Intelligence artificielle : des avancées au profit de la musique et du bien commun

Différents projets d’intelligence artificielle (IA) ont été dévoilés le 14 avril, lors de la Conférence IA organisée organisée à l’institut québécois d’intelligence artificielle Mila, en partenariat avec TechAide. Entre les avancées en recherche d’apprentissage automatique, en adaptation technologique et en musique, l’innovation en IA ne tarit pas !

Les travaux des nombreux chercheurs universitaires de Mila, orientées vers la santé, l’environnement, les changements climatiques et l’éthique de l’IA, ont permis de développer des innovations « en langage de modélisation, en traduction automatique, en reconnaissance d’objets et en modèles génératifs ». Leur désir d’orienter la recherche vers le bien commun les a menés à organiser la conférence, dont les profits ont été remis au Centraide du Grand Montréal, un organisme luttant contre la pauvreté et l’exclusion sociale.

« Nous devons prendre la question de la pauvreté très au sérieux parce que, en fin de compte, lutter contre la pauvreté et l’exclusion (…) permet aux gens de vivre dans la dignité et de réaliser leur plein potentiel. »

– Claude Pinard, président et directeur général du Centraide du Grand Montréal

« L’IA devient très puissante, et il est vraiment important que nous trouvions dans son développement des manières de la concevoir qui seront bénéfiques pour tout le monde, en particulier pour ceux qui en ont le plus besoin », lance Yoshua Bengio, fondateur et directeur scientifique de Mila, qui constate la rapidité de l’évolution de l’IA.

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Le président et directeur général du Centraide du Grand Montréal, Claude Pinard, partage ces préoccupations : « Nous devons prendre la question de la pauvreté très au sérieux parce qu’en fin de compte, lutter contre la pauvreté et l’exclusion fait une chose, qui est de permettre aux gens de vivre dans la dignité et de réaliser leur plein potentiel. »

Quand le monde de la musique rencontre celui de l’IA…

L’événement était également l’occasion de présenter le concours AI Song Contest, qui témoigne des retombées positives de l’IA lorsqu’elle devient l’alliée de l’artiste. Organisé par des volontaires issus de différents domaines (ethnomusicalité, composition, écoles de musique variées, etc.), ce concours permet la découverte de nouveaux modes de co-création entre l’IA et l’humain. Depuis sa création en 2020, le bassin de candidats participant à la compétition annuelle s’est élargi, passant de 13 à 46 en seulement deux ans.

« La technologie, l’art, l’artiste et l’audience coexistent ensemble, d’où l’importance d’un dialogue entre ces éléments. »

– Anna Huang, chercheuse scientifique chez Google Brain

En plus de promouvoir des pièces originales, l’AI Song Contest met en lumière les défis que rencontrent les musiciens travaillant avec l’intelligence artificielle, et contribue à la découverte de pistes de solutions à ces enjeux. Par exemple, des logiciels reposant sur l’IA arrivent peu à peu à comprendre le contexte de création d’une œuvre : « C’est vraiment l’humain qui vient fournir ce contexte de création plus large et qui donne la vision artistique de la pièce musicale », explique Anna Huang, chercheuse scientifique chez Google Brain. L’IA peut ainsi générer du matériel, mais souvent, c’est l’humain qui produit et arrange la pièce; l’IA devient un outil créatif qui amène de nouvelles possibilités et facilite certaines tâches.

L’IA rencontre aussi des défis socioculturels, notamment quant à la création et l’expression de concepts plus vagues et abstraits, tels que le Han, une émotion coréenne unique. Les modèles technologiques existants sont surtout entraînés à partir de musique pop orientale, et n’ont qu’un accès limité aux bases de données plus hétérogènes. Pour palier ces différents problèmes, Yaboi Hanoi, gagnant de l’édition 2022 du concours, a créé Audio AI, qui reproduit plus fidèlement les tonalités d’un instrument ou d’une musique traditionnelle que le fait l’IA symbolique, afin de permettre la création d’ensembles transculturels.

Même si le concours gagne en popularité et encourage la présence de l’humain dans le monde musical, certains craignent que de telles initiatives fassent disparaître l’humain de la musique. « On veut vraiment que ce soit un processus de co-création qui inclut l’humain », rappelle Mme Huang, qui note l’importance d’inclure les scientifiques dans les discussions, pour qu’ils puissent construire des modèles répondant aux besoins des artistes plutôt que remplacer leur processus créatif. Elle souligne que « la technologie, l’art, l’artiste et l’audience coexistent ensemble, d’où l’importance d’un dialogue entre ces éléments. »

https://www.cscience.ca/2022/05/02/quand-la-technologie-se-substitue-aux-artistes-pour-creer/

D’autres projets novateurs

Samy Bengio, directeur senior en AI et Recherche en apprentissage automatique chez Apple, a dévoilé que différents projets amènent d’incroyables progrès en apprentissage profond depuis les dernières années. Parmi ces derniers, on compte des modèles de langage de conditionnement automatique, des projets quant à l’approche de pseudo-étiquettes, communément appelées « pseudo labelling », et des recherches testant la capacité de raisonnement des réseaux neutres. « Ces innovations sont très nombreuses et très excitantes. Même s’il y a encore beaucoup de précisions à amener à ces projets, le futur me semble très prometteur », se réjouit-il.

Différents modèles d’adapteurs sont également développés dans le but de permettre une meilleure généralisation et compression des données, en plus d’être hautement efficaces dans le traitement de tâches quelconques. Dans un futur proche, Alessandro Sordoni, chercheur principal à Microsoft Research Montreal, aimerait que ces adapteurs aient de meilleures capacités « de génération, de fusion, d’extraction et de composition ».

Crédit Image à la Une : Roxanne Lachapelle