Agriculture cellulaire : propulser la recherche et l’innovation au Québec

Agriculture cellulaire : propulser la recherche et l’innovation au Québec

Quels acteurs de l’écosystème de la recherche propulsent l’innovation en alimentation cellulaire, au Québec et dans le reste du Canada? Second reportage du dossier thématique mené par CScience sur l’agriculture cellulaire, propulsé par le Fonds de recherche du Québec.

La réduction de l’élevage à l’échelle mondiale pourrait contribuer à instaurer un modèle agricole plus durable. Si, pour certains, cela passe par une diminution de la consommation mondiale de viande, ou encore par l’introduction de substituts et de produits artificiels, pour d’autres, enclins à l’innovation dernier cri en matière de technologies de pointe, cela pourrait bien passer par l’agriculture cellulaire, une nouvelle façon de penser l’alimentation, en recherche et en innovation, ouvrant la voie à des solutions durables, aujourd’hui et pour les générations à venir.

Le Québec : un hub d’innovation

« Au Québec, l’innovation en agriculture cellulaire est soutenue par des investissements substantiels dans les initiatives de technologie agricole et de recherche. La province met l’accent sur l’intégration de technologies de pointe comme la fermentation de précision et l’agriculture en environnement contrôlé. Le Québec favorise également les partenariats public-privé pour faire progresser l’agriculture cellulaire et adapte ses cadres réglementaires pour soutenir ces innovations tout en maintenant la durabilité environnementale », relate Julie Daigle, directrice régionale pour le Québec et porte-parole francophone du Réseau canadien d’innovation en alimentation (RCIA).

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Les acteurs du financement de la recherche

La province est en effet très active sur le plan de la stimulation de la recherche et de l’innovation en matière d’agriculture durable. Pensons aux récentes subventions totalisant près de 5,7 M$, octroyées par le Fonds de recherche du Québec, volet Nature et technologies, et le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ), aux projets qui seront financés sur trois ans dans le cadre du troisième concours du Programme de recherche en partenariat – Agriculture durable. Ces initiatives seront menées dans le cadre de la programmation scientifique du Réseau québécois de recherche en agriculture durable (RQRAD), acteur très impliqué dans un écosystème niche où peu d’organismes publics de référence se démarquent.

Démystifier l’agriculture cellulaire : entre promesses et défis d’acceptabilité

Les acteurs de la recherche en durabilité des sols

Si le RQRAD ne considère toutefois par l’agriculture cellulaire comme étant dans son champs de recherche, c’est parce qu’il se concentre sur les deux premiers objectifs du Plan d’agriculture durable (PAD), soit la réduction des pesticides, puis la conservation et la restauration de la santé des sols agricoles, ce qui fait en sorte que les productions animales ne fassent « pas partie de sa programmation de recherche », explique sa porte-parole Denise Bachand à la rédaction de CScience.

Les acteurs de la communauté de recherche universitaire ciblant l’agriculture cellulaire

D’autres institutions s’y consacrent, telles que l’Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels de l’Université Laval (INAF), et son Pôle bioalimentaire, qui s’illustrent dans la recherche dédiée à l’émergence de solutions durables visant à accélérer la transition vers des systèmes alimentaires innovants et résilients, comme l’agriculture cellulaire. Soutenu financièrement par le Fonds de recherche du Québec-Nature et technologies (FRQNT), ce Pôle réunit les forces vives de différents regroupements stratégiques du Québec, avec pour objectif de répondre aux diverses problématiques alimentaires de la société.

Mme Bachand évoque le projet de maîtrise de Sylvain Djatio Tchoupou, en sciences de la consommation à l’Université Laval, portant sur l’acceptabilité de la viande in vitro selon une approche psycho-expérimentale. Financé par le centre Nutrition, Santé et Société (NUTRISS) de l’Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels (INAF), et par le département d’économie agroalimentaire et des sciences de la consommation de l’Université Laval, le projet consiste à mesurer l’acceptabilité et la volonté de consommer de la viande ainsi générée, puis à « faire progresser la connaissance et la compréhension des dimensions et des déterminants de l’acceptabilité de la viande in vitro, afin notamment d’estimer la potentielle valeur de marché d’une telle innovation ».

Des ressources pour stimuler l’innovation entrepreneuriale

Également membre du Comité orientation et transfert (COT) de l’INAF, Julie Daigle rappelle que le RCIA, dont elle est DG du volet Québec, met sa plateforme YODL à disposition de ses membres (fabricants, transformateurs, opérateurs, distributeurs, détaillants, services alimentaires, entreprises technologiques, etc.) pour trouver de nouveaux partenaires, des ressources et possibilités de financement pour développer leur entreprise alimentaire.

Le Canada : des projets qui propulsent l’agriculture cellulaire

Au Canada, où l’on prévoit que l’industrie alimentaire a le potentiel de prendre 12,5 milliards de dollars de ce marché, tout en créant jusqu’à 142,000 emplois bien rémunérés, divers programmes et initiatives, comme celles financées par le Centre de la recherche et de l’innovation en alimentation (CFIN) et le programme des supergrappes d’innovation, jouent un rôle clé en soutenant la recherche, le développement et la commercialisation de nouvelles technologies alimentaires.

« Le CFIN offre des programmes de financement et facilite la collaboration entre les intervenants de l’industrie, les chercheurs et les organismes gouvernementaux pour faire progresser les technologies de l’agriculture cellulaire. Le CIP, dans le cadre de l’Initiative des supergrappes d’innovation du Canada, fournit des ressources et de l’expertise pour aider les entreprises à développer et à commercialiser d’autres sources de protéines, y compris l’agriculture cellulaire. Les deux organisations encouragent les partenariats entre l’industrie, le milieu universitaire et les établissements de recherche afin de stimuler l’innovation et de commercialiser de nouveaux produits », précise Julie Daigle.

La porte-parole du RCIA et DG pour Québec mentionne des centres clés pour l’avancement de l’agriculture cellulaire, tels que le Centre Verschuren et Cultivé B. Le Centre Verschuren, situé en Nouvelle-Écosse, propose des installations de pointe pour la recherche et la commercialisation des technologies d’agriculture cellulaire. Quant à Cultivé B, il agit comme un incubateur pour start-up, offrant mentorat, financement et accès à des infrastructures spécialisées, tout en facilitant les connexions avec des experts et des investisseurs pour soutenir la croissance des entreprises du secteur.

« De plus, des entreprises comme New Harvest et CULT Food Science jouent un rôle essentiel dans l’avancement de l’agriculture cellulaire au Canada grâce à des rôles complémentaires. New Harvest soutient la recherche et l’innovation canadiennes en agriculture cellulaire depuis 2016, en finançant des projets scientifiques et en favorisant une communauté de chercheurs et de défenseurs canadiens. CULT Food Science, par l’intermédiaire de ses investissements et de son soutien stratégique, aide les jeunes entreprises canadiennes à développer, à faire évoluer et à commercialiser leurs technologies d’agriculture cellulaire. En concentrant leurs efforts au Canada, les deux organisations contribuent à façonner un écosystème robuste, qui stimule la croissance et l’adoption de méthodes de production alimentaire durables dans le contexte canadien. »

[Dossier] Agriculture cellulaire : un modèle alimentaire durable et novateur

Crédit Image à la Une : Unsplash