Maladies oculaires : IRIS et Diagnos lancent une solution d’IA innovante pour leur dépistage

Maladies oculaires : IRIS et Diagnos lancent une solution d’IA innovante pour leur dépistage

Mercredi dernier, le groupe visuel IRIS et la compagnie montréalaise Diagnos, spécialisée en détection précoce de problèmes de santé graves grâce à l’intelligence artificielle (IA), ont lancé IRIS-ia. Cette nouvelle technologie vient en aide aux optométristes afin de permettre une détection plus précise et plus rapide de différentes maladies oculaires.

IRIS-ia utilise l’IA pour analyser les images rétiniennes prises lors de rendez-vous en clinique d’optométrie. « Avec Diagnos, cette photo est préanalysée par l’IA qui va nous fournir à nous, les optométristes, une image rehaussée qui permet de visualiser plus facilement et plus rapidement des anomalies qui seraient liées à des maladies oculaires, comme la rétinopathie diabétique ou hypertensive, par exemple », explique Dre Jahel St-Jacques, optométriste et vice-présidente des affaires professionnelles et des relations partenaires chez IRIS.

« C’est tout à fait nouveau comme outil d’aide à la décision pour les optométristes. »

– Yves-Stéphane Couture, vice-président de Diagnos

Une technologie révolutionnaire

Éric Babin de chez Iris. (Photo : Jonathan Bordeleau)

Le vice-président de Diagnos, Yves-Stéphane Couture, souligne le côté innovateur d’une « plateforme qui est multimaladie en première ligne (…) pour une population générale. C’est tout à fait nouveau comme outil d’aide à la décision pour les optométristes. »

Le projet, qui a débuté vers 2021, a fait le dépistage de près de 14 000 patients dans un peu plus d’une dizaine de cliniques. Une trentaine d’optométristes ont participé au développement de cette technologie en révisant et en encadrant l’analyse de l’IA, afin de continuellement réentraîner les algorithmes et de permettre un résultat de plus en plus précis. « Dans les objectifs du projet, nous avons toujours cherché à obtenir des taux de sensibilité, de spécificité et de (précision) qui sont au-dessus de 90%, et nous avons atteint ces chiffres-là », affirme Yves-Stéphane Couture.

À l’heure actuelle, IRIS-ia est implantée dans un peu plus d’une vingtaine de cliniques IRIS à travers le Québec et le Canada. Le déploiement général de cette technologie, qui a bénéficié de subvention d’INVEST-AI d’IVADO Labs (une initiative financée par le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie du Québec), se poursuit et vise à arriver dans 150 cliniques au cours des prochains mois.

L’importance de la localité

« L’objectif de notre projet était simple : c’était d’avoir une technologie analysant des images, annotées par des optométristes locaux, de patients venant du Québec et du Canada », résume M. Couture. L’importance de cette démarche s’explique par la physiologie qui diffère selon les populations et leur environnement.

« (IRIS-ia) tient compte de ces spécificités de la population, que ce soit au niveau des maladies, du groupe d’âge, de la provenance régionale du patient. » – Yves-Stéphane Couture, vice-président de Diagnos

Certaines particularités au niveau de la rétine peuvent varier selon l’ethnicité, le style de vie et la provenance du patient. Ainsi, plusieurs dépistages menés à travers le monde par Diagnos, dont en Asie, en Amérique du Sud et au Moyen-Orient, ont permis de constater ces différences physiologiques. IRIS-ia « tient compte de ces spécificités de la population, que ce soit au niveau des maladies, du groupe d’âge, de la provenance régionale du patient », entre autres, note le vice-président de Diagnos.

Si IRIS-ia contribue à faciliter le diagnostic de maladies oculaires, cette technologie peut aussi être une aide à la détection d’autres types de maladies : « en tant qu’optométriste, c’est-à-dire en tant que professionnelle de la vision de première ligne spécialiste en santé oculaire, je n’ai ni les compétences ni l’autorisation de diagnostiquer certaines maladies comme le diabète ou l’hypertension. IRIS-ia permet de voir s’il y a une maladie oculaire possiblement liée à une maladie systémique », lance Mme St-Jacques. Ceci permet à l’optométriste de diriger au besoin le patient vers un médecin ou vers un ophtalmologiste, c’est-à-dire un médecin spécialiste de l’œil et de la vision.

IRIS-ia, main dans la main avec l’humain

« L’IA a souvent mauvaise presse, on en entend beaucoup parler ces temps-ci. Le processus fait dans cette collaboration entre IRIS et Diagnos ne laisse pas l’IA à elle-même : elle est révisée et approuvée par un professionnel de la vision, et est constamment en réentrainement et en supervision », mentionne Mme St-Jacques. Elle précise également que CARA, une plateforme de Diagnos, est approuvée par différentes autorités éthiques dans le monde, dont Santé Canada et le FDA.

« On n’utilise pas l’IA pour remplacer le professionnel. C’est vraiment un outil supplémentaire pour permettre aux optométristes de dépister des anomalies plus rapidement et plus efficacement. »

– Dre Jahel St-Jacques, optométriste et vice-présidente des affaires professionnelles et relations partenaires chez IRIS.

Yves-Stéphane Couture indique lui aussi la rigueur du processus d’entrainement de cette technologie innovatrice : « il s’agit d’un processus supervisé. Nous prenons des images, réentraînons les algorithmes, partageons de manière transparente les données avec IRIS qui a mis sur place un comité afin de représenter les optométristes. (…) Nous allons continuer ce processus très rigoureux de partage d’information. »

Dans cette idée de faire d’IRIS-ia une technologie éthique et responsable, l’IA est vue comme une aide à l’humain : « On n’utilise pas l’IA pour remplacer le professionnel. C’est vraiment un outil supplémentaire pour permettre aux optométristes de dépister des anomalies plus rapidement et plus efficacement. (Ceci permet aux) optométristes de rehausser les standards de pratique et de rehausser la qualité des soins et l’expérience des patients pour leur bénéfice », énonce Mme St-Jacques.

https://www.cscience.ca/2023/05/10/intelligence-artificielle-un-appel-a-la-responsabilite-de-tous/

Crédit Image à la Une : Harry Quan