Quels sont les défis liés à l’intégration des technologies de la 5G ?

Quels sont les défis liés à l’intégration des technologies de la 5G ?

Bien que son acceptabilité sociale ne soit pas encore acquise, le déploiement de la 5G (5e génération de la connectivité sans fil) suit son cours au Québec et dans le reste du monde. Si l’on en croit les dernières prévisions de l’entreprise suédoise de télécommunications Ericsson, elle s’apprête à franchir le cap du milliard d’utilisateurs en 2022. D’une vitesse de réseau 100 fois plus rapide que celle de la 4G, soit de 10 gigabits par seconde, et d’une latence à moins de 10 millisecondes, la 5G reste toutefois encore polarisée, amenant aussi son lot de défis.

Quels sont les enjeux liés à son intégration, et de quels outils se doter pour y faire face ? C’est la question à laquelle s’attardent cette semaine CScience, ainsi que de nombreux experts mobilisés lors d’événements phares de l’innovation locale et internationale.

Les défis selon le type de clientèle

Lors de la conférence Amazon Web Services (AWS) re:Invent, qui s’est déroulée il y a quelques jours en présentiel à Las Vegas, ainsi qu’en virtuel, le directeur de la gestion de produit à EC2 Edge AWS, Amir Rao, a rappelé qu’il y avait deux profils de clients à considérer pour aborder les défis liés à la 5G : les opérateurs et les entreprises.

« Avec son lot de possibilités, la 5G amène aussi beaucoup de complexité. »

– Amir Rao, directeur de la gestion de produit à EC2 Edge AWS

Les défis des opérateurs

Amir Rao. (Photo : capture d’écran)

« À quoi pensent les opérateurs lorsqu’ils déploient la 5G pour les entreprises ? Ils doivent mettre en place un service infonuagique, car le modèle inhérent du réseau de la 5G relève du virtuel. Ils doivent maintenir ce réseau, s’attarder aux opérations quotidiennes, à l’automatisation, à l’approche CI/CD (qui permet d’augmenter la fréquence de distribution des applications), à la fiabilité du réseau, à toutes ces choses qu’on mettait autrefois dans une boîte noire dont les lumières rouge, verte, bleue et jaune indiquaient si le réseau était fonctionnel ou non. Aujourd’hui, ce n’est plus aussi simple. Avec son lot de possibilités, la 5G amène aussi beaucoup de complexité », a fait valoir M. Rao.

Les défis des entreprises

Mark Duesener. (Photo : capture d’écran)

Le deuxième profil de client à considérer est celui des entreprises. « Nous entendons parler des champs de possibilités qu’ouvre la 5G, allant de l’Internet des objets, à la réalité augmentée, en passant par les véhicules connectés. Mais qu’est-ce que cela veut dire, concrètement? Cela veut dire qu’une entreprise telle qu’un client des industries pharmaceutique, automobile ou manufacturière voudra une connectivité sur demande et sécurisée, de la data souveraine, et faire des tests rapidement. »

Mark Duesener, vice-président exécutif des services de réseau mobile chez Swisscom, également conférencier à l’événement, estime que la révolution amenée par la 5G est comparable à celle de l’automobile, avec l’électrification des véhicules : « Tesla et l’ancienne BMW, par exemple, se ressemblent, mais leur vraie différence est sous la surface. Elle relève de l’engin et de la manière dont il est propulsé », a-t-il illustré. Selon lui, « c’est ce qui se passe avec l’industrie (des fabricants de télécommunications) », en ce que sa transformation n’est pas encore évidente ou apparente, bien qu’inévitable.

Les défis locaux

Sur la scène locale, le programme ENCQOR, initiative du Québec et de l’Ontario pour accélérer la création de nouveaux produits et services sollicitant la 5G, a aidé des centaines d’entreprises œuvrant dans des domaines comme le transport, les véhicules autonomes, le secteur minier, le manufacturier, l’agriculture, les villes intelligentes, les télécommunications et la réalité augmentée. Dans notre émission C+ Clair, offerte dès aujourd’hui sur nos canaux, nous abordons justement les défis que la pandémie a exacerbés quant au déploiement de la 5G, soit le manque de main-d’œuvre et de candidats expérimentés, l’évolution du marché de la demande, et l’approvisionnement de composantes essentielles, et la manière dont le programme ENCQOR a permis aux PME d’y répondre.

250 000, c’est le nombre d’emplois permanents à temps plein qui seront créés pour et grâce à la 5G d’ici 2026 au Canada.

– Association canadienne des télécommunications sans fil (CWTA)

Des besoins en ressources humaines

Selon l’Association canadienne des télécommunications sans fil, rien qu’au Canada, ce sont 250 000 emplois permanents à temps plein qui seront créés pour et grâce à la 5G d’ici 2026. L’enjeu sera de combler ces postes, malgré une pénurie de candidats et la nouveauté des expertises requises.

Des besoins en multicloud

La pandémie ayant propulsé le télétravail et le divertissement en ligne, le besoin de services multicloud s’est vu multiplier, le trafic de données mobiles ayant grimpé de 42 % en 2019, pour atteindre 1 704 pétaoctets selon Accenture. On a donc eu besoin de systèmes plus performants, et donc de la 5G dans plusieurs secteurs d’activités où l’utilisation de la donnée était importante, comme les jeux vidéo et la réalité augmentée, en pleine révolution.

Semi-conducteurs. (Photo : Getty)

Des besoins en approvisionnement

Enfin, le déploiement de la 5G implique beaucoup d’investissements en capital, notamment pour se procurer certaines composantes, comme les semi-conducteurs dans les terminaux.

Selon un rapport du cabinet de la recherche Gartner, en 2021, les revenus mondiaux du marché des semi-conducteurs ont augmenté de 13,6 %, profitant notamment à ses plus grands exportateurs, comme Taïwan, d’où proviennent 63 % des semi-conducteurs du monde.

Crédit Image à la Une : James Yarema et Kabiur Rahman Riyad