Quand l’intelligence artificielle et l’éducation travaillent main dans la main

Quand l’intelligence artificielle et l’éducation travaillent main dans la main

L’intelligence artificielle (IA) ne cesse d’évoluer et de prendre une place de plus en plus grande en éducation. Malgré son lot de défis et d’enjeux, l’IA peut être une aide considérable en éducation, tant pour les professeurs que pour les élèves, selon les experts et enseignants rassemblés par l’Association pour l’enseignement de la science et de la technologie au Québec (AESTQ) lors de la conférence L’éducation et intelligence artificielle.

Quatre experts en technologie et en enseignement ont pris part à ce panel au Centrexpo Cogeco Drummondville, animé par Jean-Daniel Doucet, vulgarisateur scientifique, et Marie-Paule Jeansonne, présidente-directrice générale du Forum IA Québec. Les panélistes étaient réunis pour discuter de l’utilité de l’IA en éducation, dans le cadre du congrès de l’AESTQ, Pour des citoyens éthiques à l’ère de l’IA, le jeudi 20 octobre.

D’entrée de jeu, le pouls de la salle est presque unanime : expliquer l’intelligence artificielle en classe est une inquiétude pour plusieurs centaines d’enseignants qui peinent à tracer un portrait clair de cette notion. En guise d’introduction, Marie-Paule Jeansonne résume les deux grandes catégories d’IA : l’intelligence statistique et l’intelligence symbolique.

Comment différencier l’intelligence statistique de l’intelligence symbolique?

  • L’IA symbolique s’appuie plutôt sur une série de règles logiques prédéfinies.
  • L’IA statistique effectue des recherches dans de grandes quantités de données des tendances et des corrélations difficilement identifiables par l’humain. Cette forme d’intelligence comprend l’apprentissage automatique (machine learning) et l’apprentissage profond.

Afin d’illustrer ce qui différencie ces deux types de systèmes, Marie-Paule Jeansonne donne l’exemple des choix que ferait un robot lors d’une partie d’échecs. « Un système d’IA symbolique pourrait choisir les coups à faire en fonction d’une série de règles. […] Un système d’IA statistique pourrait plutôt apprendre quels mouvements sont souhaitables en analysant les données provenant d’un très grand nombre de parties précédentes », illustre l’animatrice.

L’IA à la rescousse des élèves

Si le fonctionnement de l’IA semble complexe pour nombre de professeurs, son utilisation s’avère parfois très simple pour les élèves, grâce à des ressources en ligne qui sont accessibles et simples à utiliser. Différentes initiatives, comme Alloprof, viennent directement en aide aux élèves. « Quand un élève pose une question dans la zone d’entraide, des algorithmes font de la reconnaissance de langage afin de lui proposer des pistes d’aide et de réponses [qui sont] écrites par des professeurs et des pairs aidants », explique Jean-François Pilon, directeur des technologies d’Alloprof. Cet outil aide les étudiants dans l’immédiat, à toute heure de la journée, pour la grande majorité des matières scolaires.

L’IA peut également aider à motiver les élèves. Manon Légaré, enseignante au primaire, a d’ailleurs utilisé de la programmation de robots en lien avec un travail d’écriture : « Les élèves étaient très engagés, très motivés, même les élèves en difficulté l’étaient. […] En tant que professeur, il faut oser apprendre et découvrir l’intelligence artificielle », souligne Mme Légaré, qui est aussi conseillère en pédagogie numérique au Plan d’action numérique (PAN) au ministère de l’Éducation.

L’IA comme moyen de gagner du temps en classe

« L’IA, c’est avant tout un outil », lance Delphine Le Serre, spécialiste de l’enseignement supérieur et de la transformation numérique. Selon elle, cette forme d’intelligence peut venir en aide aux professeurs de deux principales manières. D’une part, elle permet de proposer des recommandations personnalisées pour chaque professeur. En plus d’offrir des recommandations d’exercices convenant pour tous les élèves, l’IA peut aussi fournir aux professeurs un ensemble de données pour suivre le parcours de leurs élèves, tout en prédisant leurs comportements, besoins et risques de décrochage.

D’autre part, l’IA peut aussi alléger certaines tâches des professeurs, leur faisant gagner du temps pouvant être réinvesti en classe. La plateforme Zelexio réduit la charge de travail des professeurs en optimisant la gestion des évaluations. Une approche qui permet aux professeurs de récupérer « 70% du temps voué aux processus d’évaluation », avance Stéphanie Loiseille, co-fondatrice de la plateforme. Zelexio dresse le dossier pédagogique complet de l’élève, tant pour ce qui est de la pédagogie que des résultats scolaires et du bien-être de l’élève.

Malgré le nombre grandissant d’initiatives et outils en IA produits ici, il manque grandement de personnes travaillant dans le domaine au Québec. « Le milieu scolaire n’est souvent pas prêt [à l’adoption de l’IA]. Il faut former plus de jeunes, c’est dès maintenant que ça commence, parce que nous ne sommes pas prêts pour le futur », conclut Marie-Paule Jeansonne.

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Crédit Image à la Une : Léonie Poulin