Mitacs : 6000 stages pour propulser l’innovation de manière inclusive et démocratisée

Mitacs : 6000 stages pour propulser l’innovation de manière inclusive et démocratisée

Le 15 mars, à l’occasion d’un cocktail en l’honneur de l’organisme Mitacs, l’écosystème de l’innovation industrielle et sociale était convié à l’Hôtel William Gray, à Montréal, pour souligner les efforts menés et réitérer leurs engagements communs, au profit de la recherche et des partenariats entre acteurs clés de l’innovation.

En tant que tisseur de liens principal entre le secteur privé et les universités, Mitacs a pour mission d’œuvrer pour favoriser la collaboration étroite entre le milieu postsecondaire et les entreprises, et les échanges internationaux, afin de contribuer à relever les défis organisationnels que connaissent les entreprises, au Canada comme à l’étranger.

En tant qu’organisme national sans but lucratif, Mitacs s’allie donc aux universités, au secteur privé et au gouvernement canadien pour offrir des programmes de recherche et de formation dans les domaines liés à l’innovation industrielle et sociale.

64,6 millions de dollars, c’est ce qu’octroiera en cinq ans le gouvernement du Québec à Mitacs pour le financement de 6 000 stages

Pour continuer de mener à bien sa mission, Mitacs bénéficiera d’ailleurs d’un investissement du gouvernement du Québec, à hauteur de 64,6 millions de dollars, qui s’étendra sur cinq ans, soit de 2023 à 2027, destiné à financer des stages en innovation. Ce financement sera octroyé dans le cadre de la Stratégie québécoise de recherche et d’investissement en innovation (SQRI2).

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« S’ajoutant aux 2,5 millions de dollars que le gouvernement fédéral a commencé à nous verser pour la création de 250 stages, ce montant de 64,6 millions de Québec va vraiment propulser les stages en entreprise, partout à travers la province », s’enthousiasme Philippe Gervais, président du conseil d’administration de Mitacs.

Un marché attractif

John Hepburn, PDG et directeur scientifique de Mitacs, et Philippe Gervais, président du conseil d’administration de Mitacs. (Photos : Chloé-Anne Touma)

« On parle de 6 000 stages qui seront faits cette année », se targue John Hepburn, le PDG et directeur scientifique de Mitacs, en entrevue avec CScience. « Ce que nous faisons, c’est que nous créons des expériences pour les étudiants, principalement ceux qui se spécialisent jusqu’au troisième cycle, à la maîtrise ou au niveau postdoctoral, afin qu’ils travaillent sur des projets de recherche appliquée, en partenariat avec les entreprises et les universités. »

Également présente au cocktail, Nathalie Gingras-Royer, atteinte d’une déficience visuelle, a elle-même fait un stage Mitacs au sein de l’entreprise VMware, pour élaborer une application destinée aux personnes dont la vision est altérée. « Lorsqu’on m’a approchée pour ce mandat avec VMware, je me suis vite sentie interpellée, parce que tout ce qui touche aux technologies en lien avec la déficience visuelle relève de mon champ de prédilection. » Elle se dit la preuve vivante du succès et de l’attrait des programmes Mitacs pour les étudiants ayant son parcours, mais aussi pour les entreprises.

« Nos équipes ont le mandat d’aller cogner aux portes des entreprises pour discuter avec leurs PDG et identifier leurs besoins, renchérit M. Gervais. Les représentants de Mitacs amènent ainsi les dirigeants d’entreprise à voir, lorsqu’ils ne le soupçonnent pas, le potentiel d’engager un étudiant pour un projet d’innovation. L’idée est donc vraiment de démocratiser l’innovation auprès des entreprises et PME de tous les secteurs, car beaucoup de gens associent l’innovation aux technologies et appareils connectés dernier cri qui ne leur seraient pas destinés ou qui seraient trop imposants. C’est ce qu’il faut démystifier. Dans le secteur de l’aéronautique, par exemple, l’innovation ne se fait pas que chez Bombardier, mais à tous les niveaux de la chaîne d’approvisionnement et des fournisseurs. »

Un retard d’adoption à pallier

Selon les données du Conseil de l’innovation du Québec, les entreprises québécoises accusent d’ailleurs un retard en innovation puisque seulement 5,6 % de leurs revenus sont investis en recherche et développement, une proportion à peine plus encourageante en Ontario (6,6 %).

« Bien que le Canada se démarque de façon remarquable en ce qui a trait à l’éducation et aux programmes universitaires, il pourrait faire beaucoup mieux en matière d’investissement en recherche et développement, et d’adoption de l’innovation, parce que l’écosystème à tendance à ne pas prendre assez de risques. »

– Tashmia Ismail, cheffe du développement des affaires chez Mitacs

Amenée à commenter cette réalité, la cheffe du développement des affaires chez Mitacs, Tashmia Ismail, soutient que « Bien que le Canada se démarque de façon remarquable en ce qui a trait à l’éducation et aux programmes universitaires, il pourrait faire beaucoup mieux en matière d’investissement en recherche et développement, et d’adoption de l’innovation, si l’écosystème avait tendance à prendre davantage de risques ».

Heureusement, la performance du Québec dans plusieurs  zones d’innovation, que ce soit en aéronautique, en intelligence artificielle ou encore en quantique, n’est pas sans renforcer l’attractivité de la province auprès des chercheurs et de la relève. M. Hepburn en sait la valeur : « C’est évidemment très important pour attirer le talent, d’ici et de partout. Le talent est très important pour les entreprises, et donc, pour Mitacs. Il manque toujours de talents ! » Il assure également qu’aucune région n’est écartée pour exploiter le talent du Québec à son plein potentiel, « que ce soit à Sherbrooke ou encore plus loin. Nous souhaitons travailler avec tous les pôles d’innovation du Québec, sans exception ni discrimination, de manière bien répartie ! »

Des projets inclusifs de la diversité

Michèle Sawchuck, Quentin Hibon et Tashmia Ismail. (Photo : Chloé-Anne Touma)

Au chapitre des défis liés à l’inclusion de la diversité, Mitacs œuvre aussi pour une meilleure représentation des femmes et des minorités au sein des entreprises et dans le secteur de l’innovation, dont celui des technologies. « 40 % des stagiaires sont des femmes. Nous avons des programmes d’inclusion tels que celui d’Équité, diversité et inclusion (ÉDI) et Parcours autochtones », relate M. Hepburn.

« (…) on ne détient pas encore toutes les clés pour bien travailler avec les populations autochtones. Ce n’est pas évident sur le plan culturel, malgré le fait d’avoir une équipe qui y est dédiée. Il y a encore beaucoup de travail à faire. »

– Quentin Hibon, directeur du développement des affaires chez Mitacs

« N’empêche, on ne détient pas encore toutes les clés pour bien travailler avec les populations autochtones. Ce n’est pas évident sur le plan culturel, malgré le fait d’avoir une équipe qui y est dédiée. Il y a encore beaucoup de travail à faire », de préciser Quentin Hibon, directeur du développement des affaires chez Mitacs. Ayant beaucoup travaillé dans le coin de Manawan, une réserve attikamek située dans la région de Lanaudière au Québec, la directrice de contenu pour l’ADRIQ, Michèle Sawchuck, pense la même chose : « ce sont des communautés que l’on ne voit plus en période de chasse et pêche, ce qui rend les échéanciers des projets bien compliqués à gérer ».

Pour un projet pancanadien en foresterie, impliquant plusieurs acteurs et compagnies, dont des organisations autochtones, Mitacs a justement pour mandat de favoriser la collaboration harmonieuse entre les différents acteurs.

Pour bien coopérer en innovation, Mme Sawchuck estime qu’il faut « développer une amitié » en parallèle, par exemple, en s’intéressant aux produits dont les communautés autochtones faut le commerce, « tels que les bleuets sauvages », à leur mode de vie, et « aller manger chez eux ».

Des capsules vidéo alliant savoirs autochtones et science moderne

Crédit Image à la Une : Nathalie Gingras-Royer, stagiaire Mitacs chez VMware, et Benoît Pelletier, directeur d’Edge et AI Ecosystems chez VMware. (Photo : Chloé-Anne Touma).