[ÉLECTIONS] La vision de la Coalition Avenir Québec en matière d’innovation technologique

[ÉLECTIONS] La vision de la Coalition Avenir Québec en matière d’innovation technologique

Dans le cadre de la campagne menant aux élections générales du 3 octobre, CScience interroge les différents partis politique pour connaître leur vision en matière d’innovation technologique responsable, valorisée, propulsée et démocratisée, en cinq questions. Pour y répondre, la Coalition Avenir Québec (CAQ), formant le gouvernement actuel de François Legault, a désigné le ministre de l’Économie et de l’Innovation, Pierre Fitzgibbon. La CAQ a également accepté qu’il y ait captation et diffusion vidéo de l’entrevue réalisée, tel que proposé à tous les partis.

1. Qu’est-ce qui fait la force et le positionnement du Québec en matière d’innovation selon vous?

J’ai toujours dit que le développement économique du Québec passait par deux grands chantiers : la science et l’innovation qu’il faut démocratiser, et l’exploitation de nos énergies renouvelables pour mieux lutter contre les changements climatiques et créer de la richesse collective. Au Québec, nous pouvons être fiers de nos Fonds de recherche, dirigés par le Scientifique en chef Rémi Quirion. Au printemps dernier, j’ai annoncé la Stratégie québécoise de recherche et d’investissement en innovation (SQRI2), qui valorise le volet de la recherche fondamentale. Nous avons créé le poste d’Innovateur en chef du Québec, occupé par Luc Sirois, qui œuvre pour que la recherche fondamentale soit appliquée, et qui travaille étroitement avec M. Quirion.

« Les jeunes sont un peu sceptiques quant aux bénéfices de la recherche pour la société. » – Pierre Fitzgibbon

2. Comment pourrions-nous valoriser l’innovation québécoise davantage?

Le Québec a beau être au-dessus de la moyenne en termes de recherche publique et fondamentale, on est moins performants lorsqu’il s’agit de démocratiser et de commercialiser l’innovation auprès des startups. Pour répondre à cette lacune, nous avons créé Axelys, regroupant les centres de transfert technologique, et avons également créé le Fonds d’investissement Eurêka, d’une source de 100 M$, dont presque la moitié provient de nos investissements.

Il faut aussi investir dans la santé, l’environnement, la filière de l’hydrogène, l’aérospatiale et l’intelligence artificielle (IA). Le Québec doit choisir des secteurs sur lesquels se concentrer car il ne peut gagner partout.

3. On dit parfois que le crédit d’impôt, couvrant jusqu’à 37,5 % du salaire des travailleurs dans le secteur du multimédia, profite surtout aux entreprises comme Ubisoft et Google, dont le siège social n’est pas au Québec. Comment permettre aux entreprises québécoises du jeu vidéo et de la technologie de rivaliser?

Beaucoup de gens affectés par la pénurie de main-d’œuvre se demandent pourquoi nous encourageons les sociétés étrangères à profiter de crédits d’impôt pour l’embauche. Mais dans le cas de Ubisoft, c’est un grand succès, parce qu’on a créé beaucoup de forces vives. On a vu beaucoup de gens quitter Ubisoft pour démarrer leur entreprise, sinon pour aller travailler chez CAE, leader dans le domaine des technologies de simulation en santé. Ces crédits d’impôt, instaurés il y a plusieurs années, ont bien servi le Québec. Maintenant, ce dont il faut s’assurer, c’est que les sociétés étrangères qui viennent ici et qui bénéficient des crédits d’impôt paient leur juste part, et c’est le cas de Ubisoft, qui crée de la richesse pour le Québec. Mais cela n’exclut pas qu’il y aura des ajustements à faire puisqu’il y a plusieurs crédits d’impôt (multimédia, cinéma, etc.).

4. Dans quel type de projets et de technologies faut-il impérativement investir?

Nous ne sommes que 8,5 millions d’habitants au Québec. On ne peut prétendre à l’excellence dans tout. C’est pourquoi le gouvernement doit cibler les zones d’innovation où il est possible de gagner et d’attirer de grands joueurs mondiaux : l’aéronautique, la filière de la batterie avec Alstom, la filière de l’hydrogène, les centres de recherche, l’aluminium vert, la médecine personnalisée où l’IA va jouer un grand rôle, etc.

5. Le Québec a-t-il un rôle à jouer dans le secteur de l’innovation et des technologies pour répondre aux urgences et préoccupations d’enjeu mondial? Par exemple, le réchauffement climatique, la crise sanitaire, les conflits politiques…

Absolument. Il faut démocratiser la science et l’innovation, et en faire la valorisation en éducation. Les jeunes sont un peu sceptiques quant aux bénéfices de la recherche pour la société. Il faut qu’ils aient de bons professeurs et de bonnes écoles. Je pense à l’organisme Réseau technoscience, ou encore aux institutions muséales, et à tout ce qui aide à convaincre les jeunes du fait que la science est importante pour régler nos problèmes sociétaux. Ensuite, lorsqu’on parle des Fonds de recherche de M. Quirion, il ne faut pas en oublier les volets société, nature et santé.

Quant aux problèmes liés à l’utilisation du CO2, je crois que la solution émanera de technologies qui n’existent pas encore. Raison de plus pour encourager les dimensions environnementale et sociétale de l’innovation. Le Québec a des énergies renouvelables abondantes,  et 18 universités. Investir dans les enjeux de société est ce qui montrera de façon plus convaincante aux jeunes que la science est au rendez-vous.

Voir les réponses des autres partis :

Crédit Image à la Une : Pierre Fitzgibbon, vidéo CScience