Sport : l’intelligence artificielle en passe de révolutionner la vie des athlètes et des arbitres

Sport : l’intelligence artificielle en passe de révolutionner la vie des athlètes et des arbitres

Depuis plusieurs années, l’intelligence artificielle permet d’arbitrer les matchs, d’entraîner les sportifs, d’analyser leurs performances, et parfois même d’aider leur rééducation en cas de blessure. S’invitant sur les terrains de soccer, de hockey-balle et autres sports, allant de ceux pratiqués par les athlètes de haut niveau à ceux des clubs de loisir, l’IA est sollicitée par des innovations jumelant captation vidéo et traitement en temps réel de la data, afin de permettre aux joueurs d’équipe d’exceller dans leur discipline.

Au soccer

Sports AI

Tarik Agday et Imrane Belhadia, deux ingénieurs en logiciel diplômés de Polytechnique Montréal, ont fait converger leur amour du sport et leurs objectifs professionnels pour fonder Sports AI, une innovation soutenue par l’IA qui révolutionne l’analyse des performances au soccer, grâce à la data en temps réel. C’est ce mercredi 29 août qu’ils procéderont au lancement de leur solution, à l’École de technologie supérieure (ÉTS).

« On travaille sur Sports AI depuis près de deux ans. On a fait un projet pilote avec l’équipe qui a participé aux Jeux du Canada et qui y a été très performante. Et ce mercredi, on lance la première version officielle à l’École de technologie supérieure (ÉTS) », souligne M. Agday, en entrevue avec CScience.

(…) j’ai constaté que les statistiques qui étaient disponibles étaient soit trop volumineuses, soit présentées dans un format peu exploitable pendant les matchs, et qu’il y avait place à l’innovation pour remédier au problème. »

– Tarik Agday, cofondateur de Sports AI

C’est en baignant lui-même dans le milieu des athlètes de haut niveau que le jeune entrepreneur a pris conscience d’une opportunité à saisir. « J’ai joué au soccer pendant une vingtaine d’années, côtoyant le milieu professionnel. C’est comme ça que j’ai constaté que les statistiques qui étaient disponibles étaient soit trop volumineuses, soit présentées dans un format peu exploitable pendant les matchs, et qu’il y avait place à l’innovation pour remédier au problème », explique M. Agday.

Sports Ai analyse ainsi les vidéos des matchs diffusés en direct ou en différé. En fonction des matchs, la solution, sous le format de l’application mobile, dresse le portrait des performances et du comportements des joueurs selon différents paramètres (passes, couverture du terrain, réactivité, précision lors des tirs, etc.). « Nos algorithmes font ce qu’on appelle de la ‘reconnaissance d’événement’. Cela permet de détecter tout ce qui se passe sur le terrain en temps réel. Les événements sont étiquetés et stockés dans notre base de données. Puis, les entraîneurs et les équipes ont accès à une application connectée, alimentée par notre base de données. Il y a énormément de visualisation de données à faire parce qu’on veut permettre aux entraîneurs de cibler l’information qu’ils recherchent en moins de dix secondes.

Crédit photo : Sports AI

Si pour l’instant, Sports AI n’est utilisée qu’au soccer, ses développeurs se targuent d’exploiter « un très gros marché » en raison de l’intérêt mondial que le sport suscite, et profitent des opportunités et programmes d’incubateur pour exporter leur solution à l’extérieur du Québec, notamment sur la côte ouest américaine. « On parle d’une clientèle ciblant les équipes de soccer de niveau compétitif. Les performances analysées sont à la fois celles des athlètes sur la base individuelle, et celles des équipes. L’idée est d’offrir des données en temps réel aux entraîneurs, pour leur permettre d’avoir un outil qui les aide dans leur prise de décision. »

Questionné à savoir si l’offre de Sports AI intégrait un volait accessible aux joueurs amateurs, M. Agday répond qu’ « On ne cible pas l’utilisateur grand public qui voudrait s’en servir sur le plan individuel, car il est difficile de faire la compétition aux applications peu coûteuses et déjà démocratisées que sont Nike Run, ou encore Strava, qui ont été très populaires au début de la pandémie. Par contre, il est possible d’utiliser notre solution à l’échelle de la communauté, d’un club de quartier ou d’un établissement collégial, par exemple. »

À la FIFA

La FIFA (Fédération internationale de football association) a annoncé qu’un système de caméras appuyé par l’IA permettra aux arbitres de prendre des décisions éclairées en situation de hors-jeu, notamment lors de la prochaine Coupe du monde, qui se déroulera du 21 novembre au 18 décembre. L’IA pourra traquer la position du ballon et des joueurs sur le terrain, 500 fois par seconde, grâce à une détection permanente. Lorsqu’une anomalie sera détectée, elle sera signalée à l’arbitre, qui disposera d’une ressource supplémentaire pour juger d’une situation et se prononcer.

« Nous sommes conscients que, parfois, le processus de vérification d’un éventuel hors-jeu prend trop de temps, en particulier lorsque la situation est très serrée. Nous sommes également conscients que le positionnement des lignes peut ne pas être précis à 100 % », a déclaré Pierluigi Collina, responsable de l’arbitrage.

Pour mieux se concentrer

La démarche - Neuroperforma - Cliniques spécialisées en Neurofeedback

Crédit photo : Neuroperforma

Le célèbre footballeur et médecin Laurent Duvernay-Tardif, aussi connu pour son implication dans la cause de la démocratisation des sports auprès des jeunes, a prêté son corps à la science dans la série documentaire « J’ai une question », diffusée sur Canal D. L’athlète y teste le « neurofeedback » dans une clinique de Neuroperforma. La technique, qui consiste à stimuler ou calmer des régions spécifiques du cerveau en étudiant ses réactions grâce à 19 électrodes placées sur la tête, permet d’entraîner les circuits de concentration. Le système peut lire l’activité cérébrale à 2400 endroits en temps réel. « Afin de modifier l’activité cérébrale à des endroits spécifiques, l’individu s’assoit dans un fauteuil devant un écran de télévision. Le système sera ensuite programmé pour qu’une vidéo joue uniquement lorsque les régions ciblées s’amélioreront. Le cerveau prendra quelques minutes pour identifier quelles régions sont responsables de faire avancer l’image devant lui. Par la suite, le cerveau se mettra, par lui-même, à modifier son activité cérébrale dans les régions ciblées de manière à faire jouer la vidéo », explique-t-on chez Neuroperforma.

« Les gens pensent souvent que les athlètes s’entraînent tout le temps dans une salle de musculation pour travailler leur performance physique. Mais la réalité, que ce soit au niveau de la prévention des commotions, du traitement des blessures, de l’optimisation des performances ou du temps de réaction, c’est que la technologie, ça joue un rôle crucial », nous expliquait d’ailleurs M. Duvernay-Tardif. « Il existe maintenant un paquet d’outils pour que les sportifs soient meilleurs. C’est cool, mais le problème, c’est que ce n’est pas accessible à tout le monde », avait-il nuancé, craignant que le manque de démocratisation creuse le fossé entre les athlètes plus soutenus et ceux de peu de ressources, mais aussi que « les champions de demain » soient finalement « les sportifs qui travaillent avec les meilleurs ingénieurs ».

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Crédit Image à la Une : Bernd Dittrich, Unsplash