[ENTREVUE AVEC ÉRIC CAIRE] Une identité numérique en 2023

[ENTREVUE AVEC ÉRIC CAIRE] Une identité numérique en 2023

On nous avait promis pour cet été une identité numérique, un outil regroupant les données des dossiers des Québécois de manière à ce qu’ils soient accessibles en ligne, grâce à un identifiant et à un mot de passe. Si le déploiement du projet a mis un peu plus de temps que prévu à se concrétiser, il est bel et bien avancé, et l’identité numérique, elle, en voie d’être livrée. C’est hier, au Palais des congrès de Montréal, lors de la première journée du Forum international de la cybersécurité, que CScience a rencontré le ministre de la Cybersécurité et du Numérique, Éric Caire, pour prendre le pouls de cette initiative et en comprendre les implications.

Où en est le projet ?

Cet été, le Service québécois de l’identité numérique (SQIN) a été déployé sur notre nouveau programme de « prime aux bogues » pour en tester la solidité et la robustesse. En six semaines, ça s’est très bien passé, et on en est très contents. On en est maintenant à tester la production. Notre premier client, c’est le Ministère de la Famille (MFA), pour 30 000 utilisateurs qui utilisent le service d’authentification gouvernementale relevant du SQIN.

À quand la livraison de l’identité numérique à la population québécoise ?

On prévoit déployer l’identité numérique au début de l’année 2023 pour les différents services qui y seront déjà adaptés, parce qu’il y a des prestations de services numériques qui étaient déjà compatibles avec la plateforme clicSÉQUR, mais pour lesquelles il faudra développer des interfaces qui vont permettre, à partir de clicSÉQUR, de les installer sur le service québécois de l’identité numérique.

« Ce qu’il faut retenir, c’est que le SQIN est prêt. Il a été déployé, et est en production avec le MFA. Il ne reste plus qu’à y arrimer les différents services numériques qui seront offerts. »

– Éric Caire, Ministre de la Cybersécurité et du Numérique

Ce qu’il faut retenir, c’est que le SQIN est prêt. Il a été déployé, et est en production avec le MFA. Il ne reste plus qu’à y arrimer les différents services numériques qui seront offerts.

Ne plus avoir à trimbaler ses cartes d’assurance et d’hôpital, son permis de conduire, à chercher son certificat de naissance ou de mariage, ça semble bien pratique. Or, pour la plupart des Québécois, l’identité numérique évoque surtout la centralisation de données les concernant. Beaucoup craignent de numériser leurs dossiers, et pensent que la protection de leurs données en sera compromise. Que dire aux réfractaires et aux sceptiques quant aux bénéfices de l’identité numérique ?

Éric Caire. (Photo : Chloé-Anne Touma)

D’abord, avoir un service unique, et centraliser l’information, ce sont deux choses différentes. On ne centralise pas l’information avec l’identité numérique. L’information sera fractionnée. Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’avec les systèmes actuels, les informations d’un même individu peuvent être répliquées à des centaines de reprises, ce qui multiplie les surfaces d’attaque exploitables pour voler les renseignements d’identité des citoyens. L’idée, avec l’identité numérique, c’est d’éliminer ces surfaces d’attaque, en ayant un endroit unique où certaines informations sont conservées, tout en décentralisant les informations qui concernent l’individu. On diminue ainsi le dégât potentiel d’une attaque réussie.

Cela veut dire que si l’on s’attaque à la banque de données de l’identité numérique, on aura accès à seulement quelques informations, et non pas aux données de santé, financières ou académiques qui, elles, seront ailleurs. C’est donc un modèle décentralisé, mais qui limite la réplique des informations, diminuant les surfaces d’attaque pour une sécurité renforcée, et donc, une meilleure protection des renseignements des Québécois.

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Crédit Image à la Une : Jonathan Chodjaï, CScience