EFFERVESCENCE 2023 : Innover et révolutionner la manière d’entrevoir la santé

EFFERVESCENCE 2023 : Innover et révolutionner la manière d’entrevoir la santé

Lancée hier, la quatrième édition du plus important rendez-vous de l’innovation en sciences de la vie et technologies, EFFERVESCENCE, se poursuit aujourd’hui au marché Bonsecours de Montréal.

Des centaines d’invités issus de l’écosystème ont répondu présents à l’événement, considéré comme un incontournable dans le secteur. Lancé en 2019 à l’initiative de Montréal InVivo, EFFERVESCENCE est soutenu par le gouvernement du Québec, ainsi que plusieurs partenaires, dont Génome Québec. Cette année encore, les organisateurs collaborent avec le Conseil québécois des événements écoresponsables – CQEER « pour assurer le respect du développement durable et garantir des opérations responsables », faisant la promotion de saines habitudes alimentaires et de mobilité, recommandant le covoiturage et proposant un menu végétarien. Mais pour être encore plus en phase avec l’actualité et ses urgences, l’événement s’articule autour des thématiques de l’heure : l’usage des données en santé, la pénurie de personnel, l’émergence de nouvelles maladies infectieuses et la résistance aux antimicrobiens.

Le potentiel des données en oncologie

Lors de son atelier sur l’usage de data en oncologie, IQVIA a fait valoir l’intérêt d’utiliser les données globales entourant les patients traités en oncologie, et l’outil RWE. « Le RWE repose sur des données et analyses scientifiques et commerciales fiables à l’échelle du patient. Ce n’est pas tant un outil qui collecte la « big data » qu’un outil de performance et d’analyse (…) Il permet d’avoir un portrait plus détaillé et approfondi du patient, de sa réponse aux traitements et aux médicaments, et soutient le développement clinique pour de nombreuses compagnies, en plus de rendre les campagnes promotionnelles et activités commerciales des praticiens plus efficaces », explique la multinationale américaine, experte des données de santé.

Prévenir l’émergence de nouvelles maladies infectieuses

Table ronde « Deux hommes en or et les infections émergentes ». (Photo : Chloé-Anne Touma)

Une table ronde présentée par l’Université de Sherbrooke et SAGE-Innovation, animée par Patrick Lagacé, abordait les enjeux entourant les changements climatiques et l’émergence d’infections, en compagnie de la présidente de Diex Recherche, Suzie Talbot, du microbiologiste-infectiologue Alex Carignan, du directeur adjoint responsable des études supérieures et de la recherche à l’USherbrooke, également co-fondateur de Tatum Biosciences, Sébastien Rodrigue, de la physiothérapeute Marilyn Bouchard, et du directeur du département de la Faculté de médecine et des sciences de la santé à l’USherbrooke, Louis Valiquette.

Lors des échanges, on a soulevé l’importance de mieux comprendre les écosystèmes et d’anticiper les conséquences de la destruction des habitats naturels de certaines espèces animales en lien avec l’émergence de nombreuses maladies comme la COVID-19, la maladie de Lyme, le virus du Nil occidental, et différents types de virus tels que l’influenza.

« Il y avait une pénurie mondiale, et nous savions que l’Université de Sherbrooke était capable de produire ces réactifs. »

– Simon Lévesque, Professeur au département de microbiologie et d’infectiologie de l’USherbrooke.

Les Dr. Philippe Martin et Simon Lévesque. (Photo prise à partir de la vidéo diffusée sur place)

On a également présenté le témoignage des Dr. Philippe Martin et Simon Lévesque, professeurs au département de microbiologie et d’infectiologie de l’USherbrooke, quant à la réactivité de leur université pour répondre à la demande au début de la pandémie de COVID-19 : « Malheureusement, tout le monde sur la planète voulait la même chose, soit des réactifs pour faire des tests, mais il n’y en avait plus. Le Ministère de la Santé a décidé de nous envoyer des centaines de tests à travers le Québec. Grâce à l’Université, en moins de 24 h, on savait qu’on avait des gens compétents juste à côté, qui nous ont fabriqué tous les ingrédients pour être capables de faire des tests et nous sortir du début de la pandémie », a relaté le Dr. Martin. « Il y avait une pénurie mondiale, et nous savions que l’Université de Sherbrooke était capable de produire ces réactifs. (L’équipe) a développé un mélange spécial, qu’on a baptisé le ‘SHERBY-20‘ en réponse à la COVID-19 », a complété le Dr. Lévesque.

C’est en collaboration avec les chercheurs Bruno Lemieux et Mathieu Durand, et à l’aide de la plateforme de purification de protéines de la FMSS, que les enzymes nécessaires pour continuer à produire des tests diagnostiques ont été fabriqués.

La génomique pour combattre une grande menace

Philippe Régnoux animant la table ronde sur la génomique, en compagnie de ses invités, le fondateur de l’Institut de biologie intégrative et des systèmes (IBIS), Roger C. Levesque (à gauche) et le micobiologiste Yves Brun (à droite). (Photo : Chloé-Anne Touma)

Qu’est-ce que la résistance aux antimicrobiens (RAM) ? C’est la capacité d’une bactérie à résister aux effets des antibiotiques. C’est aussi, accessoirement, l’une des dix principales menaces pour la santé publique à l’échelle planétaire…

26 %, c’est la proportion d’infections bactériennes attribuables à la résistance aux antimicrobiens, au Canada.

Atteignant aujourd’hui 26 % des infections bactériennes au Canada, et exerçant toute une pression sur le réseau de la santé, la RAM ne concerne pas que la santé humaine, puisque son évolution dépend également de la santé animale et de la qualité de l’environnement.

Quel est le rôle déterminant de la génomique dans la lutte contre la RAM ? Quels outils diagnostiques et mesures préventives permet-elle de mettre en place pour la découverte de nouveaux traitements et thérapies ? Ce sont les questions auxquelles ont répondu les invités de la table ronde animée par nul autre que Philippe Régnoux, directeur de publication de CScience.

Les panélistes ont notamment abordé l’approche holistique « One Health » (une seule santé) pour briser les silos sectoriels et mieux prendre en charge la RAM.

« Avec l’intelligence artificielle, on peut prédire contre quelles molécules des souches actuelles seront résistantes. Des outils comme ChatGPT seront très utiles pour sauver du temps dans l’analyse de la résistance aux antimicrobiens. »

– Roger C. Levesque, fondateur de l’Institut de biologie intégrative et des systèmes (IBIS)

« Avec l’intelligence artificielle, on peut prédire contre quelles molécules des souches actuelles seront résistantes. Des outils comme ChatGPT seront très utiles pour sauver du temps dans l’analyse de la résistance aux antimicrobiens », amène le fondateur de l’Institut de biologie intégrative et des systèmes (IBIS) de l’Université Laval, Roger C. Levesque, qui somme les gouvernements d’investir dans la recherche en thérapie génique.

Frédéric Leduc répond à une question de CScience. (Photo : CScience)

Questionné par CScience à savoir s’il ne devrait pas y avoir davantage d’études, de suivi et d’investissements consacrés aux patients aux prises avec des maladies autoimmunes depuis leur vaccination contre la COVID – puisqu’on constate une recrudescence de cas de maladies autoimmunes, M. Lesvesque répond qu’il « a vu passer cela un peu partout dans la littérature scientifique. Dans ce cas, il faut se questionner quant à savoir si les symptômes sont ceux du vaccin, ou bien de la COVID longue qui commencent à apparaître, lorsque le système immunitaire réagit ? »

« Mais de l’autre côté, il existe un paquet de virus qui déclenchent des maladies autoimmunes, et donc, dans cette optique, on privilégie les bénéfices qu’apporte la prévention via les vaccins aux effets à risque. »

– Frédéric Leduc, chef de la direction scientifique chez EVAH Corp

« On développe des vaccins, alors c’est sûr que je comprends le point de vue que certains vaccins peuvent avoir des conséquences pour un certain groupe de personnes, mais c’est monitoré de façon agressive », a quant a lui soutenu Frédéric Leduc, chef de la direction scientifique chez EVAH Corp. « C’est sûr que l’approbation de plusieurs de ces produits est surveillée pour leurs effets à long terme. Mais de l’autre côté, il existe un paquet de virus qui déclenchent des maladies autoimmunes, et donc, dans cette optique, on privilégie les bénéfices qu’apporte la prévention via les vaccins aux effets à risque. C’est à prendre en considération, ce n’est ni tout blanc, ni tout noir, et on a 100 ans d’expérience en vaccination pour dire que c’est probablement la meilleure innovation de l’humanité », de défendre le PDG.

https://www.cscience.ca/2023/05/05/editorial-lune-des-plus-grandes-menaces-planetaires-nest-pas-celle-que-vous-croyez/

L’IA pour répondre aux enjeux de main-d’œuvre

Une panoplie d’autres activités et exposants enrichissent la programmation de l’événement, incluant le kiosque réservé à l’Institut québécois d’intelligence artificielle – Mila, dans l’ « Espace IA-Santé », tenu par ses conseillères principales, Allison Meyssonnier et Dominique Talbot, qui aujourd’hui encore attendent les intéressés désireux de s’informer sur la façon dont l’intelligence artificielle peut résoudre les problèmes de productivité et de pénurie de main-d’œuvre en santé.

Allison Meyssonnier et Dominique Talbot au kiosque de Mila. (Photo : LinkedIn)

Crédit Image à la Une : Chloé-Anne Touma