La biométrique et l’intelligence artificielle pour diagnostiquer des maladies et cerner les émotions

La biométrique et l’intelligence artificielle pour diagnostiquer des maladies et cerner les émotions

L’intérêt marqué pour le marché de la biométrique, en lien avec l’intelligence artificielle (IA), propulse l’innovation des chercheurs et développeurs québécois, qui combinent algorithmes et biomarqueurs pour concevoir des solutions utiles au domaine de la santé ainsi qu’à d’autres secteurs d’application.

La voix comme biomarqueur

L’IA pourrait bientôt permettre aux médecins de diagnostiquer un cancer ou une dépression à partir du simple son de la voix des patients.

Sous la direction du Dr. Yael Bensoussan de l’Université de Floride du Sud à Tampa, et d’Olivier Elemento, du Weill Cornell Medical College de l’Université Cornell, à New York, le projet du nom de « Voice as a Biomarker of Health » (la voix comme biomarqueur de la santé), implique 12 établissements de recherche de premier plan, dont l’Université de Montréal, ainsi que trois autres universités canadiennes, et a été financé à hauteur de 14 M$ US par les National Institutes of Health (NIH) des États-Unis.

En constituant une base de données regroupant des centaines de milliers de voix humaines enregistrées selon les standards d’éthique de recherche et de confidentialité, le projet permettra de développer des modèles d’apprentissage automatique qui seront appliqués pour détecter des maladies à partir des nuances vocales, « et ce, à faible coût », explique-t-on à l’Université de Montréal.

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Vardit Ravitsky

« Les recherches menées à l’aide de cette base de données pourraient nous permettre de mieux déceler les troubles de la voix tels que le cancer du larynx ou la paralysie des cordes vocales; les troubles respiratoires comme la pneumonie ou les maladies pulmonaires chroniques; les troubles neurologiques et neurodégénératifs tels que la maladie d’Alzheimer, la maladie de Parkinson, les accidents vasculaires cérébraux ou la sclérose latérale amyotrophique; les troubles de l’humeur et les troubles psychiatriques comme la dépression, la schizophrénie ou la maladie bipolaire; et les troubles pédiatriques de la voix et de la parole, qu’on pense à l’autisme ou aux retards de langage. Ces maladies ont toutes été étudiées individuellement et nous savons qu’il y a déjà des preuves scientifiques montrant que des changements dans la voix peuvent y être liés. Mais nous avons besoin de recherches supplémentaires, assistées par l’IA, pour en savoir plus », explique Vardit Ravitsky, chercheuse principale québécoise du projet, professeure de bioéthique à l’École de santé publique de l’Université de Montréal et maître de conférences en santé mondiale et médecine sociale à la Harvard Medical School.

Notons que les biomarqueurs vocaux sont utilisés dans plusieurs secteurs, notamment pour l’identification vocale. N’étant pas intrusive, et n’exigeant aucun contact physique avec l’outil de mesure ou de lecture, l’identification vocale est l’une des formes les plus normales de la technologie biométrique. Elle est sollicitée dans les centres d’appel, les banques, ainsi qu’à des fins d’applications judiciaires.

« Il y un nombre fini d’états d’esprit dans lesquels nous pouvons être, mais qui implique tout de même beaucoup de subtilités et de complexité. »

– Frédéric Simard, PDG de RE-AK Technologies

RE-AK Technologies

L’entreprise québécoise RE-AK Technologies développe des solutions combinant l’intelligence artificielle et la biométrie avancée. Ses solutions révolutionnent déjà l’industrie du divertissement et de l’expérientiel. En constant perfectionnement, les accessoires et outils de RE-AK, incluant bandeau, bracelet, lunettes et caméra pour recueillir l’information et détecter les ressentis, offrent la possibilité de connaître avec précision les émotions des utilisateurs.

« RE-AK Technologies se spécialise dans l’analyse émotionnelle et cognitive. Nous sommes des experts de la mesure de l’état d’esprit des gens. Il y un nombre fini d’états d’esprit dans lesquels nous pouvons être, mais qui implique tout de même beaucoup de subtilités et de complexité. Les technologies que nous développons permettent de mesurer ces états d’esprit de manière passive, soit sans les caméras, ou avec. Nous tendons vers une solution sans caméra car nous pensons que ce sera plus universel en termes d’acceptabilité sociale », explique le PDG, Frédéric Simard. « Les technologies qui allient IA et biométrie sont connues du milieu de la recherche et du domaine scientifique, mais aussi du domaine marketing en termes d’expérience utilisateur », ajoute-t-il.

En plus du bracelet et du bandeau qui mesurent le rythme cardiaque et la réponse de la peau, l’entreprise développe une technologie du futur, soit les lunettes biométriques, dont elle entrevoit l’intégration naturelle avec les lunettes intelligentes, déjà connues sur le marché. « À terme, on prévoit que les lunettes biométriques se porteront aussi commodément que les lunettes que l’on porte au quotidien. Elles seront dotées de capteurs qui pourront mesurer l’activité du cerveau, les expressions faciales à partir de l’activité musculaire, la manière dont réagit la peau aux émotions, et l’activité du cœur. Avec tout cela, on est en mesure de savoir si le sujet est engagé dans une expérience, si la personne est en forte réflexion ou très concentrée, en train d’étudier, si elle est fâchée ou heureuse, surprise avec les sourcils en accents circonflexes, etc. On peut donc faire une lecture de son état d’esprit à partir d’un portrait globalement mesuré. »

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Crédit Image à la Une : AndreyPopov, depositphotos.com