Faire de l’intelligence artificielle une alliée éthique de l’éducation

Faire de l’intelligence artificielle une alliée éthique de l’éducation

Alors que des technologies comme ChatGPT soulèvent des inquiétudes en enseignement, l’intelligence artificielle (IA) continue de transformer et de révolutionner ce milieu. L’événement Symposium IA dans l’éducation, organisé le 23 mars par SKEMA Canada, a présenté des façons variées de prendre appui sur les algorithmes et la technologie pour faciliter éthiquement la compréhension et les apprentissages des étudiants.

Cet événement, qui s’est déroulé à Montréal, s’inscrit dans le cadre de l’année de l’innovation France-Québec (AIFQ). L’AIFQ a pour but de « renforcer l’écosystème d’innovation franco-québécois en créant de nouvelles synergies entre universitaires, chercheurs, entreprises et entrepreneurs dans des secteurs économiques innovants, créateurs d’emploi sur les deux territoires. »

Apprendre différemment

Deux projets de Knowledge One ont été présentés lors du Symposium IA dans l’éducation. Knowledge One est une société de service-conseil en apprentissage et en formation en ligne qui offre des solutions d’apprentissage innovantes. Le premier projet, « VR + AI », invite l’usage à rencontrer Isaac Newton dans son bureau grâce à la réalité virtuelle (VR). À l’aide de Chat GPT, l’étudiant peut avoir une conversation complète avec un personnage historique afin d’en apprendre plus sur celui-ci et sur ses découvertes. « VR + AI » est une démo d’outil d’exploration créé en fin 2021.

« La réalité virtuelle touche aussi vraiment aux émotions. Lorsque nous faisons des démos de réalité virtuelle, ça suscite toujours une émotion (chez le public), c’est garanti et instantané. »

– Julieta Galan, directrice en technologie d’apprentissage chez Knowledge One

Pourquoi choisir d’inclure de la VR dans ses cours ? Julieta Galan, directrice en technologie d’apprentissage chez Knowledge One, avance que la VR peut amener l’étudiant à faire de l’apprentissage par expérience et à se retrouver dans des simulations réalistes liées à la matière en question. « La réalité virtuelle touche aussi vraiment aux émotions. Lorsque nous faisons des démos de réalité virtuelle, ça suscite toujours une émotion (chez le public), c’est garanti et instantané », ajoute Mme Galant, qui note que l’émotion peut faciliter des apprentissages.

La VR peut également faire équipe avec l’IA afin d’offrir différents avantages au milieu de l’éducation. L’IA améliore l’engagement des étudiants, rend des outils accessibles, personnalise des travaux et leur rétroaction en plus d’analyser des données afin d’aider les professeurs à prendre des décisions éclairées pour aider leurs étudiants.

Dans cette logique, Ubisoft, l’Université Concordia et Knowledge One ont créé L’odyssée des créateurs de jeux vidéo, une formation de développement et de design de jeux vidéo destinée au niveau universitaire. La formation de 90 heures est amenée sous forme de jeu dans lequel les usagers accumulent des points selon les apprentissages qu’ils ont faits. Les points accumulés servent à obtenir des clés donnant accès à des conseils de membres du milieu professionnel en jeu vidéo. Le jeu et l’IA agissent main dans la main pour créer une formation maintenant l’engagement et l’intérêt de son public.

L’IA pour contrer l’oubli

« Les gens oublient rapidement s’ils ne mettent pas tout de suite en pratique ce qu’ils apprennent », explique Julie Castonguay, cofondatrice et chef de l’expérience utilisateur chez Apprentx. Apprentx a conçu B12, un outil qui vise à diminuer la courbe de l’oubli, à susciter un renforcement des connaissances et à diminuer l’erreur chez ses usagers en augmentant leur confiance personnelle. Par un apprentissage adaptatif et du renforcement personnalisé, B12 envoie de courts exercices aux usagers avec des niveaux de difficulté variés.

Apprentx a travaillé avec le Collège Sainte-Anne de Lachine afin de voir l’efficacité de B12 et d’offrir des outils de révision grammaticale aux étudiants. Au secondaire, l’intégration de différentes notions de français apprises au primaire représente un défi pour de nombreux étudiants. B12 donne aux élèves des exercices adaptés à leurs forces et leurs faiblesses et capables de fournir une correction rapide. Au terme de l’essai, l’apprentissage et la mémorisation des élèves étaient en hausse.

L’outil n’utilise que les données entrées par l’élève même (ses réponses, son taux de confiance estimé) et agit comme assistant pour le professeur afin de l’aider à savoir les notions à réviser en priorité selon les besoins et les résultats de ses élèves.

La pédagogie comme meilleure solution

ChatGPT : un professeur de sciences politiques encourage ses étudiants à l’utiliser

L’IA vient en aide à beaucoup de professeurs, mais ne doit pas être vue comme une solution miracle : « Les outils technologiques ne sont pas des solutions, c’est la pédagogie qui l’est », souligne Chitu Okoli, professeur en digitalisation à la SKEMA Business School. M. Okoli a contribué à la création d’un assistant virtuel, un chat bot, qui répond aux questions techniques des étudiants. Les réponses sont basées en partie sur une FAQ (foire aux questions) mise en place par le professeur. L’assistant virtuel permet une aide rapide et asynchrone aux étudiants.

« Quand on cherche une solution, il faut d’abord chercher la manière la plus simple et la moins technologique pour résoudre le problème. On ajoute de la technologie seulement quand les autres outils ne suffisent pas. » – Chitu Okoli, professeur en digitalisation à la SKEMA Business School

Même si M. Okoli utilise de nombreuses technologies dans son enseignement, il ne croit pas que celles-ci soient la clé du succès : « Je ne me suis jamais dit que j’aimerais intégrer de l’IA dans mes cours. (…) Quand on cherche une solution, il faut d’abord chercher la manière la plus simple et la moins technologique pour résoudre le problème. On ajoute de la technologie seulement quand les autres outils ne suffisent pas », ajoute le professeur.

« Les outils d’aide à la prise de décision deviennent bien trop souvent des outils qui prennent des décisions », dénonce Ollivier Dyens, auteur et co-directeur de laboratoire Building 21, université McGill. Il invite à ne pas démoniser les technologies, mais plutôt à chercher à les démystifier pour les rendre au service de l’apprentissage : « Apprendre, comprendre, ça crée de l’émerveillement pour les jeunes comme pour l’humanité. Il faut créer des environnements physiques beaux et agréables, utiliser les technologies pour explorer les possibilités et être prêts pour les enjeux à venir. »

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Crédit Image à la Une : Roxanne Lachapelle