[SANTÉ] Miser sur une approche d’innovation collaborative et intersectorielle

[SANTÉ] Miser sur une approche d’innovation collaborative et intersectorielle

Calfeutré par de nombreux défis, le système de santé du Québec commande que l’on s’attarde à renforcer ses fondations. Pour répondre à ces enjeux, des acteurs de l’innovation proposent une approche collaborative et intersectorielle pour revitaliser les systèmes de soins.

Reportage d’Audréanne Gariépy et Chloé-Anne Touma.


C’est en présence d’une importante assemblée de 850 convives que se tenaient plusieurs conférences orientées sur une approche d’innovation collaborative, lors de l’événement Innove-Action CHUM, le 13 mars au Centre hospitalier de l’Université de Montréal, en partenariat avec le Quartier de l’innovation en santé de Montréal et la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.

Un système plus durable et résilient

Comment innover pour améliorer la durabilité et la résilience du système de santé ? C’est à cette question que répondait la conférence présentée par AstraZeneca, à l’amphithéâtre Pierre-Péladeau devant une salle comble. Abordant la durabilité et la résilience du système de santé, sous l’angle de la collaboration intersectorielle, les panélistes y ont reconnu, dans un premier temps, les forces et faiblesses du système de santé au Québec, tout en rappelant les défis auxquels la population et les travailleurs du réseau ont été confrontés durant la pandémie.

De cet échange, qui réunissait le directeur des Affaires gouvernementales pour AstraZeneca au Québec, Patrick Bergeron, la patiente-partenaire Sylvie Breton, le directeur scientifique de l’Unité de soutien SSA Québec, Antoine Groulx, et la directrice générale de la Coalition priorité cancer au Québec, Eva Villalba en tant que modératrice, un mot important est ressorti : résilience.

« Nous avons vu à quel point il y avait des opportunités pour faire les choses autrement, spécialement en écoutant les gens du terrain », a amené Mme Villalba.

« Lors de la pandémie, on a vraiment vu émerger des disparités extrêmement préoccupantes entre certains groupes de la société », a renchéri M. Groulx, mentionnant au passage le manque de transparence en matière de données au Québec, qu’il estime occasionner un retard.

« Les ordres professionnels ont progressivement décloisonné certaines activités de traitement. Par exemple, on voit maintenant des pharmaciens initier des suivis. Aussi, on voit un rôle élargi pour le personnel infirmier et pour les physiothérapeutes. »

– Antoine Groulx, directeur scientifique de l’Unité de soutien SSA Québec

Le modèle du PHSSR (Partnership for Health System Sustainability and Resilience), lancé par la London School of Economics (LSE), le Forum économique mondial (FEM) et AstraZeneca en mars 2020, était notamment montré en exemple pendant la conférence, son objectif étant d’améliorer la santé de la population, pendant et après la pandémie.

Cette collaboration mondiale entre organisations a en effet permis de lancer un rapport canadien, qui examine sept domaines clés des systèmes de santé du Canada : le financement, la gouvernance, la main-d’œuvre, les médicaments et la technologie, la prestation de services, la santé de la population et la durabilité de l’environnement. Les recommandations émises par ce rapport, proposant des politiques exploitables pour créer des systèmes de santé prêts pour l’avenir, serait donc un modèle duquel s’inspirer.

La conférence a montré que plusieurs stratégies ont été appliquées afin de rendre notre système de soins plus participatif pour tous. « Les ordres professionnels ont progressivement décloisonné certaines activités de traitement. Par exemple, on voit maintenant des pharmaciens initier des suivis. Aussi, on voit un rôle élargi pour le personnel infirmier et pour les physiothérapeutes », a affirmé M. Groulx.

Solliciter la collaboration de la population

Mais comment rendre les citoyens partie prenante de l’innovation en santé ? Une chose est sûre, la pandémie aura apporté quelques pistes en la matière. C’est du moins ce qu’ont démontré les participants de la table tonde, « L’engagement citoyen dans la transformation numérique de notre système de santé ».

Les échanges étaient menés par la directrice scientifique des Fonds de recherche du Québec en santé, Carole Jabet, et par la Vice-rectrice à la recherche, à la découverte, à la création et à l’innovation à l’Université de Montréal, Marie-Josée Hébert, en compagnie de la Coordonnatrice administrative du département de radio-oncologie, DSM au CHUM, Caroline Parent, du patient partenaire du CEPPP au CHUM, Marcel Labelle, du responsable du défi numérique de Chemins de transition, Martin Deron, de la Directrice générale de l’Observatoire international sur les impacts sociétaux de l’intelligence artificielle et du numérique (OBVIA), Lyse Langlois, et de la coordonnatrice à l’Accès aux données TNDR au CRCHUM, Cécile Petitgrand.

La pandémie a propulsé l’usage de certains outils numériques, notamment en ce qui a trait au diagnostic, à certains traitements et types de soutien aux patients, dans un contexte où la distance sociale était de mise. Mais cette transformation numérique du système de santé ne s’est pas accélérée sans amener son lot de défis, ne serait-ce qu’en matière d’éthique et de sécurité des données. Pensons, par exemple, aux outils reposant sur l’intelligence artificielle, tels que les applications de traçage de contact, qui n’ont pas fait l’unanimité au sein de la population. Les scientifiques planchent aussi de manière plus prononcée sur les défis climatiques et enjeux environnementaux liés aux outils numériques, ce qui n’est pas sans alimenter les réflexions dans le contexte sanitaire.

C’est dans cette optique que les panélistes ont abordé les enjeux et promesses de la transformation numérique en santé, en insistant sur le rôle clé de l’engagement citoyen dans son orientation.

Une façon commune de penser

Après la pause-café, le ministre de la Santé, Christian Dubé, a fait le point concernant les avancées en santé. Il s’est alors voulu rassurant, se disant informé de la situation inquiétante qui s’observe dans les hôpitaux, tout en maintenant qu’il fallait unir nos forces.

« Il ne s’agit pas seulement de prendre plus de personnes en charge, mais aussi d’avoir plus d’infirmières et plus de préposés aux bénéficiaires. Il n’est pas normal que pour une infirmière ayant terminé l’école, il faille attendre 25 ans avant de prendre des vacances en même temps que son conjoint », a lancé M. Dubé.

Tout comme le directeur scientifique de l’Unité de soutien SSA Québec, Antoine Groulx, le ministre a conclu que le manque de personnel était inquiétant, et qu’il fallait solliciter l’implication de tous pour l’avenir, d’une quelconque façon.

« La prévention fait partie du plan de santé, mais on dirait que nous n’avons jamais le temps de regarder ces choses-là, qui sont, je dirais, encore plus importante maintenant puisque nous les avons mises de côté (en raison de la pandémie) », a-t-il précisé.

« Nous allons en demander beaucoup, à tout le monde. De cette façon, nous verrons de réels changements. Je crois que nous sommes dans la bonne direction », a complété M. Dubé.

Cet événement d’envergure symbolise la volonté commune du milieu des affaires et du domaine de la santé d’avancer collectivement afin de moderniser et d’assurer l’avenir de notre système de santé.

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Crédit Image à la Une : Table ronde « L’engagement citoyen dans la transformation numérique de notre système de santé », lors d’Innove Action au CHUM