COP15 – Protéger la survie de nos caribous grâce aux technologies innovantes

COP15 – Protéger la survie de nos caribous grâce aux technologies innovantes

La 15e Conférence des Parties sur la biodiversité (COP15) a débuté mercredi dernier au Palais des Congrès. S’étalant sur deux semaines, l’événement rappelle l’urgence d’agir pour la lutte contre les changements climatiques. Envoyée sur le terrain, notre journaliste Patricia Gautrin vous fait le résumé des tables rondes auxquelles elle a assisté, en plus d’en faire ressortir les solutions technologiques innovantes, aujourd’hui mises de l’avant pour préserver la biodiversité.

Si « l’humanité est une arme de destruction massive », comme l’a exprimé le Secrétaire Général des Nations Unies António Guterres, en ouverture du Sommet, l’humanité, elle-même, doit réparer ses torts et restaurer les écosystèmes pour y faire renaître la biodiversité. Bien que la destruction en soit avancée, les dommages sont rattrapables, mais il faut agir vite et de manière concertée. Le but de cette Conférence des Parties est donc d’établir de nouveaux objectifs clairs et atteignables d’ici 2030, pour restaurer et protéger la biodiversité.

Le caribou canadien est aujourd’hui une espèce menacée

Tina Giroud, des Premières Nations de Saskatchewan en compagnie de la représentante des Innus, à sa droite. (Photo : Patricia Gautrin)

Alors que des espèces sont de plus en plus menacées, et que même le Canada, avec ses immenses étendues de forêt, met en danger la survie des caribous, l’heure est aux initiatives concrètes de restauration et de protection des habitats naturels.

« Le caribou est un animal sacré pour les Innus. »

Représentante des Innus

Comment les technologies innovantes apportent-elles des solutions concrètes pour l’observation et la protection de toutes les espèces vivantes ?

Au Pavillon Canadien, CScience a assisté à un panel alarmant de La Société pour la nature et les parcs du Canada (SNAP Canada) portant sur la situation critique dans laquelle nous avons mis nos caribous en raison de la déforestation massive dans le Grand Nord. Les activités humaines ont entraîné la perte, la dégradation et la fragmentation de l’habitat du caribou forestier, augmentant le niveau de prédation (loups, ours) et raréfiant les proies (orignal, chevreuil).

Les lois actuelles et les projets porteurs pour les caribous forestiers

Matthew Munson

Matthew Munson, représentant des Premières Nations d’Alberta décrivant ses initiatives. (Photo : Patricia Gautrin)

Le caribou forestier est protégé en tant qu’espèce menacée à l’échelle du Canada par la Loi sur les espèces en péril (LEP) de 2003. Au Québec, le caribou forestier a obtenu le statut d’espèce vulnérable en vertu de la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables (LEMV) en 2005. De plus, le gouvernement québécois siège actuellement sur la Table des partenaires pour la mise en œuvre du Plan d’action sur l’aménagement de l’habitat du caribou forestier en vue d’une nouvelle stratégie prévue pour 2023 et impose une interdiction complète de la chasse au caribou forestier depuis 2001.

Le projet Pakatakan de La Société pour la nature et les parcs du Canada vise à protéger des terres sacrées des Innus, et également la survie du caribou. Le caribou est considéré par cette Première Nation comme étant un animal sacré, pour avoir permis à son peuple de subsister pendant des centaines d’années, se nourrir, se doter d’outils et de vêtements pour braver des froids extrêmes.

Steven Guilbeault

Steven Guilbeault , Ministre fédéral canadien de l’Environnement et du Changement climatique à la COP15. (Photo : Patricia Gautrin)

« Nous visons l’atteinte de la cible de 30% de protection des milieux terrestres et marins d’ici 2030 », soutient La Société pour la nature et les parcs du Canada. Un objectif qui sera atteint avec des subventions gouvernementales, mais surtout grâce à des technologies innovantes permettant d’observer, de restaurer et de protéger les habitats naturels.

Il faut savoir qu’à l’échelle canadienne, on est encore très loin d’une cible de 30 % en 2030, avec actuellement près de 13% de protection du territoire terrestre et aquatique, et 9% de protection du territoire marin.

OBSERVER LA BIODIVERSITÉ

L’intelligence artificielle permet aujourd’hui de réaliser l’observation des espèces vivantes en temps réel et continu, avec une précision toujours plus grande. L’organisation québécoise GEO-BON de l’Université McGill s’attèle à améliorer l’acquisition des données et à perfectionner la coordination des initiatives pour la biodiversité. Elle vise à développer un réseau mondial d’observation de la biodiversité et de services écosystémiques.

Huang Runqiu, Président de la COP15 et Ministre de l’écologie et l’Environnement de la Chine en ouverture du Sommet. (Photo : Patricia Gautrin)

L’organisation offre un cadre de référence pour les Parties, membres de la Conférence, comprenant une série d’indicateurs permettant de mesurer les progrès par rapport aux objectifs nationaux et internationaux. Les indicateurs examinent les avancées sur la protection et sur la restauration de la biodiversité, avec des indices de risque et des lignes rouges à ne pas dépasser.

L’observation se fait grâce à une multitude de capteurs de données. Depuis le début des années 1980, l’Alberta effectue le suivi des populations de caribous en munissant des femelles adultes de colliers radio-émetteurs.

Les caméras intelligentes intègrent et analysent la différentiation visuelle des espèces et des individus. L’enregistrement intelligent du chant des oiseaux offre des analyses pointues sur le déplacement, le comportement et la variété des oiseaux. Par ailleurs, les données satellitaires permettent de suivre le déplacement des espèces. Enfin, d’autres technologies utilisent des données biométriques pour identifier les différenciations génétiques et suivre les individus. Toutes ces technologies innovantes sont testées et améliorées par les Nations réunies. La COP15 est une occasion formidable pour le partage du savoir dans ce domaine.

RESTAURER LES ÉCOSYSTÈMES

Directrice de la 15e Conférence des Parties, la Chine occupe une place très importante dans les négociations. Leurs solutions technologiques sont mises de l’avant et, parmi celle-ci, la réalisation de Parcs Nationaux expérimentaux m’a semblée intéressante.

Pavillon chinois

Pavillon chinois, COP15. (Photo : Patricia Gautrin)

La restauration de l’écosystème des habitats naturels demande beaucoup plus d’initiatives, de financement, de ressources et de technologies que la seule observation. C’est la raison pour laquelle, la Chine met la science et la technologie à la disposition de la nature pour étudier la restauration écologique du territoire national. Elle utilise un cadre théorique de la relation homme-terre comme guide. Les systèmes qui gouvernent les Parcs expérimentaux intègrent alors l’écologie du territoire et proposent des solutions réalignant les pratiques locales de l’écologie.

En définitive, considérant que les espèces sont menacées en raison de l’activité humaine, qui modifie l’écosystème nécessaire à la vie animale, les stratégies de préservation de la biodiversité doivent réguler ces activités. Les technologies ne se limitent donc plus à l’observation ni à la protection de territoires, elles doivent restaurer les écosystèmes. Or, en restaurant et en rebâtissant ces milieux naturels, on exerce un contrôle sur la prédation. En viendrons-nous alors à contrôler le comportement des prédateurs principaux que sont devenus les humains?

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Crédit Image à la Une : Unsplash