +, un Logiciel d’« antibio-gouvernance » qui permet en fin de compte la réduction de l’usage des antibiotiques. C’est un logiciel de gestion des infections et des processus pour les organisations.

Le logiciel aide aussi à l’identification des patients exposés aux virus, afin d’éviter au mieux la propagation. D’après ses observations sur la consommation d’antibiotiques, il peut affirmer ceci « les antibiotiques… plus on en consomme et plus on fait émerger des bactéries multirésistantes. »

Vincent Nault, PDG/CEO, Lumed

Pour Vincent Nault, nous faisons tous face à une abondance d’informations. « Alors, on sélectionne et on ordonne les données, pour générer de plus grands impacts. La conversion des données nous permet ainsi d’agir avec efficacité. »

David Beauchemin explique comment la démocratisation de l’infonuagique permet de propulser les solutions. « L’IA, c’est comme un glaçage sur le gâteau, nous dit-il. On met nos données dans l’infonuagique et ensuite l’IA permet de trouver des tendances. » Kathy Malas rappelle alors l’importance de mettre en place de bonnes pratiques.

Thème 2 – IA et FORMATION DU PERSONNEL MÉDICAL

Un chiffre encourageant cette fois-ci, pour lancer le débat : « 66 % des cadres, du secteur de la santé, souhaitent voir leur organisation investir dans les jumeaux numériques intelligents, dans les 3 prochaines années. »

Erick Fortin, directeur ingénierie, innovation et PMO, CAE Healthcare

Sachons que les jumeaux numériques intègrent de l’intelligence artificielle, de l’apprentissage automatique et de l’analyse des données pour créer des modèles de simulation numérique qui se mettent à jour et changent à mesure que leurs doubles physiques changent.

Érik Fortin, directeur ingénierie, innovation et PMO, CAE Healthcare, est venu nous expliquer comment les modèles de simulation sont possibles en santé. Grâce à la simulation de la physiologie du corps humain, son équipe a créé un robot simulateur. Ce robot a permis, entre autres, de former des personnes à distance. « Nous présentons de vrais cas cliniques !», souligne-t-il.

Microsoft a travaillé sur ce projet et David Beauchemin ajoute qu’avec l’infonuagique, ces services en ligne sont très accessibles. Pour Kathy Malas, la simulation est bénéfique sur le terrain, car elle sécurise les intervenants. « C’est essentiel d’offrir ces zones sécuritaires d’apprentissage, car le personnel médical devient compétent, plus rapidement. » Mais, elle insiste également sur le fait qu’« on doit former les intervenants aux données, avant de les former à l’IA. Ça commence avec la donnée ! »

Thème 3 – IA et AMÉLIORATION DU PARCOURS PATIENT

Cette thématique a été illustrée par un chiffre choc qui nous interpelle tous : « Au Québec, le temps d’attente pour les services de santé est 2 fois plus long que pour les autres services. » Il serait en moyenne de 17 heures rappelle l’animateur. Kathy Malas admet que la coordination dans les hôpitaux est un réel problème.

Raphaele Piot-Rolland, chef de produit, Gray Oncology Solutions

Raphaele Piot-Rolland, chef de produit, Gray Oncology Solutions, nous a donc présenté une solution de gestion. Elle nous explique la vision de son entreprise qui vise à permettre un système de santé sans gaspillage de ressources. L’application GrayOS permet de choisir « quand, où et combien de temps » traiter chaque patient atteint de cancer. La solution optimise la planification des rendez-vous avec les patients.

Cette optimisation du « parcours du patient » est en développement au CHUM. Un impact considérable a déjà été remarqué sur la charge administrative: « 2 à 3 heures par jour par personne sont sauvés ! » Kathy Malas affirme qu’un tel retour sur investissement n’est pas négligeable et doit être communiqué.

Selon elle, les centres de commandement prédictifs sont essentiels dans les hôpitaux. « L’Hôpital Général Juif l’a lancé. Le CHUM va le lancer !», promet-elle. « On peut envoyer le patient au bon endroit, mais sans données et sans technologie, on ne peut pas le faire. » Elle rappelle alors l’importance du partage des savoirs et de la vulgarisation scientifique.

Thème 4 – IA et MÉDECINE PERSONNALISÉE

Une statistique assez alarmante pour lancer le débat : « 90% des recherches pour la découverte de nouveaux médicaments échouent aux essais cliniques. » Pour réagir, Kathy Malas propose d’emblée des solutions. « On pourrait augmenter l’impact de nos approches en interventions, en caractérisant mieux le besoin des patients, selon leur génomique et leur habitude de vie. Ainsi, on pourrait augmenter l’impact de nos traitements. »

David Benrimoh, directeur scientifique chez Aifred Health

Pour David Benrimoh, directeur scientifique chez Aifred Health, « On doit aider dans la prise de décision patient-clinicien. On doit utiliser des données probantes et aider le clinicien à analyser ce qui fonctionne ou pas. Puis, on utilise l’IA pour mieux jumeler le traitement avec le patient. Cette solution doit être intégrée dans les processus actuels.

Pour Kathy Malas du CHUM, ce processus est déjà adopté, « il réussit, mais le défi actuel c’est sa mise à l’échelle du Québec. » Elle précise qu’on ne doit pas ajouter un nouveau système dans le « workflow ». On doit veiller à l’intégration de chaque nouvelle solution.

D’après David Benrimoh, « les données sont souvent mauvaises et l’écriture des médecins est terrible. Or, en santé mentale, ça n’est pas bon. On doit avoir une stratégie de collecte des données. On a appris quelles données sont utiles, mais il faut pouvoir les collecter. »

Sarah Jenna, co-fondatrice et PDG de My Intelligent Machines

D’après Sarah Jenna, co-fondatrice et PDG de My Intelligent Machines, « les données sont difficiles à digitaliser. On remarque un effort pour mieux capturer les données. » Elle précise que tous les acteurs de la santé devraient avoir à un certain nombre de données de qualité. Elle atteste qu’un ordinateur peut voir, reconnaître la parole et les données déstructurées et même avoir une meilleure reconnaissance que l’œil.

En rappelant l’importance de travailler avec des données sécurisées, Kathy Malas mentionne également la co-création d’un guide éthique, qui suit les principes de la Déclaration de Montréal pour un développement responsable de l’intelligence artificielle. Le guide pratique permet une autoévaluation et propose des manières d’agir en mode responsable.

Pour visionner l’intégralité de l’émission, cliquez ici.