On le sait, la fracture numérique ne se limite pas à l’accès aux technologies. Elle englobe aussi l’accessibilité aux contenus en ligne pour les personnes en situation de handicap. Pour les malvoyants ou personnes atteintes de cécité totale, les sites Web dépourvus de compatibilité avec les lecteurs d’écran présentent un obstacle majeur, de même que les personnes sourdes ou malentendantes rencontrent des difficultés à naviguer sur des plateformes qui ne proposent pas de sous-titres ou de traductions en langue des signes. Voici cinq exemples d’innovations, sociales et technologiques, qui rendent le Web plus inclusif des personnes souffrant d’un handicap auditif ou visuel.
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Pour les personnes malvoyantes ou aveugles
1. Les lecteurs d’écran
Recommandé à la rédaction par un utilisateur non-voyant, JAWS (Job Access With Speech) est l’un des lecteurs d’écran les plus populaires pour PC, offrant un support vocal et braille de qualité pour lire les textes affichés à l’écran, bien qu’il soit assez coûteux, avec un prix atteignant les quatre chiffres.
Un logiciel dit « open source » est un logiciel informatique publié sous une licence dans laquelle le détenteur du droit d’auteur accorde aux utilisateurs le droit d’utiliser, d’étudier, de modifier et de distribuer le logiciel et son code source à toute personne et à toutes fins.
NVDA (NonVisual Desktop Access), quant à lui, est un lecteur d’écran gratuit et open-source pour Windows, développé par l’organisation australienne à but non lucratif NV Access. Il permet aux personnes aveugles ou malvoyantes d’utiliser des ordinateurs de manière autonome en leur fournissant un retour vocal ou en braille sur ce qui est affiché à l’écran.
Les deux outils, largement utilisés dans le monde, sont également recommandés par l’Institut Nazareth et Louis-Braille au Québec, réputé pour ses services en réadaptation des personnes souffrant d’une déficience visuelle, et dont l’un des rôles est de conseiller et former les utilisateurs quant au recours à des technologies qui répondront le plus adéquatement possible à leurs besoins.
2. Du contenu déjà adapté
Le Service québécois du livre adapté (SQLA) de BAnQ (Bibliothèque des Archives nationales du Québec) offre un service direct à tous les Québécois ayant une déficience perceptuelle. Les abonnés ont accès à une large collection de titres en braille, de livres audio adaptés et de films québécois en vidéodescription, le tout en français.
Il existe également une multitude d’offres de livres audio, comme celle de la bibliothèque du site litteratureaudio.com, répertoriant pas moins de 9 000 livres audio gratuits dans une variété de genres, incluant des classiques et biographies.
Pour les personnes sourdes, malentendantes ou muettes
3. SignAll
Fondée sur l’intelligence artificielle, SignAll est une innovation technologique qui combine des gants spéciaux, des capteurs et un système de captation et de vision par ordinateur pour traduire la langue des signes en texte ou en paroles, en temps réel. L’entreprise vise à combler le fossé de communication entre les personnes sourdes et/ou muettes, et celles qui n’ont pas de compétences en langue des signes, cette fois en permettant aux principaux concernés de se faire comprendre.
Bien qu’elle ne traduise qu’en anglais, elle constitue une grande avancée visant à améliorer la communication dans des contextes variés, comme les services publics, l’éducation et les interactions quotidiennes, rendant les contenus et les services en ligne plus accessibles aux personnes sourdes.
Le système dépend de centaines d’algorithmes personnalisés d’apprentissage automatique pour analyser les diverses informations obtenues à travers la captation par caméras et capteurs, analysant les mouvements et micro-expressions du visage. « L’une des solutions pour lesquelles le système SignAll se démarque concerne la reconnaissance des expressions faciales, par exemple le fait de ‘savoir’ si quelqu’un hausse les sourcils », explique Zsolt Robotka, fondateur et PDG de SignAll Technologies.
4. Des avatars qui traduisent en langue des signes
Certains développeurs et chercheurs mettent au point des avatars supposés traduire du texte en langue des signes. Si les avancées à ce jour n’en sont encore qu’aux balbutiements, ces avatars sont déjà en mesure d’épeler les mots en langue des signes, bien qu’on leur reproche de manquer de fluidité et d’utilité concrète.
Pensons à l’application payante « Hand Talk », ou encore au nouveau modèle de langage SignLLM, en cours de développement, dont les débuts sont encourageants selon Melissa Malzkuhn, professeur enseignant à l’Université Gallaudet de Washington, une institution pour les sourds et malentendants.
Pour les deux groupes
5. Les Web Content Accessibility Guidelines (WCAG)
Les WCAG sont les recommandations d’un guide élaboré par le World Wide Web Consortium (W3C) pour rendre le contenu Web plus accessible, notamment, aux personnes souffrant d’un handicap visuel ou auditif. Les lignes directrices couvrent des aspects comme la perception du contenu, la navigation et l’interaction, en proposant des critères mesurables.
Les WCAG sont largement adoptées comme normes de référence mondiale pour l’accessibilité du Web, et sont utilisées par les entreprises, gouvernements et développeurs pour garantir que leurs sites soient accessibles à tous.