Lazaruss : une solution technologique innovante pour renforcer la sécurité des puits de mine

Lazaruss : une solution technologique innovante pour renforcer la sécurité des puits de mine

Une entreprise québécoise a créé un outil qui permettra d’automatiser les inspections de puits de mine, une innovation qui fera en sorte de réduire les risques pour les travailleurs et les employeurs de ce secteur économique.

C’est pour faire l’annonce officielle de la commercialisation de son prototype que l’entreprise Point Laz tenait un événement de lancement au Centech, à Montréal, ce lundi. L’équipe ayant travaillé sur l’appareil était présente pour le lancement, de même que des acteurs de l’industrie minière et des partenaires du projet.

Une opportunité à saisir

Le président-directeur général et fondateur de la startup, Alexandre Grenier, a complété une formation universitaire en génie minier. Il a travaillé dans différentes mines avant de choisir de lancer sa propre entreprise. Il explique en entrevue avec CScience que son invention, le Lazaruss, vient du constat qu’il y avait une opportunité d’affaires à saisir en lien avec l’inspection des puits de mine.

« Actuellement, des inspections sont obligatoires chaque semaine pour assurer l’intégrité et renforcer la sécurité des puits de mine. Mais cette opération prend environ huit heures à effectuer (…) On a vu une opportunité de faire les choses plus rapidement, et mieux, en plus d’accumuler des données. »

– Alexandre Grenier, PDG de Point Laz

« Actuellement, des inspections sont obligatoires chaque semaine pour assurer l’intégrité et renforcer la sécurité des puits de mine. Mais cette opération prend environ huit heures à effectuer. Ce sont des mineurs qui vont sur le dessus de la cage pour observer à l’œil nu, avec des lumières, et c’est assez approximatif. On a vu une opportunité de faire les choses plus rapidement, et mieux, en plus d’accumuler des données. »

Ainsi, il a créé l’ébauche d’un appareil qui pourrait faire les mêmes analyses que les employés de la mine chargés d’assurer la sécurité du puits, mais de manière plus efficace et davantage ciblée. Après une première version imprimée en 3 dimensions, d’autres ont suivi, jusqu’à arriver au modèle qui était sur place lors du lancement, le 1er mai.

M. Grenier indique que son invention sera installée « sur le câble du puits de mine et descendue pour faire un scan 3D et visuel, à l’aide de capteurs à télédétection par laser (LIDAR) et de caméras ». Avec les images et le plan tridimensionnel en mains, les entreprises seront en mesure de déterminer s’il y a des défauts structurels et visuels sur la paroi de la mine. « L’équipe de maintenance aura des données qui sont plus précises et pourra prendre de meilleures décisions quant aux travaux à faire, en plus de faire de la maintenance préventive », d’ajouter le PDG de Point Laz. 

Au stade des prototypes

Pour le moment, l’entreprise en est au stade de production de prototypes, et il se pourrait que l’utilisation dans les mines ne soit pas pour tout de suite. « On lance notre produit commercial, donc on commence avec des preuves de concept initiales pour démontrer ce qu’on est capables de faire. Souvent, dans l’industrie minière, le cycle de vente est assez long. Tu ne peux pas juste arriver et vendre au bout d’un mois : il faut que tu collectes des informations avec la minière, que tu fasses des preuves de concept, qu’ils soient intéressés, qu’ils veuillent utiliser ton outil. Éventuellement, tu en viens à faire tes premières ventes. Après, la roue en vient à tourner et les chosent se placent. »

Parmi les entreprises minières qui comptent utiliser le Lazaruss, on compte Agnico Eagle, qui a des mines au Canada, au Mexique et en Finlande, en plus de mener des explorations aux États-Unis et en Colombie. 

Le directeur de l’innovation d’Agnico Eagle, Éric Trudel, indique en entretien avec CScience que le puits de mine doit être en opération le plus longtemps possible afin que l’exploitation d’un site soit rentable pour l’entreprise. Ainsi, cet espace se doit d’être dans le meilleur état possible – aspect qu’il sera plus facile à contrôler grâce à l’invention de Point Laz. « L’avantage du Lazaruss, c’est qu’il va pouvoir identifier les déformations qui se créent sur les parois du puits de mine qui surviennent, étant donné qu’il est assez profond. Un puits peut avoir entre 500m et 1000m de profondeur. Des déformations apparaissent dans le roc. En les voyant avec le Lazaruss, il sera possible d’intervenir en apportant des modifications si les pressions au niveau du roc viennent altérer les guides sur lesquels les cages montent et descendent, ou s’il y a des problématiques relatifs aux services. Parce que les services, tels que l’air, l’eau et la ventilation, passent par ces puits. » 

M. Trudel ajoute que l’un des aspects sur lesquels il compte se concentrer est la précision de l’appareil de Point Laz. « Les guides sur lesquels reposent les cages sont des segments d’environ 10 mètres de hauteur. S’ils ne sont pas bien alignés, cela risque de désengager la cage et de créer des problèmes. La précision est un élément important pour nous. Si nous sommes en mesure d’ajuster la précision du Lazaruss, pour déterminer que les guides sont décalés de 5mm ou plus, il sera possible de prévenir des incidents ou des accidents au niveau du puits de mine, ce qui est important pour nous. » 

Crédit Image à la Une : L’équipe de Point Laz devant le Lazaruss. Auteur de la photo : Gabriel Provost.