Retour sur le World Summit AI Americas : entre bénéfices et inquiétudes

Retour sur le World Summit AI Americas : entre bénéfices et inquiétudes

Le World Summit AI Americas était de retour pour sa cinquième édition, qui se tenait au Palais des congrès de Montréal, du 19 au 20 avril, mobilisant l’écosystème en pleine période critique pour l’innovation en intelligence artificielle.

Reportage d’Audréanne Gariépy et Chloé-Anne Touma

L’événement international a réuni près de 3 000 acteurs de l’intelligence artificielle issus des milieux universitaire, gouvernemental et des entreprises technologiques développant ou intégrant l’intelligence artificielle.

Le sommet avait pour visée d’offrir l’opportunité aux leaders du secteur de discuter de sujets brûlants en lien avec l’IA, et de définir le calendrier de l’écosystème.

« Notre ville est une cheffe de file dans plusieurs domaines de pointe, les événements comme le World Summit AI revêtent donc une importance stratégique afin de maintenir notre position dans ces industries. »

– Yves Lalumière, président-directeur général, Tourisme Montréal

« Montréal est une plaque tournante mondiale de l’intelligence artificielle. Nous accueillons chaque année des milliers de chercheurs, d’étudiants et de scientifiques du domaine de l’IA. Notre équipe a donc travaillé très fort pour sécuriser la tenue dans la métropole de l’événement phare annuel de cette industrie, explique Yves Lalumière, président-directeur général, Tourisme Montréal. Notre ville est une cheffe de file dans plusieurs domaines de pointe, les événements comme le World Summit AI revêtent donc une importance stratégique afin de maintenir notre position dans ces industries. »

Des thèmes diversifiés

Photo : Audréanne Gariépy

Les sujets de l’heure

Cette édition misait notamment sur l’éthique et la gouvernance de données, en marge de l’attraction de talents, la santé, la biodiversité et le commerce. « J’ai apprécié l’expérience et le fait que cette fois, on parlait d’éthique et d’encadrement de manière plus concrète », mentionne à CScience Antoine Gagné, exposant, directeur des technologies (CTO) et co-fondateur de Whale Seeker, une startup montréalaise dont les systèmes reposent sur l’IA pour détecter les cétacés.

« L’intelligence artificielle est une technologie dont l’utilisation peut être géniale, mais aussi risquée », a déclaré le scientifique Yoshua Bengio, fondateur de l’Institut québécois en intelligence artificielle Mila, lors de l’ouverture.

« L’intelligence artificielle est une technologie dont l’utilisation peut être géniale, mais aussi risquée. »

– Yoshia Bengio, chercheur et fondateur de l’Institut québécois en intelligence artificielle Mila

En tant que signataire de la lettre ouverte demandant aux représentants politiques canadiens de soutenir le projet de loi C-27 sur l’intelligence artificielle et les données (LIAD), M. Bengio a ajouté que cette mobilisation de l’écosystème, pour discuter des inquiétudes relevées, était « un moment important pour réfléchir aux risques de l’IA et à l’importance de légiférer en la matière ».

Rappelons qu’un sondage réalisé par le Conseil consultatif canadien en matière d’intelligence artificielle indique que « 71 % des participants estiment que l’on peut faire confiance à l’IA si elle est réglementée par les instances publiques dans une mesure adaptée au niveau de risque de l’application ».

En santé

Des échanges ont été menés sur l’IA au service de la médecine personnalisée, avec la Professeure de génie électrique Tal Arbel, qui a abordé les limites et promesses de l’IA en imagerie médicale, en contexte de maladie neurologique comme la sclérose en plaques.

L’IA au bénéfice du don d’organes était également de la discussion, avec le co-fondateur de BIEX Health, Hobivola A. Rabearivelo.

Avec le scientifique Danilo Bzdok, on a planché aussi sur l’élaboration d’algorithmes pour analyser les données relevant du spectre de l’autisme, et mieux en prédire les diagnostics.

L’IA dans les magasins de détail

Photo : Audréanne Gariépy

Jack Klejka, vice-président de la gestion de produits au Ivado Labs et Cari Covent, vice-présidente de l’automatisation intelligente au Canadian Tire, ont expliqué en quoi l’IA pouvait aider une entreprise œuvrant dans le détail.

« Nous voulions vraiment comprendre pourquoi les clients font ce qu’ils font. Nous voulions identifier de nouvelles façons de résoudre les problèmes, et changer les façons de penser. »

– Cari Covent, vice-présidente de l’automatisation intelligente au Canadian Tire

« Nous voulions vraiment comprendre pourquoi les clients font ce qu’ils font. Nous voulions identifier de nouvelles façons de résoudre les problèmes, et changer les façons de penser. Avoir des indices de performance était très important », a expliqué la femme d’affaires.

Photo : Audréanne Gariépy

Mme Covent a également affirmé que l’équipe « utilisait des modèles d’apprentissage-machine pour tout faire, allant de la prédiction des comportements des consommateurs à l’automatisation de recommandations spécifiques pour les clients plus réguliers, afin de comprendre réellement les besoins et désirs de la clientèle et dans le souci de personnaliser son expérience. »

Tout en répondant aux interrogations, la conférence nous amenait à nous questionner quant à la place de l’IA dans un magasin de détail, à savoir si elle profite autant à l’aspect humain qu’au marketing de l’entreprise.

« L’avenir se transforme à mesure qu’on en parle. L’IA générative transforme le commerce de détail », a mentionné Cari Covent.

Plusieurs autres conférences offraient l’occasion à d’autres leaders du domaine de s’attaquer aux questions les plus pressantes en matière d’intelligence artificielle, telles que le manque d’encadrement, et d’établir les priorités mondiales en la matière.

Des startups innovantes

Lors de cet important rendez-vous, on pouvait faire la rencontre de startups innovantes de la métropole, représentées par l’organisme Startup Montréal :

  • Montreal Analytics, une firme de consultation en données infonuagiques spécialisée dans le déploiement de plateformes de données novatrices
  • Shearwater Aerospace : l’IA au service des opérations de véhicules aériens sans pilote (UAV) évolutives, adaptatives et résilientes
  • inpowr : une solution qui améliore et optimise les programmes de santé et de bien-être
  • Whale Seeker : l’IA pour détecter les mammifères marins à partir d’images
  • Mely.ai – Intelligent Document Processing Platform : l’IA au service des entreprises du secteur du transport et de la logistique à accélérer leur parcours de transformation numérique
  • BrainBox AI : l’IA au service de la révolution de la construction écologique, appliquée aux systèmes de chauffage, de ventilation et de climatisation commerciaux
  • Uwear.ai : génère des photos shoots de qualité studio de produits de mode à partir de simples photos des articles.
    Latence Technologies Inc. (Latencetech) : analyse, contrôle et prédit la qualité de service des réseaux 5G et 4G/LTE
  • Happly.Ai : une plateforme alimentée par l’IA qui met en relation des entrepreneurs avec des opportunités économiques en fonction de leur profil unique
  • Nebula Block Data : un fournisseur d’hébergement web3 offrant une infrastructure robuste avec plus de 3000 serveurs et 700 PiB de stockage

À lire également :

https://www.cscience.ca/2023/04/20/intelligence-artificielle-un-sommet-a-montreal-qui-boude-le-francais/

Crédit Image à la Une : Audréanne Gariépy