Dans la peau d’une personne LGBT : une activité de réalité virtuelle qui sensibilise et stimule l’empathie cognitive

Dans la peau d’une personne LGBT : une activité de réalité virtuelle qui sensibilise et stimule l’empathie cognitive

Se mettre « Dans la peau d’une personne LGBT (lesbienne, gaie, bisexuelle, trans) », c’est ce que propose la Fondation Jasmin Roy Sophie Desmarais, au travers d’un « atelier 360 » à la fois immersif et interactif.

Lancée dans le cadre du festival Fierté Montréal, l’activité permet, grâce à un casque de réalité virtuelle (VR), des écouteurs et de la discussion, de se sensibiliser aux réalités de la communauté LGBT, en tant que témoin des micro-agressions que plusieurs de ses membres subissent au quotidien.

C’est à la Place du Village sous un chapiteau que CScience a pu en faire l’expérience en primeur la semaine dernière, en compagnie d’autres participants, de l’animateur de l’atelier, Jean-Sébastien Bourré, qui est aussi auteur et professeur d’art dramatique, et du président de la Fondation, Jasmin Roy, aussi connu auprès du public pour sa carrière d’animateur et comédien.

« L’immersion stimule davantage l’empathie cognitive et l’apprentissage. Elle permet de garder notre cerveau éveillé (…) »

– Jasmin Roy, président de la Fondation Jasmin Roy Sophie Desmarais

Des micro-agressions en VR

Jean-Sébastien Bourré

Développée par la Fondation, en collaboration avec UNLTD, l’activité vous propose de visionner quatre vidéos immersives (360° ) au moyen d’un casque VR, pour découvrir des scénarios joués par des comédiens. Chaque vidéo se veut illustrer une situation et une interaction impliquant un personnage issu de la communauté LGBT.

Dans la première, vous pouvez voir un groupe d’amis qui discute de l’orientation sexuelle de l’un des siens, tantôt en son absence, tantôt en sa présence, jusqu’à le forcer à faire son « coming-out » en tant que personne bisexuelle. Dans le deuxième scénario, on met l’emphase sur les micro-agressions que subissent les couples de lesbiennes, notamment quant à l’homoparentalité. Dans la troisième vidéo, les collègues d’un homme gai semblent tout ramener à son orientation sexuelle. Enfin, dans la dernière, on fait état de ce que vit une personne trans au sein de l’entreprise qui l’emploie et qui ne s’adapte pas au changement de sexe et d’identité de sa salariée.

À chaque fois, c’est comme si vous y étiez, en ayant l’impression, grâce au casque, d’être assis dans le salon, la voiture ou le bureau avec les personnages, à ressentir un malaise, une frustration ou des questions émerger, sans toutefois être partie prenante à l’action ou au dialogue. Pourquoi cette formule? « Nous ne voulions pas que ce soit trop intimidant ou confrontant pour les participants de l’atelier, alors nous avons voulu les maintenir dans un rôle observateur, dans un contexte parfaitement immersif », explique Jean-Sébastien Bourré.

L’empathie cognitive

« L’immersion stimule davantage l’empathie cognitive et l’apprentissage. Elle permet de garder notre cerveau éveillé, et de ne pas tomber en mode passif, comme c’est souvent le cas au bout de quelques minutes lorsqu’on regarde une vidéo sur un écran, ou qu’on écoute des gens parler dans le contexte normatif, amène Jasmin Roy. Nous avons financé des recherches, travaillé avec l’Université de Sherbrooke et d’autres organisations pour comparer nos idées. Nous avons fait  une recension des écrits, qui nous a permis d’établir des scénarios assez universels, qui se concentrent sur les micro-agressions, et non pas les grandes agressions. Quand on parle de micro-agressions, on parle de comportements inadéquats qui suscitent divers questionnements chez les victimes et témoins : devrais-je réagir? Porter plainte? Est-ce vraiment grave? » « On n’a pas besoin de montrer de la violence physique ou très brutale pour avoir un impact », complète M. Bourré.

Tournage pour l’activité de réalité virtuelle « Dans la peau d’une personne LGBT »

Après l’écriture des scénarios, l’équipe de la Fondation a choisi des comédiens professionnels, puis a procédé au tournage, avec la compagnie UNLTD et son matériel. « C’est le montage qui a été le plus long! », de préciser M. Roy.

« UNLTD est une compagnie spécialisée en réalité virtuelle, basée à Montréal et Toronto. Ça fait plusieurs années que nous collaborons avec la Fondation. On a développé plusieurs projets, dont certains relèvent uniquement de la réalité virtuelle, en lien avec l’intimidation », relate Sébastien Gros, CTO (Chief Technology Officer)/directeur Technique chez UNLTD.

Pourrait-on envisager de rendre ces vidéos immersives accessibles en ligne, en les publiant, par exemple, sur des plateformes de streaming comme YouTube VR, et permettre ainsi à monsieur ou madame Tout-le-Monde, s’il ou elle dispose déjà d’un casque VR, de les regarder? « Non, car ce n’est pas comme ça que l’activité a été conçue. L’atelier doit inclure une portion de discussion pour susciter l’échange et la réflexion entre les participants et l’animateur après chaque vidéo », répond M. Roy. L’activité vise d’ailleurs à permettre d’identifier collectivement des « solutions à mettre en place pour contrer les préjugés et changer les comportements toxiques », tel que l’indique M. Bourré.

« Quand tu n’as pas vécu ce genre de situation ou eu les discussions qui sont montrées dans les vidéos, tu peux conserver des préjugés, même si ce n’est pas malintentionné. Et le fait d’y assister, certes en tant qu’observateur, mais avec la proximité que permet le VR, nous fait vraiment ressentir les choses de façon plus investie que sans l’immersion », a fait valoir une participante lors des échanges tenus au cours de l’atelier.

M. Roy invite les écoles, les entreprises et les organisations à contacter la Fondation si elles souhaitent s’offrir ces ateliers, incluant l’animation et le matériel.

À propos de la Fondation Jasmin Roy Sophie Desmarais

Créée en 2010, la Fondation est un organisme de bienfaisance et communautaire dont la mission consiste à créer des milieux positifs et bienveillants, en cohérence avec les objectifs fixés par les Nations Unies. La Fondation sensibilise, éduque, soutient et contribue à la recherche de solutions durables aux problèmes de violence, de discrimination et d’intimidation dans tous les milieux d e vie, qu’ils soient éducatifs, au travail et dans tous les environnements de nos aînés. L’adoption de saines habitudes de vie émotionnelles et relationnelles figure au cœur de son approche qui a pour but de favoriser l’inclusion de tous et de prévenir les problèmes de santé mentale tant au Canada que partout ailleurs dans le monde. Jasmin Roy et Sophie Desmarais, marraine de la Fondation, sont désormais inscrits auprès des Nations Unies comme représentants de la société civile ECOSOC.

À propos d’UNLTD

UNLTD est un studio innovant de production de réalité virtuelle et augmentée à l’avant-garde de la conception et de la création d’expériences de réalité mixte haut de gamme. UNLTD estime que le VR/AR/XR améliorera la façon dont le monde crée et consomme du contenu. UNLTD a été fondée en 2015 avec la mission d’amener le divertissement au niveau suivant grâce à la réalité virtuelle. Avec la vaste expérience de l’équipe de direction, avec sa caméra 3D/360/stéréoscopique propriétaire, et ses techniques avancées en prise de vue 360, UNLTD développe et applique une variété de techniques de production et de post-production révolutionnaires propriétaires pour obtenir le meilleur résultat dans les expériences de divertissement VR/AR/XR.

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Crédit Image à la Une : Jasmin Roy (à droite sur la photo) était présent lors de l’atelier offert par sa Fondation dans le cadre de Fierté Montréal. La photo a été prise par Chloé-Anne Touma.