L’intelligence artificielle au centre des pistes de solution pour aider les espèces en voie d’extinction

L’intelligence artificielle au centre des pistes de solution pour aider les espèces en voie d’extinction

63. C’est le nombre présumé des dauphins Māui qui feraient partie du dernier groupe de l’espèce. Le groupe vivant au large de la côte ouest de la Nouvelle-Zélande, rares sont ceux qui peuvent se vanter d’en avoir aperçu un. 

Heureusement, il y a une lueur d’espoir pour l’espèce : le projet MAUI63 avec l’intelligence artificielle (IA) au centre du processus. Au Québec, également, des initiatives en lien avec l’IA pourraient être déterminantes pour certaines espèces sur la longue liste de celles qui sont menacées.

Regard sur des projets innovants pour la préservation des espèces.

L’IA pour sauver les dauphins au large de la Nouvelle-Zélande

Le projet MAUI63 est nommé ainsi à cause du nom de l’espèce et du nombre de mammifères marins qui ferait supposément partie du dernier groupe lors du début du projet.

Tan Van der Boon, un concepteur de logiciels, et Willy Wang, expert en drones, conscients de la précarité de l’espèce, ont associé leurs talents pour créer le projet MAUI63.

Comprenant un drone alimenté par l’IA qui permettra de suivre et d’identifier les dauphins, l’organisme à but non lucratif pourra ainsi récolter des données scientifiques afin d’aider à préserver l’espèce. 

Les prototypes ont été déjà testés avec réussite dans les dernières années, et l’équipe s’affaire maintenant à recueillir les informations transmises par les drones. Une avancée qui pourrait être significative grâce à l’IA.

Fou raide

David Pelletier

Le projet, en partenariat avec le CDRIN à Matane, le Cégep de Matane et le Cégep de Rimouski, a pour but de faire le suivi de la reproduction et de la prédation d’oiseaux marins grâce à l’IA afin d’être mieux informé sur l’état de la population et des écosystèmes.

Ainsi, selon le chercheur David Pelletier du Cégep de Rimouski, « il y a quatre grandes étapes au projet : 

1- installer des caméras de surveillance à l’île Bonaventure pour acquérir des lots d’images de fous de Bassan de différents âges et des prédateurs terrestres du fou de Bassan pour l’annotation; 2- faire de l’annotation et entraîner l’algorithme de reconnaissance pour développer le modèle d’IA; 3- développer une application qui servira à faire le suivi automatisé de la reproduction, de la phénologie et de la prédation du fou de Bassan; 4- développer un outil d’annotation en science citoyenne pour augmenter le nombre d’annotations pour améliorer le modèle d’IA et pour éduquer les visiteurs sur les enjeux liés aux oiseaux marins et à leurs interactions avec l’environnement. Les 4 étapes sont complétées, mais l’application de reconnaissance n’a pas encore été testée sur une longue période de temps avec les images des caméras. »

S’il le projet est presque fonctionnel, il n’a pas encore été utilisé dans sa version finale. L’IA est une avenue extrêmement intéressante pour aider les chercheurs, mais la programmation est fastidieuse et chronophage.

Pour développer une application comme FOU RAIDE, il a fallu compter environ un an et demi seulement pour la programmation. Développé à partir de réseaux convolutifs (Detectron2 de Meta), le projet FOU RAIDE est le deuxième programme de reconnaissance sur lequel le chercheur en biologie a travaillé. Il y a deux ans, il a en effet mis au point le programme ReCAPP pour la préservation des poissons pélagiques de l’estuaire maritime et du golfe du Saint-Laurent.

« Nous représentons un élément qui fait le pont entre les besoins des entreprises et les chercheurs. »

– Dany Plourde, conseiller en mobilisation des connaissances chez IVADO

Nectar

Le projet Nectar vise à « aider les apiculteurs à élever des abeilles saines et productives pour sécuriser notre système alimentaire », selon leurs propres termes.

Nous avions expliqué dans un article précédant sur CScience leur outil pour apiculteurs, nommé Bee Track (voir Un capteur intelligent s’immisce parmi les abeilles | CScience). Il s’agit de tags durables qui permettent de suivre les abeilles et les ruches durant toute la vie de la ruche. Ainsi, les apiculteurs peuvent les suivre à partir d’une application très simple d’utilisation et intervenir au besoin.

Autre innovation de l’entreprise : des algorithmes pour prédire la mortalité des abeilles et aider les apiculteurs à intervenir au bon moment. C’est ici qu’IVADO, un institut de recherche et de transfert en intelligence artificielle basé à Montréal, a pu leur donner un coup de main.

Selon Dany Plourde, conseiller en mobilisation des connaissances chez IVADO, « Nous représentons un élément qui fait le pont entre les besoins des entreprises et les chercheurs. Ainsi, certaines entreprises viennent nous voir en nous présentant leurs besoins et nous voyons s’il y a des chercheurs qui pourraient correspondre à ce besoin. Nous pouvons ainsi créer des équipes de recherche pour des besoins spécifiques. »

Dans le cas de Nectar, l’algorithme a été ainsi créé par une équipe de recherche ponctuelle mise sur pied dans le but de créer une IA qui aiderait à la pérennité des abeilles.

« Nous avons près de 1400 scientifiques de données dans les universités du Québec. C’est donc un bassin de recherche énorme disponible pour aider des entreprises avec des projets innovants. »

Ces percées représentent de bonnes nouvelles pour l’avenir de certaines espèces. Mais avec près de 1700 nouvelles espèces en voie de disparition d’ici 2070 selon une publiée dans Nature Climate Change, il faudra plus que quelques initiatives pour les sauver de l’extinction.

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Crédit Image à la Une : Silvia Scarli/WWF