Alliance entre l’Allemagne et le Canada : le chancelier Olaf Scholz de passage à Mila

Alliance entre l’Allemagne et le Canada : le chancelier Olaf Scholz de passage à Mila

De passage à Montréal, le chancelier allemand, Olaf Scholz, s’est rendu à l’Institut québécois d’intelligence artificielle (Mila), ce lundi 22 août en après-midi, en présence de sa délégation économique, du premier ministre Justin Trudeau, du ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, et de la ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly, pour saluer les avancées du Canada dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA).

C’est pour rendre hommage au lien qui unit le Canada et l’Allemagne en tant que nations alliées, notamment dans le développement et l’utilisation responsable de l’IA, que les dirigeants ont assisté aux conférences et présentations d’invités de marque issus de la communauté scientifique. Ils ont ensuite quitté rapidement les lieux, escortés par la sécurité jusqu’au cortège de voitures policières et fumées qui longeait les rues Saint-Urbain et Saint-Zotique.

Un partenariat et des engagements d’envergure

« L’Allemagne et le Canada sont de proches amis sur la scène internationale. Nos liens reposent sur des engagements communs à l’égard de la démocratie, de la paix et de la sécurité, notamment notre appui à l’Ukraine, d’un avenir propre et sain, et d’une économie qui profite à la population. J’ai hâte de montrer au chancelier Scholz ce que le Canada a à offrir, tandis que nous veillerons à resserrer nos liens, à créer des emplois et à favoriser la croissance de la classe moyenne dans nos deux pays », a déclaré le premier ministre.

Les soeurs Thompson, manifestant pour « la paix pour l’Ukraine » devant les locaux de Mila. (Photo : Chloé-Anne Touma)

Rappelons que l’accord de coopération internationale entre le Fonds de recherche du Québec et le Health Data Hub (HDH) de France, dont la signature a été annoncée en juillet, qui vise à renforcer conjointement l’accès, l’utilisation et la « valorisation des données de santé au service de la recherche »,  démarre avec l’appel à projets soutenant la recherche de pointe en IA appliquée au domaine de la santé. Aujourd’hui, le renouvellement du lien de collaboration et de confiance que se manifestent mutuellement le Canada et l’Allemagne, ne fait que renforcer l’idée d’une coopération prometteuse entre l’Europe et le Canada dans le traitement intelligent et évolutif de la data en IA.

Deux manifestantes canadiennes, « les soeurs Thompson », venues protester devant les locaux de Mila contre ce qu’elles ont qualifié d’inaction des gouvernements, espéraient y rencontrer M. Trudeau pour faire passer un message : « La politique du Canada est très alignée avec celle des États-Unis. Elle est très agressive, et pas assez favorable aux négociations pour la paix en Ukraine. L’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) n’en a que pour les armes. Certes, la question de l’énergie est un enjeu qui fait pression sur l’Europe par rapport à la Russie. Mais pourquoi le Canada encourage cette tendance à arsenaliser? »

« (…) certaines organisations n’ont pas les moyens d’accès et de manipulation de la data qu’auraient, par exemple, des compagnies pharmaceutiques. »

– Valentine Goddard, fondatrice de l’Alliance Impact Intelligence Artificielle (AIIA)

Un accès équitable à la data

Présent aux conférences lors de l’événement, CScience a notamment pu s’entretenir sur place avec l’avocate Valentine Goddard, membre du Conseil consultatif sur l’IA du Canada, experte des Nations unies en matière de politiques publiques et de gouvernance de l’IA, et fondatrice de l’Alliance Impact Intelligence Artificielle (AIIA), pour savoir ce que signifie, concrètement, le fait de collaborer entre pays au bénéfice de l’IA. « Ça se traduit à plusieurs égards, notamment par le fait de s’entendre sur la façon dont on partage les données. Le Canada s’est doté de la loi C-27, première loi sur l’intelligence artificielle au pays. L’Europe développe en ce moment son homologue, et il va notamment être question, non pas seulement de la manière dont on partage les données, mais aussi à quelle fin. Est-ce à des fins de développement durable? Lorsqu’on parle de data, il est aussi souvent question de l’enjeu de la disparité entre les entreprises et organismes communautaires, puisque certaines organisations n’ont pas les moyens d’accès et de manipulation de la data qu’auraient, par exemple, des compagnies pharmaceutiques », amène Mme Goddard.

L’IA et le changement climatique.

Olaf Scholz et François-Philippe Champagne. (Photo : Chloé-Anne Touma)

La collaboration entre l’Allemagne et le Canada implique notamment des projets explorant l’IA selon une perspective visant à préserver la sécurité énergétique et accélérer la transition mondiale vers l’énergie propre, en garantissant l’accès à des ressources clés comme l’hydrogène propre et les minéraux critiques. Les dirigeants des pays respectifs entendent prendre des mesures énergiques concrètes pour le climat « au moyen de politiques comme la tarification de la pollution, et du resserrement des liens commerciaux entre le Canada et l’Allemagne, pour qu’ils profitent à tous et favorisent la croissance de la classe moyenne dans les deux pays, notamment dans le cadre de l’Accord économique et commercial global entre le Canada et l’Union européenne (AECG) », indique le cabinet du ministre Trudeau.

« Je suis heureux de voir ce genre de manifestation et de collaboration. Il faudrait en faire davantage à travers le monde, car nous faisons face à des défis importants, dont les luttes contre la pandémie, le changement climatique, la perte de biodiversité, et l’IA peut vraiment nous aider à les mener et à développer des solutions telles que nous n’en avons jamais vues auparavant, dans plusieurs domaines », a exprimé lors de l’événement le chercheur montréalais Yoshua Bengio, professeur titulaire à l’Université de Montréal, et fondateur et directeur scientifique de Mila.

L’IA pour cartographier le cerveau

Katrin Amunts. (Photo : Chloé-Anne Touma)

Parmi les orateurs présents, on comptait entre autres Katrin Amunts, neuroscientifique allemande, professeur à l’Institut C. et O. Vogt pour la recherche sur le cerveau à l’Université de Düsseldorf, et directrice de l’Institut des neurosciences et de la médecine de l’INM-1 à Forschungszentrum Jülich, et Alan Charles Evans, neuroscientifique canadien et professeur de neurologie et de neurochirurgie, de psychiatrie et de génie biomédical à l’Université McGill. Ils ont abordé les applications de l’IA dans le domaine de la cartographie cérébrale (« brain mapping »), qui permettent d’identifier et comprendre le fonctionnement des diverses parties du cerveau à partir de grands volumes de données complexes.

Crédit Image à la Une : Sur l’image : Yoshua Bengio, Olaf Scholz et Justin Trudeau. Photo de gauche prise par Chloé-Anne Touma. Photo de droite tirée des réseaux sociaux.