Diversité et inclusion: “La technologie et l’intelligence artificielle ont un grand rôle à jouer”

Diversité et inclusion: “La technologie et l’intelligence artificielle ont un grand rôle à jouer”

Pour une troisième édition annuelle, l’organisation Evol a lancé au début du mois sa campagne « 1001 raisons », mettant à l’honneur 25 entrepreneurs qui oeuvrent pour le développement durable. Parmi eux, des entreprises en IA qui contribuent à rendre l’économie plus inclusive. Rencontre avec Sévrine Labelle, la PDG d’Evol.

C’est selon une perspective de développement durable qu’Evol a choisi ses « 25 leaders d’impact », soit des femmes et des hommes, chefs d’entreprises, qui s’illustrent pour leurs retombées positives sur la société.

Spécialisée en financement accompagné, Evol œuvre pour rendre l’économie plus inclusive, équitable et durable. « Nous avons 1001 raisons d’espérer voir évoluer notre société et notre économie pour qu’elles soient plus respectueuses des humains et de la planète. Que ce soit pour favoriser l’égalité des chances, soutenir une alimentation saine, promouvoir l’approvisionnement responsable et durable ou pour révolutionner une industrie afin de la rendre moins polluante, nous avons 1001 raisons d’y croire et de nous mettre en action dès maintenant », explique Sévrine Labelle, PDG d’Evol.

« La technologie et l’intelligence artificielle ont un grand rôle à jouer pour le progrès et pour l’inclusion de la diversité en entreprise. »

– Sévrine Labelle, présidente-directrice générale d’Evol

De « Femmessor » à « Evol »

Sévrine Labelle, PDG d’Evol.

Lorsqu’on demande à Mme Labelle ce qui a motivé le choix de changer d’identité de marque, cette dernière répond qu’ « Evol, c’est le mélange entre ‘évolution’ et ‘envol’. On veut voir les entrepreneurs prendre leur envol dans la création d’entreprises qui vont permettre à la société d’évoluer. Nous étions déjà en pleine démarche pour élargir la portée de notre mission chez Femmessor, afin de rendre nos services de financement et d’accompagnement accessibles à une plus vaste clientèle, qui comprend des femmes, mais aussi des hommes, et nous voulions que notre nom leur parle à tous et soit plus inclusif. »

Les 25 entrepreneurs choisis sont issus tantôt des grands centres urbains, tantôt des régions. Certains sont établis au Québec depuis des générations, parfois comme membres des Premières Nations et Inuits, tandis que d’autres sont de nouveaux arrivants. Ils incluent des personnes racisées, certaines en situation de handicap, et des membres de la communauté LGBTQ2+.

« Ce sont des leaders d’impact parce qu’ils représentent des modèles d’entrepreneurs, et des modèles accessibles, relate en entrevue Mme Labelle. Il n’est pas nécessaire d’avoir une multinationale pour avoir une influence positive. On peut démarrer une entreprise avec quelques employés et être déjà en mesure de faire les choses selon une vision et une approche différentes, qui répondent à des problématiques actuelles de société et contribuent à créer un écosystème positif. Ces 25 modèles, pour nous, vont non seulement amener les entrepreneurs à réfléchir à leur propre influence, mais aussi à les inspirer à passer à l’action. »

Le développement durable

Rappelons que le positionnement stratégique d’Evol consiste à soutenir les entrepreneurs qui contribuent au développement durable selon les 17 axes d’objectifs ciblés par l’Organisation des Nations unies (ONU), en tant qu’acteurs de changement et d’inspiration, une notion qu’Evol voulait aussi refléter par sa nouvelle identité de marque.

« Lorsqu’on parle de développement durable et des 17 objectifs de l’ONU, on parle évidemment d’environnement, mais aussi de développement économique et social, d’inclusion, de diversité et d’égalité des chances, que ce soit en termes d’accès à l’éducation, aux soins de santé ou au développement économique. »

La technologie au service de l’inclusion sociale

Au chapitre de l’inclusion sociale, l’innovation technologique a-t-elle permis de rendre les milieux de travail plus inclusifs, et d’ouvrir plusieurs horizons aux candidats au profil plus multidisciplinaire ou multitache? Pensons, par exemple, aux mères ou aux pères de famille, qui peuvent mieux concilier les tâches familiales avec celles professionnelles, dans un contexte de télétravail ou de formule hybride.

Pape Wade, confondateur d’Airudi.

« Tout à fait, pense Mme Labelle. La technologie et l’intelligence artificielle ont un grand rôle à jouer pour le progrès et pour l’inclusion de la diversité en entreprise. L’un de nos 25 modèles d’entrepreneurs, Pape Wade, cofondateur et chef de la direction de la firme Airudi, a justement développé une plateforme pour rendre la vie plus facile aux employés au travail, mais aussi pour permettre aux entrepreneurs de se concentrer sur l’aspect humain des ressources dites humaines. Chez nous, on les appelle richesses humaines, car il s’agit de la première richesse qui permet à toute entreprise de performer et de livrer ce qui est attendu. »

La solution offerte par M. Wade consiste à combiner l’intelligence artificielle et l’intelligence humaine sur une plateforme qualifiée d’ « ultraperformante ». On indique qu’une seule ronde de financement de 2 millions de dollars a suffi a propulser la HR Tech sur une trajectoire prospère.

« C’est vraiment un bel exemple des bénéfices sociaux de l’utilisation de la technologie et de l’intelligence artificielle dans un contexte corporatif », de souligner Mme Labelle.

Toujours parmi les 25 leaders, on compte aussi Omy Laboratoires, qui a cherché à utiliser l’IA et la technologie pour réduire les déchets générés par les entreprises de l’industrie des cosmétiques. « Là, on touche à la dimension environnementale du développement durable. C’est très intéressant, et ça illustre encore une fois que l’on peut et que l’on devrait se servir de la technologie et de l’IA pour répondre aux grands défis de société », de conclure la PDG d’Evol.

Un financement responsable

Photo de Corinne Gendron

Corinne Gendron, professeure à l’UQAM

Selon Corinne Gendron, Professeure au Département de Stratégie, Responsabilité sociale et environnementale à l’École des sciences de la gestion de l’UQAM, il faudrait que les institutions, tant privées que gouvernementales, financent la recherche et l’innovation entamées dès le départ pour résoudre les problèmes ciblés, et non pas seulement pour atténuer les conséquences ou l’empreinte écologique de leurs prédécesseurs. Il faudrait donc, à la manière d’Evol, encourager les chercheurs et les entreprises qui traitent la contribution au développement durable comme une priorité plutôt que comme un bonus.

« D’un côté, il faut stimuler les nouvelles innovations, mais de l’autre, il faut arrêter de financer des technologies dont on sait qu’elles vont aggraver la situation. On donne des subventions à droite et à gauche, on soutient celui ou celle qui entraînera le scénario le moins alarmant selon les projections, mais on ne force pas les développeurs et les chercheurs à se dépasser. On leur demande seulement de faire mieux que ce qui a été fait, et de moins causer de dommages, alors que l’heure est grave et qu’il faut faire de la solution de problème une priorité. »

Elle aimerait que les sociétés se consacrent davantage à développer de la « technologie de solution. La technologie est trop souvent développée pour faire plaisir ou pour répondre à des intérêts commerciaux. »

« Si l’on compte sur la technologie pour pouvoir consommer toujours plus sans endommager les écosystèmes environnementaux, on se leurre et on fait fausse route, amène la professeure. La technologie peut, certes, permettre d’optimiser notre consommation d’énergie, mais on ne réussira jamais à la réduire au point de pouvoir continuer à en consommer toujours plus. »

Pourrait-on changer la façon dont on répond à nos besoins en orientant autrement la recherche ? « Pour cela, il faudrait procéder un peu comme quand on est allés sur la lune. On n’a pas attendu qu’il y ait des équipes de recherche qui trouvent une technologie pour soudain avoir envie d’y aller. On a dit à tous les chercheurs qu’on avait cet objectif et cette problématique, et ils se sont mobilisés pour y trouver la solution. Ce n’était pas une dynamique intrinsèque. L’objectif a été posé en amont. »

En attendant, Evol invite les entrepreneurs à signer la « déclaration des agents de changement » sur son site Web, en vue de compter au moins 500 signataires. « Notre objectif ? Inviter le plus d’entrepreneurs possible à passer de la parole aux actes en prenant un engagement concret et réel en faveur des objectifs de développement durable de l’ONU », insiste l’organisation.

Crédit Image à la Une : Evol