[CONGRÈS AESTQ] L’IA et la science : un mariage parfait?

[CONGRÈS AESTQ] L’IA et la science : un mariage parfait?

L’accélération de la recherche scientifique amenée par l’intelligence artificielle est indéniable. Toutefois, ces avancées technologiques inquiètent certains. L’IA est-elle en train de remplacer l’humain? Comment intéresser les jeunes à l’IA en science? Hier, quatre panélistes se sont penchés sur ce type de questionnement lors de la conférence IA en science et en recherche, dans le cadre du congrès Pour des citoyens éthiques à l’ère de l’IA de l’AESTQ.

Mylène Deschênes, directrice des affaires éthiques et juridiques aux Fonds de recherche du Québec (FRQ), note que le progrès de l’IA au Québec est incessant, et ce, dans une multitude de domaines. Parmi les projets financés par les FRQ, on retrouve la conception de neuroprothèses intelligentes et de la justice prédictive, entre autres.

Si l’IA prend de plus en plus d’espace dans notre société, particulièrement en science, peut-on craindre qu’une certaine forme de paresse s’installe chez les scientifiques et que l’IA les remplace? Le professeur agrégé en informatique à l’Université McGill Jérôme Waldispühl estime que « nous avons fait d’immenses progrès en intelligence artificielle, nous faisons des choses que nous ne pensions pas possibles si tôt dans l’histoire […] mais que la machine a aussi ses limites. »

Simon Coulombe, professeur agrégé au Département des relations industrielles de l’Université Laval, abonde dans le même sens que M. Waldispühl. M. Coulombe souligne que l’ampleur des défis actuels dépasse parfois les capacités des technologies : « Pour l’instant, dans certaines sciences, c’est encore un défi de faire de la recherche avec de l’intelligence artificielle. Ça prend davantage de persévérance que de paresse pour le moment », rappelle-t-il lors du panel animé par Jean-Daniel Doucet et Marie-Paule Jeansonne. Il mentionne aussi que l’IA n’est souvent pas en mesure de remplacer les analyses d’experts pour donner de la profondeur aux données.

Intéresser le public à la science grâce aux technologies

Les panélistes s’entendent tous : l’IA s’avère être un moyen utile afin d’intéresser le public à la science. Jérôme Waldispühl a contribué à lancer le jeu vidéo Borderlands Science, dans lequel les joueurs résolvent des casse-têtes constitués de séquences d’ADN. Les résultats des joueurs sont par la suite utilisés par des scientifiques afin d’analyser le microbiote intestinal humain. Une méthode qui unit « l’humain et la machine pour tirer le meilleur parti des deux », avance-t-il.

Quand on veut faire de la science citoyenne, il faut aller vers les gens, il ne faut pas attendre que les gens viennent. […] On peut rendre la science accessible à tout le monde.

– Jérôme Waldispühl, professeur agrégé en informatique à l’Université McGill

Quand on veut faire de la science citoyenne, il faut aller vers les gens, il ne faut pas attendre que les gens viennent […] On peut rendre la science accessible à tout le monde.

Rendre la recherche ludique encourage le public à davantage y prendre part, croit Simon Coulombe. L’an dernier, il a co-développé Damagotchi, une application mobile pour le web qui tente de mieux comprendre et de prédire le comportement électoral des individus. Les participants répondent à une série de questions, et un algorithme tente de prédire leur intention de vote. Plus il y a de participants, plus efficace devient l’algorithme, d’où l’importance de susciter l’intérêt de la population pour ce type d’étude. « En sciences sociales, les gens ne reçoivent pas toujours de retour, ce qui limite l’engagement et la motivation à participer [à des projets de recherche] », soulève-t-il.

Les panélistes souhaitent aussi voir davantage d’initiatives d’IA en science ciblant les jeunes, et insistent sur leur importance pour l’avenir du développement des sciences et des technologies. « J’ai hâte de voir [grandir] vos jeunes qui sont nés avec l’informatique » dit Mylène Deschênes en s’adressant au public constitué en grande partie de professeurs, « eux et elle, quand ils vont saisir l’IA, que vont-ils en faire? Je compte sur vous pour en faire des personnes qui sont critiques face à la science et qui vont poser des questions pour comprendre comment elle fonctionne. »

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Crédit Image à la Une : Alexandre Guay